Dialogue national : La demande pressante des partis politiques

23/12/2024 mis à jour: 15:31
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Photo : D. R.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, répondra-t-il favorablement à l’appel des partis politiques qui demandent la tenue «dans les plus brefs délais» d’un dialogue national sans exclusif, et ce, dans le but de garantir «la cohésion de la nation et la pérennité de l’Etat». Le Rassemblement national démocratique (RND), le Front des forces socialistes (FFS), le Parti des travailleurs (PT), le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Mouvement Ennahda ainsi que d’autres formations politiques pensent qu’il y a «urgence» à amorcer dans l’immédiat le dialogue national et l’ouverture d’un large débat avec l’ensemble des acteurs politiques et personnalité nationales.

Le 17 septembre dernier, dans son discours d’investiture, le chef de l’Etat a annoncé l’organisation d’un dialogue national avec l’ensemble des forces vives du pays, politiques, économiques et la jeunesse pour construire une véritable démocratie. «Un dialogue national ouvert sera lancé, nous permettant de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent», a expliqué le Président.

M. Tebboune a précisé, à l’occasion d’une entrevue avec les représentants de la presse nationale, que le dialogue national annoncé aura lieu fin 2025-début 2026, soit après la révision des lois relatives aux organes de l’Etat moderne , à l’instar des codes communal et de wilaya. Comme il a esquissé ses attentes à travers ce dialogue qui doit être préparé, car «lié à l’avenir des générations montantes», et qu’il a pour vocation «à immuniser l’Algérie des ingérences étrangères et à contrecarrer les tentatives visant à semer la fitna» en Algérie.

Il a souligné que ce dialogue sera précédé par nombre de priorités en lien avec l’économie nationale «en vue de mettre l’Algérie à l’abri des soubresauts économiques et politiques que connaît le monde, avant de passer à l’étape de l’édification de la démocratie véritable». Aujourd’hui les développements politiques qui s’accélèrent au niveau régional et international, notamment au Moyen-Orient et particulièrement en Syrie avec leurs dimensions géopolitiques et sécuritaire dictent, de l’avis des partis politiques, une anticipation pour une ouverture d’un dialogue national.

Le secrétaire général du RND, Mustapha Yahi, demande au chef de l’Etat d’«avancer» la date du dialogue national. «Nous sommes un parti politique et nous avons établi un diagnostic de la situation qui prévaut à l’échelle régionale et internationale. Les changements qui s’opérèrent à ce niveau dictent la tenue d’un dialogue national dans les plus brefs délais», explique Belkacem du RND. Le PT adhère à cette démarche.

Un débat public large et ouvert

Ramdane Taazibt, cadre du parti, estime que «tout retard pris dans ce cours nécessaire et urgent peut fragiliser le pays et le rendre vulnérable. La démocratie véritable est la voie pour immuniser le pays contre tous les plans visant sa souveraineté et son intégrité». Le PT qui n’a pas cessé d’appeler à des mesures d’apaisement et à l’ouverture du champ politique et médiatique et au respect effectif des libertés fondamentales pense qu’il «faut lancer des concertations et ouvrir un débat public avec les partis, les syndicats et la population concernés par toutes les questions nationales et internationales dans les salles et en présence des médias».

Ahmed Sadok, chef du groupe parlementaire du MSP, rappelle que son parti était le premier à avoir appelé à la nécessité d’«avancer» la date de ce dialogue. «Il y a une multitude de questions qui nécessitent un examen et un dialogue en urgence, afin de parvenir à un consensus national et de couper la route aux éventuelles pressions étrangères», observe-t-il. Aussi pour notre interlocuteur, le lancement rapidement du dialogue est nécessaire «pour concevoir une vision commune de l’Algérie de demain», basée sur une entente «autour d’une idée qui pourrait être le commencement de l’édification d’une Algérie prospère et stable.

Car la situation géopolitique actuelle montre que quelles que soient les alliances qui peuvent exister, les dangers persistent. C’est pourquoi, il faut aller vers un dialogue national solide pour assurer une cohésion de la société». Atmane Mazouz, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), rappelle que la force de la nation réside dans l’union entre le peuple et ses institutions légitimes. «Posons ensemble les bases d’un dialogue ouvert et constructif.

Aujourd’hui, la balle est dans le camp du pouvoir.» Mohamed Douibi, chef de file du Mouvement Ennahda, a insisté sur la nécessité d’«avancer» le délai de la tenue du dialogue national, lequel «renforcera le front intérieur et favorisera la dynamique nationale, politique, économique, culturelle et sociale, porteuse du message d’une Algérie sûre, stable et prospère, qui préserve les droits et les libertés individuelles et collectives, une Algérie souveraine dans ses décisions ».

Le Front de libération nationale (FLN) reste fidèle à ses principes. Nadir Boulegroune, chargé de communication au sein du parti, indique que «le FLN est en faveur de l’instauration d’un dialogue et d’un débat national, seulement la date de sa tenue relève des prérogatives du président de la République».

Par ailleurs, le FFS qui était aussi parmi les premiers à appeler à un dialogue estime que les autorités, face à l’aube des bouleversements géostratégiques majeurs que connaît le monde, doivent d’abord installer un climat de détente et de paix. «La libération de tous les détenus politiques et d’opinion et la levée de toutes les restrictions imposées aux libertés et aux acquis démocratiques doivent être le tremplin à toute initiative sérieuse et constructive», plaide Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du parti.

 

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