Israël a ordonné l’arrêt de l’entrée de l’aide humanitaire à Ghaza prétextant le rejet par le Hamas, d’une proposition américaine qui lui permet la prolongation du cessez-le feu, pour libérer les otages et maintenir ses troupes à Ghaza. Une proposition rejetée par le Hamas, qui appelle au respect des termes de la trêve, durant laquelle, Israël a tué 116 Palestiniens, blessé 490 autres et commis 400 violations de l’accord, dont la 1re phase a pris fin hier.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a ordonné, hier, l’arrêt de l’entrée de toute aide humanitaire et fournitures destinées à Ghaza, «en raison du rejet par le Hamas de la proposition américaine» de changer l’accord de cessez-le-feu pour permettre la libération des otages sans retrait des troupes israéliennes de Ghaza.
Pour le Hamas, par ce «chantage», ses «crimes de guerre» et ce «coup d’Etat contre l’accord», Israël «veut imposer des faits politiques sur le terrain» qu’il «n’a pas pu réaliser durant les 15 mois» de la guerre génocidaire contre Ghaza. Il a réitéré son attachement à l’exécution des trois étapes de l’accord, en rappelant qu’il avait exprimé «à plusieurs reprises» sa «volonté d’entamer les négociations pour la 2e phase».
La décision de Netanyahu était prévisible, après la réunion avec les chefs des services de sécurité, tenue durant la soirée de samedi à dimanche, sur les pourparlers, dont la première étape s’est achevée hier. Il avait accusé le Hamas d’avoir violé l’accord, alors que depuis le début de la trêve jusqu’à hier, soit 43 jours, l’armée israélienne a tué 15 Palestiniens à Ghaza et blessé 490 autres et commis 400 actes de violations de l’accord.
Pour Netanyahu, la décision de couper les vivres aux Ghazaouis «a été prise avec la fin de la première phase de l’accord, et le refus du Hamas d’accepter le plan de Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président Donald Trump pour le Moyen-Orient», visant à prolonger la première phase du cessez-le-feu et à continuer de libérer des otages, sans envisager le retrait de ses troupes et la fin de la guerre.
«Avec la fin de la première phase de l’accord sur les otages et le refus du Hamas d’accepter le plan Witkoff pour la poursuite des négociations», auquel Israël a souscrit, «le Premier ministre Netanyahu a décidé qu’à compter de ce matin (hier), toute entrée de biens et de fournitures dans la bande de Ghaza cesserait.
Israël n’autorisera pas un cessez-le-feu sans la libération de nos otages», a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Et de souligner : «Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura de nouvelles conséquences». Quelques minutes après ce communiqué, le porte-parole du Premier ministre a déclaré sur son compte X : «Aucun camion n’est entré à Ghaza ce matin, et il n’y en aura pas à ce stade.»
La décision d’imposer un blocus sur l’aide humanitaire à Ghaza qui, selon le bureau de Netanyahu, «a été prise avec le soutien américain», n’était pas une surprise eu égard aux tergiversations du Premier ministre israélien depuis le début des négociations jusqu’à jeudi dernier, à la suite de la rupture des pourparlers au Caire, visant à maintenir le cessez-le-feu à l’approche de la fin de sa première phase de six semaines et de discuter la seconde étape, qui doit aboutir à la fin de la guerre.
Le bureau du Premier ministre a déclaré avoir «accepté la proposition américaine de prolonger la première phase du cessez-le-feu jusqu’au Ramadhan et à la Pâque, qui se terminent le 20 avril, au cours desquels la moitié des otages vivants et la moitié des corps de ceux qui sont morts seraient libérés». A l’issue de cette prolongation temporaire, a-t-il ajouté dans un communiqué, «si un accord est trouvé sur un cessez-le-feu permanent, les otages encore vivants et décédés seront libérés».
Cependant, à aucun moment, il n’est fait mention du retrait des troupes israéliennes, un point sur lequel les deux parties s’étaient mises d’accord en janvier dernier, lors de l’adoption de l’accord. Dans une déclaration aux médias hébreux, Netanyahu a clairement affirmé qu’«Israël ne permettra pas un cessez-le-feu sans la libération de nos otages».
Le ministre des Affaires étrangères israélien est allé plus loin en affirmant, lors d’une conférence de presse hier, que «l’engagement d’acheminer cette quantité de nourriture à Ghaza était dans la première phase», et «cette première phase a pris fin et nous mettons en œuvre le principe de non-gratuité des repas».
12 milliards d’aide militaire à Israël en 2 mois
Bien plus. Il a insisté sur le fait que l’arrêt de l’aide avait été entièrement coordonné avec la Maison-Blanche. «Les Américains acceptent bien sûr notre position et la connaissent», a affirmé le chef de la diplomatie israélienne.
Se voulant plus convainquant, il a déclaré qu’Israël avait reçu une lettre annexe de l’administration Biden «qui stipule explicitement qu’il n’y a pas de transition automatique entre les phases (…). Nous avons respecté tous nos engagements de la phase 1, jusqu’au dernier jour, c’est-à-dire hier. Notre position est que, pendant les négociations, les otages doivent être libérés». Il est clair qu’Israël n’avait pas l’intention d’arrêter sa guerre génocidaire. Hier, il a d’ailleurs pris la décision de rappeler 400 000 réservistes.
Au Caire, les pourparlers n’ont pas pu avancer et se sont terminés vendredi en queue de poisson, puis repris samedi en fin de journée, sans arriver à faire reculer Israël de sa volonté d’imposer son «plan américain», qui n’a fait l’objet d’aucune confirmation par Washington. Il est, cependant, important de souligner que l’administration Trump a réitéré son soutien à Israël, et de manière très forte, pendant que la réunion du Caire patinait.
D’abord par le Pentagone qui, dans un communiqué, a annoncé, samedi après-midi, l’autorisation de ventes militaires à Israël, par des procédures d’urgence, parce qu’«il est vital, et dans l’intérêt des Etats-Unis, de développer les capacités d’Israël et sa préparation à se défendre et à préserver cet état de fait». Pour le Pentagone, cet arsenal militaire «va aider Israël à améliorer sa capacité à faire face aux menaces actuelles et futures».
Lui emboîtant le pas, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a affirmé, dans une déclaration aux médias, que «depuis que l’administration Trump a pris ses fonctions, nous avons autorisé des ventes militaires à Israël pour un montant de 12 milliards de dollars», en expliquant que «la décision d’accélérer le transfert de ces aides militaires coïncide avec l’annulation par Trump des conditions imposées par son prédécesseur Joe Biden. L’administration Trump continuera à utiliser tous les outils possibles pour respecter l’engagement des USA envers la sécurité d’Israël».
Un engagement et un soutien qui encouragent Netanyahu à commettre le pire, comme il le fait aujourd’hui, en menant son offensive militaire en Cisjordanie occupée, durant laquelle des dizaines de Palestiniens ont été tués et des centaines d’autres blessés et arrêtés. Couper la nourriture à la population de Ghaza est un crime de guerre, puni par le droit international.
Le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a affirmé hier que «l’occupation tente de faire pression sur l’équipe de négociation, mais elle n’y parviendra pas même si elle poursuit son agression. Nous tenons l’occupation et Washington derrière elle pour responsables d’avoir fait obstruction à l’accord en proposant des formules inacceptables».
Qassem a estimé que c’est «l’occupation qui porte la responsabilité des conséquences de sa décision sur la population de Ghaza et sur le sort» de ses ressortissants détenus à Ghaza. Selon lui, le plan Witkoff «est cohérent avec la volonté de l’occupation de prolonger la première phase».
Il a indiqué, en outre, qu’à travers sa décision de couper les vivres aux Palestiniens de Ghaza, Israël «revient à la politique de famine et au chantage aux positions politiques. La fermeture des points de passage de Ghaza est une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu. Empêcher l’entrée de l’aide aujourd’hui est un nouveau crime qui s’ajoute aux violations de l’occupation».
Quatre Palestiniens tombent en martyrs
Au moins quatre Palestiniens sont tombés en martyrs et six autres ont été blessés dans des attaques de l’armée sioniste contre diverses zones de la bande de Ghaza, ont annoncé hier les autorités palestiniennes de la santé.
«Quatre martyrs et six blessés sont arrivés depuis ce matin dans les hôpitaux de la bande de Ghaza, à la suite des attaques des forces d’occupation contre diverses zones de la bande de Ghaza», indiquent les autorités palestiniennes de la santé dans un communiqué.
«Le nombre total de martyrs depuis l’annonce du cessez-le-feu est de 116, tandis que le nombre de blessés a atteint 490», ajoute la même source. Ces attaques interviennent au lendemain de l’expiration de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier entre le mouvement de résistance palestinien Hamas et l’entité sioniste dans la bande de Ghaza.