Conseil interministériel de contrôle de l’immigration en France : Quatre points sur la table à Matignon

26/02/2025 mis à jour: 18:56
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Un Conseil interministériel de contrôle de l’immigration (CICI), convoqué au lendemain de l’attentat de Mulhouse par le Premier ministre français, François Bayrou, se tiendra aujourd’hui. 

Le journal l’Opinion a révélé, dans son édition de dimanche, ce dont va débattre le Conseil sur l’immigration. Parmi les sujets qui seront mis sur la table figure, au premier plan, la question de la délivrance des visas. Selon le quotidien français, un ordre du jour en quatre points a été arrêté par Matignon pour cette réunion, à laquelle participeront notamment les ministres de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et de la Justice, Gérald Darmanin, ainsi que les représentants des ministères du Travail et des Solidarités, de la Défense, de l’Enseignement supérieur et d’Outre-Mer. 

«La France est le pays qui accorde le plus de visas au sein de l’Union européenne, soit 25% du total», fait observer un haut fonctionnaire spécialiste de l’immigration, cité par l’Opinion. En 2024, ce sont ainsi 2,8 millions de visas qui ont été délivrés par la France, soit une augmentation de près de 20%, a ajouté la même source. Parmi ceux-ci, 2,5 millions sont des visas de court séjour ou de transit et 288 000 de long séjour. Selon le média français, tout l’enjeu de ce CICI est de savoir jusqu’à quel point «l’arme des visas» peut être utilisée comme moyen de pression vis-à-vis des pays tiers en cas de «mauvaise coopération migratoire». 

Et de citer l’Algérie, dont les relations avec la France ne cessent de se détériorer en raison d’attaques systématiques de personnalités politiques d’extrême droite à l’endroit de l’Algérie. Même les ressortissants algériens frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) n’y échappent pas. Ce «levier de la réadmission (des ressortissants par leur pays d’origine)» sera au cœur des discussions, notamment entre les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, indique l’Opinion, soulignant qu’avec l’Algérie, «cela est une évidence, mais aussi avec le Maroc et plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, comme le Sénégal ou le Mali». 

Le CICI abordera, en outre, la thématique du contrôle des frontières et l’organisation des forces de l’ordre. 

L’armée à la rescousse !

«Doit être abordée la façon d’adapter le dispositif existant aux évolutions des routes migratoires : une baisse des arrivées via l’Italie, une hausse en provenance de l’Espagne et des Balkans. Plus globalement, c’est toute la mobilisation des forces de l’ordre aux frontières – police, gendarmerie, douanes – qui sera étudiée, ainsi que l’éventualité d’un concours de l’armée», a écrit le média français. Donc, l’éventualité de durcir les dispositifs de contrôle aux frontières en ayant recours aux contingents de l’armée française est de plus en plus de mise. «Avec une attention particulière sur les moyens d’augmenter les éloignements de clandestins», note la même source. 

Mais, globalement, les mesures qu’envisage le gouvernement français iront, essentiellement, dans le sens d’une virulente campagne d’animosité envers l’Algérie. C’est dans ce contexte qu’intervient la visite du président du Sénat, Gérard Larcher, au Maroc. Ce dernier s’est rendu hier au Sahara occidental, territoire sous occupation marocaine. Le déplacement de M. Larcher survient quelques jours après l’attentat de Mulhouse, dont le principal suspect est un Algérien en situation irrégulière en France et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). 

Dans ce contexte inflammable avec Alger, Gérard Larcher est arrivé dimanche à Rabat, à l’invitation de son homologue marocain, «afin de renforcer la coopération interparlementaire et la relation d’amitié» entre les deux pays, selon un communiqué du Sénat français. Accompagné de plusieurs élus de la Chambre haute, le membre influent du parti Les Républicains (LR) doit également rencontrer le Premier ministre marocain à Rabat, avant de se rendre à Laâyoune, pour y «refléter la nouvelle position de la France, selon laquelle le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine», selon le même communiqué. 

Avant le président du Sénat français, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, s’était rendue, les 17 et 18 février, dans les territoires du Sahara occidental, accompagnée du ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed El Mahdi Bensaïd. Elle a entamé sa visite en se rendant sur les lieux historiques de Tarfaya, notamment le monument de Casamar et le musée Saint-Exupéry. 

A Laâyoune, en territoire occupé, Mme Dati a supervisé l’inauguration du centre culturel de l’Alliance française. Cette visite avait été considérée par Alger d’«une gravité particulière» et «condamnable à plus d’un titre». 

 

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