Au 32e jour de l’accord de cessez-le-feu à Ghaza, le mouvement de la résistance palestinienne remettra, aujourd’hui, les corps de 4 otages israéliens, sans cérémonie, avant de libérer, samedi prochain, 6 autres.
En contrepartie, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a décidé d’entamer, officiellement, la deuxième phase de l’accord d’échange qui porte sur la libération des otages restants, la reconstruction de Ghaza et surtout la fin de la guerre, le retrait total des troupes israéliennes de Ghaza et l’administration d’après- guerre. En fin de journée, les Brigades d’Al Qods, branche armée du mouvement du Jihad islamique, ont annoncé leur décision de remettre, durant la matinée d’aujourd’hui, la dépouille d’un des quatre otages décédés, celle de Oded Lifshitz, alors que le Hamas avait déjà annoncé qu’il restituerait également aujourd’hui, trois autres corps, dont ceux de deux enfants. Cependant, en Israël, la décision de Netanyahu d’envoyer une équipe pour les pourparlers de la 2e étape de l’accord de cessez-le-feu est sévèrement critiquée par les extrémistes de son parti, mais aussi de l’aile messianiste qui maintient en vie la coalition gouvernementale.
La désignation du ministre des Affaires étrangères, Ron Dermer, pour diriger les pourparlers de la seconde étape de l’accord, en remplacement du patron du Mossad, David Barnea, et du chef du Shin Bet, Ronen Bar, qui avaient mené les négociations de la 1re phase fait craindre le pire. Les familles des otages ainsi que l’opposition y voient tout simplement un retour à la guerre, d’autant que Dermer est connu pour être opposé à la fin de l’offensive militaire contre Ghaza. La Chaîne 12 a révélé que «les familles d’otages sont préoccupées par la décision de Netanyahu de placer Dermer à la tête de l’équipe de négociations des otages d’Israël. Elles ont souligné les remarques faites par Dermer lors de récentes réunions avec elles, au cours desquelles il a déclaré qu’il ne soutiendrait aucun accord de prise d’otages qui mettrait fin à la guerre avant que le Hamas ne soit complètement démantelé».
D’autres journaux ont, pour leur part, rappelé les propos du chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, où il affirmait, il y a deux jours, qu’il «n’accepterait aucun scénario dans lequel les groupes du Hamas de Ghaza conserveraient des armes».
Pour le ministre, «un modèle Hezbollah à Ghaza ne serait pas acceptable pour Israël et par conséquent nous avons besoin d’une démilitarisation totale de Ghaza et d’aucune présence de l’Autorité palestinienne», a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.
Les pressions de Witkoff et les tergiversations de Netanyahu
La position de Saar est très proche de celle de Netanyahu, qui s’est opposé, durant longtemps, à toute discussion sur la 2e étape, qui porte sur le retrait de ses troupes de Ghaza, la remise des otages restants en échange de la libération des détenus palestiniens qui se trouvent dans les prisons israéliennes.
Des clauses auxquelles s’opposent catégoriquement les partis de l’extrême droite faisant partie de la coalition de Netanyahu, qui, lui-même, exigeait que la 2e phase doit inclure le désarmement du Hamas et sa disparition en tant qu’organisation, notamment après les déclarations de Trump sur la prise de Ghaza, pour en faire une propriété américaine, après l’expulsion des Palestiniens.
La réaction internationale unanime contre le déplacement forcé de la population de Ghaza, y compris de l’Egypte et la Jordanie, sur lesquelles Trump fait pression pour accueillir les Ghazaouis, mais a fragilisé l’accord pour le cessez-le-feu et les négociations pour entamer sa 2e phase étaient pratiquement compromises. Hier c’était au tour des Emirats arabes unis, un allié des USA et d’Israël, d’exprimer leur «ferme opposition à toute tentative de déplacer le peuple palestinien de Ghaza».
Il a fallu la visite de Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain au Moyen-Orient, qui a probablement fait effet sur Netanyahu, surtout que le responsable américain a était très clair en disant : «La 2e phase va absolument commencer» à moins de deux semaines de son début, prévu normalement le 3 mars prochain. Hier, le Hamas a déclaré qu’il était prêt à libérer tous les otages lors d’un seul échange, si l’accord de cessez-le-feu avec Israël passera à la seconde phase au mois de mars prochain. «Nous avons informé les médiateurs que le Hamas est prêt à libérer tous les otages en une seule fois au cours de la deuxième phase de l’accord, plutôt que par étapes, comme dans la première phase actuelle», a déclaré, à l’Agence France presse, un des responsables du Hamas, Tahar Al Nunu.
Pour l’instant, aucune réaction du gouvernement israélien n’a été enregistrée après cette déclaration. Tous les regards sont braqués sur la remise, par la résistance, des quatre corps d’otages décédés. Israël a demandé aux médiateurs de faire pression sur le Hamas, pour qu’il n’organise pas de cérémonies, comme cela été le cas lors des opérations de libération des otages.