Après 470 jours d’une guerre génocidaire : La libération prévue de plus de 1600 prisonniers palestiniens

19/01/2025 mis à jour: 02:27
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Photo : D. R.

Le texte complet de l’accord n’a pas encore été publié, laissant planer des incertitudes sur le nombre exact de prisonniers concernés et les modalités de leur libération.

Près de 1650 prisonniers palestiniens pourraient être libérés en échange de captifs israéliens dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé  entre Israël et le mouvement Hamas. Beaucoup de ces prisonniers ont été détenus sans procès ni inculpation par l’administration d’occupation israélienne.

Le texte complet de l’accord n’a pas encore été publié, laissant planer des incertitudes sur le nombre exact de prisonniers concernés et les modalités de leur libération. Selon les informations disponibles, plus de 1000 prisonniers palestiniens seraient échangés contre 33 captifs israéliens lors de la première phase de l’accord. Parmi les prisonniers palestiniens libérés, il y a notamment 296 condamnés à perpétuité, dont la majorité est affiliée au mouvement Fatah, certains ayant passé plus de 30 ans dans les geôles israéliennes.

L’échange s’effectuera donc selon des ratios négociés entre les parties et les médiateurs internationaux réunis à Doha. Ainsi, 110 prisonniers condamnés à perpétuité seront libérés en échange de 9 captifs israéliens blessés ou malades. L’accord prévoit que les hommes israéliens âgés de plus de 50 ans devront être libérés contre 27 prisonniers palestiniens purgeant des peines non perpétuelles, selon un ratio de 1 contre 27.

D’ores et déjà, le ministère israélien de la Justice a publié une liste de 95 femmes et enfants palestiniens qui devraient être libérés aujourd’hui. Au-delà de cette liste, les noms des prisonniers devant être libérés restent inconnus. La question est de savoir si des figures de proue de la résistance palestinienne feront partie de la liste des détenus à libérer.

Parmi elles, Marwan Barghouti, leader du Fatah, dont la libération pourrait aider à renouveler le paysage politique palestinien, surtout lorsque l’on sait que l’administration palestinienne a brillé par son absence lors de cette guerre  contre les Palestiniens de Ghaza. Une autre figure notable est Ahmed Saadat, chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), accusé par Israël d’avoir orchestré l’assassinat du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Ze’evi, en 2001.

En tout et pour tout, Israël a publié une liste de 95 femmes et enfants palestiniens qui devraient être libérés aujourd’hui. Moins de 10 de ces détenus ont été arrêtés avant les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, ce qui reflète une politique de détention récente et ciblée.

Le fait est que les prisonniers ont souvent été utilisés comme monnaie d’échange dans les négociations entre Israël et les groupes de résistance palestiniens. Il est à noter ainsi l’accord de 1983 où 4500 prisonniers palestiniens ont été libérés contre six soldats israéliens, et celui de 1985 impliquant 1150 prisonniers pour trois soldats. En 2011, l’échange de Gilad Shalit a vu la libération de 1027 Palestiniens contre un seul soldat israélien. Cependant, les suites de ces accords ont souvent été marquées par des tensions renouvelées, comme le montre l’arrestation une nouvelle fois de 51 prisonniers libérés en 2014.

Il est à préciser, à ce propos, que les conditions dans les prisons israéliennes ont souvent été pointées du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme. Des rapports de Human Rights Watch dénoncent, notamment, la torture et les abus sexuels qui s’y pratiquent. Selon la Commission palestinienne des détenus et anciens détenus, il y aurait au moins 10 400 Palestiniens emprisonnés en Israël, sans compter ceux arrêtés à Ghaza lors des 15 derniers mois de guerre. Parmi eux, plus de 3000 sont placés en détention administrative, une des nombreuses mesures israéliennes controversée qui permet des arrestations sans inculpation ni procès.

Comble du cynisme : le service pénitentiaire israélien a déclaré que des mesures sont prises pour empêcher toute «manifestation publique de joie» lors de la libération de prisonniers palestiniens. Dans un communiqué, il a précisé que deux prisons, l’une près de Jérusalem et l’autre près de la ville d’Ashkelon dans le sud du pays, avaient commencé à rassembler les prisonniers devant être libérés.

«Le commissaire du service pénitentiaire israélien, le général de division Kobi Yakobi, a donné des instructions pour éviter des manifestations publiques de joie à Ashkelon et dans d’autres régions d’Israël, le transfert depuis la prison de Shikma ne soit pas assuré par les bus civils du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)», indique le communiqué.

Le CICR, basé à Genève, avait supervisé le seul précédent échange de prisonniers de cette guerre, en novembre 2023, lorsque 105 captifs détenus à Ghaza avaient été libérés, dont 80 Israéliens, en échange de 240 prisonniers palestiniens. Yakobi a également demandé aux prisonniers désignés pour être libérés de «s’abstenir de toute expression de joie sur le territoire israélien». 

 

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