Demande sud-africaine de mesures conservatoires contre le génocide à Ghaza : Israël ignore les injonctions de la CIJ

21/03/2024 mis à jour: 02:08
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Photo : D. R.

Dans sa réponse à la nouvelle demande sud-africaine, devant la CIJ (Cour internationale de justice),  de mesures conservatoires additionnelles contre le génocide à Ghaza, l’Etat hébreu s’est contenté de s’attaquer de manière virulente à Pretoria, en qualifiant la requête de «scandaleuse» et «répugnante». Il fait le déni des neuf injonctions décrétées par la CIJ le 26 janvier et réaffirmées  le 16 février dernier par cette haute juridiction onusienne.

Israël a qualifié la requête sud-africaine d’indication des mesures provisoires additionnelles, déposée auprès de la CIJ (Cour international de justice), de «très inhabituelle de par sa date, si proche des demandes précédentes et  par son ton belliqueux et offensif».

Dans sa réponse à cette demande, déposée le 6 mars dernier, auprès de la Cour, l’Etat hébreu et comme à son accoutumée s’en est pris violemment à l’Afrique du Sud, sans apporter d’arguments aux accusations sur lesquelles s’est basée Pretoria pour revenir à la charge et demander, une seconde fois, des mesures conservatoires additionnelles, pour «protéger» les Palestiniens du «génocide et empêcher qu’il se produise».

Rendues publiques par la Cour, les observations de l’Etat hébreu sont articulées autour de trois principaux points, axés principalement sur des attaques virulentes à l’égard de l’Afrique du Sud, qui dit-il, «a déposé sa troisième demande de mesures conservatoires en l’espace de moins de dix semaines».

Pour lui, «cette nouvelle demande est non seulement très inhabituelle de par sa date, si proche des demandes précédentes, mais elle est également inhabituelle de par son ton belliqueux et offensif. Les accusations qui y sont formulées sont scandaleuses et catégoriquement rejetées.

Tout comme la requête de l’Afrique du Sud qui a introduit la présente procédure, elles sont totalement infondées en fait et en droit, moralement répugnantes et représentent un abus à la fois de la convention sur le génocide et de la Cour elle-même».

L’entité sioniste parle d’une chronologie de l’affaire  «qui en dit long sur l’approche belliqueuse et fallacieuse de l’Afrique du Sud», puis rappelle le dépôt, le  29 décembre 2023, de la requête introductive d’instance sud-africaine, auprès de la CIJ,  «alléguant» des violations des dispositions de la Convention sur le génocide.

«La requête contenait une demande à la Cour d’indiquer neuf mesures conservatoires, dont les plus extrêmes constituaient une tentative juridiquement et moralement insoutenable d’empêcher Israël d’exercer son droit naturel de se défendre contre l’attaque terroriste sans précédent à laquelle il est confronté depuis les atrocités du 7 octobre 2023 et d’obtenir la libération des personnes suivantes et d’obtenir la libération des otages détenus à Ghaza.»

Dans ses observations, Israël fait le déni des six mesures conservatoires que la CIJ, lui a ordonnées le 26 janvier.  La Cour,  faut-il le rappeler,  avait estimé que «toutes les conditions étaient réunies» pour indiquer des mesures conservatoires, «dans l’attente d’une décision définitive», ajoutant que  «certaines mesures visent à protéger les droits revendiqués par l’Afrique du Sud» qu’elle a jugés plausibles et en a ajouté d’autres.

Ainsi, la CIJ a ordonné à l’Etat hébreu de «prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Ghaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de la convention, en particulier le meurtre, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, des mesures visant à entraver les naissances, de veiller  avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun de ces actes et de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à Ghaza».

Les neuf ordres de la CIJ non respectés

Elle lui a fait, également,  injonction «de prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de Ghaza, pour prévenir la destruction et assurer la conservation des éléments de preuve relatifs aux allégations d’actes entrant dans le champ d’application des articles II et III de la convention sur le crime de génocide commis à Ghaza, de soumettre à la Cour un rapport sur l’ensemble des mesures qu’il aura prises pour donner effet à la présente ordonnance dans un délai d’un mois».

Non seulement, Israël n’a pas respecté les injonctions de la CIJ, mais poursuit à ce jour,  son entreprise génocidaire, dont le bilan des victimes est passé depuis le 26 janvier  de 22 000 morts à plus de 31 500, et de 60 000 blessés à plus de 73 000,  sans compter les destructions et la famine qui s’est désormais installée à Ghaza.

Israël affirme, en outre, que la CIJ a «souligné dans son ordonnance  qu’elle était gravement préoccupée par le sort des otages enlevés le 7 octobre 2023 et détenus depuis lors par le Hamas et d’autres groupes armés, et qu’elle demandait leur libération immédiate et inconditionnelle».

Pourtant dans ce document de 29 pages, la Cour s’est contentée de rappeler les plaidoyers et les attendus des deux parties et de conclure par la décision qu’elle a prise.

Aucun mot. Mais Israël estime que «l’appel est resté lettre morte» puis a conclu en accablant l’Afrique du Sud en disant : «A  ce jour, 134 otages – des femmes, des hommes et des enfants, y compris des nourrissons – restent brutalement en captivité à Ghaza.

L’absence de mesures perceptibles de la part de l’Afrique du Sud pour user de son influence auprès de son allié le Hamas afin de faciliter leur libération en dit long sur les motivations qui sous-tendent les actions de l’Afrique du Sud et sur la nature de sa prétendue préoccupation pour la vie humaine.» La même réponse a été donnée à la première demande additionnelle des mesures  d’urgence, introduite par Pretoria, le 12 février.

L’entité sioniste avait même exhorté la CIJ à rejeter la requête sud -africaine qui intervenait alors que Tel-Aviv annonçait une offensive contre la ville de Rafah, où s’entassent plus d’un million de Palestiniens, dont ceux ayant fuitles bombardements au nord et au centre de Ghaza.

Dans sa réponse de trois pages, elle  décrit la requête sud-africaine de «moralement répugnante» tout en affirmant, toute honte bue, qu’elle  «respecte le droit international» en précisant à la Cour de l’avoir «démontré en paroles et en actes», avant d’appeler au rejet de la demande.

La Cour  a estimé que «des mesures conservatoires restent applicables à Ghaza». Pour la juridiction, «les événements intervenus» à Ghaza et en particulier à Rafah, «entraîneraient une aggravation exponentielle de ce qui est d’ores et déjà un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales insondables», ainsi que l’a indiqué le Secrétaire général de l’Onu.

Cette situation alarmante exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Ghaza, y compris Rafah, et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles».

Dans sa réponse, la CIJ a clairement souligné que «l’Etat d’Israël demeure pleinement tenu de s’acquitter des obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide et d’exécuter ladite ordonnance, notamment en assurant la sûreté et la sécurité des Palestiniens dans la bande de Ghaza». Mais l’Afrique du Sud n’a pas fléchi.

Elle est revenu à la charge une seconde fois, le 6 mars dernier, avec une nouvelle requête pour l’indication de mesures provisoires additionnelles  ou la modification des mesures du 26 janvier 2024.

Aucune date du procès n’a été arrêtée par la Cour.   Visiblement Israël fait fi des décisions de la plus haute juridiction de l’Onu. Il mène en toute impunité, une guerre d’extermination ethnique, foulant aux pieds les injonctions de la CIJ et le droit humanitaire international. 

 

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