Après l’attaque de Mulhouse (France) : Retailleau reprend son offensive contre l’Algérie

24/02/2025 mis à jour: 07:47
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Désavoué par une partie de la classe politique française, qui estime qu’il ne cesse d’outrepasser ses prérogatives, Retailleau n’est pas à son premier dérapage politique

Revoilà Retailleau. Le ministre de l’Intérieur français s’étouffe de rage après l’assassinat d’un Portugais de 69 ans, samedi, tué à l’arme blanche à Mulhouse, dans l’est de la France. 

Comme à son accoutumée, Bruno Retailleau pointe du doigt l’Algérie et l’accuse de «non-coopération» après cet acte qualifié de «terroriste» par les autorités françaises et dont l’auteur présumé est un Algérien de 37 ans qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Dans sa haine maladive envers l’Algérie, Retailleau a vite fait le lien entre le «refus», selon lui, des autorités algériennes de délivrer un laissez-passer pour expulser un immigré clandestin et un acte qui a coûté la vie à une personne à Mulhouse. 

Cette affaire est, pour lui, pratiquement du pain béni et lui sert, de nouveau, de prétexte pour poursuivre son offensive, nourrie par des idées d’extrême droite, contre l’Algérie. Interrogé, hier sur TF1, le locataire de la place Beauvau a indiqué que le suspect de l’attaque faisait l’objet d’une OQTF et a accusé l’Algérie de l’«avoir refusé à dix reprises». «(…) Ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l’origine de cet acte terroriste», a-t-il lancé, réclamant un «rapport de force» avec l’Algérie. 

Désavoué par une partie de la classe politique française, qui estime qu’il ne cesse d’outrepasser ses prérogatives lorsqu’il s’agit de traiter des relations algéro-françaises, Retailleau n’est pas à son premier dérapage politique. Il a déclaré, lundi passé, envisager des sanctions contre la compagnie nationale Air Algérie. Motif : Les nouvelles «exigences» fixées par Air Algérie pour embarquer des personnes faisant l’objet de mesures d’expulsion. 

La compagnie aurait, selon l’AFP, exigé des laissez-passer consulaires «même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d’identité en cours de validité». Les sanctions suggérées par le ministre français de l’Intérieur font suite, rappelons-le, à une tentative ratée de refoulement d’un ressortissant algérien de 30 ans expulsé de France dans la nuit du 10 au 11 février. 

Que des râteaux pour Retailleau !

Le 10 janvier dernier, l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, avait aussi proposé d’interdire les vols d’Air Algérie en France en guise de réponse au renvoi de l’influenceur algérien Doualemn vers la France. Une convergence de vues entre deux personnages algérophobes dont le positionnement est parfaitement synchronisé. 

Le 11 janvier, le ministère algérien des Affaires étrangères avait fait observer qu’il y a «violation des dispositions pertinentes de la Convention consulaire algéro-française du 25 mai 1974», puisque «la partie française n’a cru devoir informer la partie algérienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause». Or, le tribunal administratif de Paris a, le 29 janvier, annulé la décision du ministre français de l’Intérieur concernant l’expulsion de Doualem, estimant qu’«il (le ministre, ndlr) a appliqué à tort la procédure d’expulsion en urgence absolue». 

Un désaveu qui n’a sûrement pas dû plaire à Retailleau, dont les sorties hystériques sont destinées, visiblement, à flatter l’aile droite de son parti Les Républicains (LR), à la veille des élections pour la présidence de ce parti, qui l’opposera à Laurent Wauquier. En attendant cette échéance électorale, il continue de faire désordre au sein de l’Exécutif français. Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, l’a de nouveau recadré hier, sur TF1. Barrot s’est, en effet, attaché à tempérer la nouvelle offensive de son collègue Bruno Retailleau contre l’Algérie. 

Pour lui, mieux vaut une «coopération exigeante» qu’un «rapport de force» stérile. «La diplomatie, c’est toute une palette d’outils. Ce qui nous intéresse, c’est la sécurité des Français, ce n’est pas le rapport de force pour le rapport de force», a-t-il également répliqué sur CNews et Europe 1. 

Le ministre français des Affaires étrangères estime qu’une politique de coopération «exigeante» et de «persuasion» avec l’Algérie est plus efficace, par exemple, qu’une stratégie de restriction des visas, comme le réclament la droite et l’extrême droite, a-t-il expliqué, cité par ces médias. «Si vous prenez l’histoire récente, la période qui va de 2020 à 2024, entre 2020 et 2021 nous avons fait monter le rapport de force. Nous avons activé à titre national le levier des visas. On a dit : “On réduit les visas jusqu’à ce que les reconduites à la frontière augmentent.” Ces années-là, on a eu 800 reconduites à la frontière», a-t-il fait savoir. 

Et d’ajouter : «Et puis en 2022, nous avons pris une autre approche, nous avons signé un accord de coopération très exigeant avec l’Algérie, et nous avons fait tripler le nombre de reconduites à la frontière.» 

Aussi, Jean-Noël Barrot a annoncé que le gouvernement allait réunir ce mercredi un conseil interministériel de contrôle de l’immigration, à la suite de l’attaque au couteau à Mulhouse.  M. Abdelkrim

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