Alors qu’Israël fragilise de plus en plus l’accord de cessez-le-feu : Netanyahu exige la libération d’otages en échange des logements mobiles

18/02/2025 mis à jour: 20:45
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Nous travaillons en étroite collaboration avec les Etats-Unis pour mettre en œuvre la proposition de Trump, qui est le seul plan viable pour permettre un avenir différent.» C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahu, à l’issue de sa réunion, dimanche soir, avec le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, en visite éclaire en Israël. 

Une visite qui intervient 24 heures après la réception, par Israël, d’une cargaison américaine de bombes de 900 kg (MK-84) non guidées, capables de traverser du béton, en créant un large rayon d’explosion. 

Ce stock de «bombes à destruction massive» était bloqué par l’administration Biden, en raison du fait que celles-ci étaient trop indiscriminées et pouvaient causer trop de victimes civiles dans une zone densément peuplée comme Ghaza. Mais Trump, dès son investiture, a immédiatement levé l’interdiction. Un fort signe de soutien à Netanyahu. 

Lors de leur point de presse conjoint, Marco Rubio a réitéré la décision de son président de faire de Ghaza une propriété américaine, après le déplacement forcée de sa population vers la Jordanie et l’Egypte, qui s’y opposent fermement. «Les Etats-Unis et Israël ne peuvent pas revenir à des stratégies fatiguées», a averti le secrétaire d’Etat, en soulignant que «le Président a été très audacieux dans sa vision de ce que devrait être l’avenir de Ghaza. 

Il ne s’agit pas des mêmes idées éculées du passé, mais de quelque chose d’audacieux et de quelque chose qui, franchement, a demandé du courage et de la vision pour être esquissé…» Rubio a été catégorique en ce qui concerne la résistance palestinienne. «Le Hamas ne peut pas rester une force militaire ou gouvernementale. 

Et franchement, tant qu’il restera une force capable de gouverner ou d’administrer, ou une force capable de menacer par la violence, la paix deviendra impossible.» Des déclarations qui réconfortent Netanyahu  et son gouvernement suprémaciste qui promet d’éradiquer la résistance palestinienne, de chasser la population vers les pays frontaliers et d’installer de nouvelles colonies sur ses terres. «Trump est le plus grand ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche», a-t-il lancé au parterre de journalistes. Pour lui, le plan de Trump «est le seul viable pour permettre un avenir différent». 

Il a également averti que «les portes de l’enfer seront ouvertes» si le Hamas ne respecte pas les termes de l’accord de cessez-le-feu, en précisant avoir eu «des discussions» avec le président américain, «de la réponse d’Israël dans ce cas», ajoutant : «Nous avons une stratégie commune et nous ne pouvons pas toujours partager les détails de cette stratégie avec le public.» 


«Fragiliser l’accord» 

La rencontre des deux responsables intervient alors que les Etats arabes s’apprêtent à présenter une alternative au plan de Trump, qui prévoit la reconstruction de Ghaza, sans le déplacement de sa population, dans un délai de 5 ans. 

Pendant ce temps, Israël continue à restreindre l’entrée de l’aide humanitaire, les caravanes pour loger les Palestiniens, les engins pour le déblaiement, l’oxygène pour les hôpitaux, etc., violant ainsi les clauses de la première étape de l’accord de cessez-le-feu à Ghaza, qui arrive presque à sa fin. Hier, l’autorité de radiodiffusion israélienne a annoncé qu’Israël se prépare à recevoir jeudi prochain les corps de cinq otages décédés, avec l’intervention des médiateurs. 

Citant des sources informées, le média a précisé que «le Hamas remettra jeudi matin une liste des noms des otages morts en captivité, après vérification de l’identité des corps, les familles concernées seront informées». La même source a indiqué qu’«une opération d’échange devrait avoir lieu samedi prochain», et concerne «la libération de trois otages israéliens vivants». 

Pour sa part, la chaîne Chanel 12 a révélé que l’annexe secrète de l’accord prévoyait la remise des corps de quatre otages décédés le 33e jour de l’accord, c’est-à-dire samedi prochain. Ces annonces ont été faites alors que des milliers de manifestants, qui réclament la poursuite de toutes les étapes de l’accord et la libération des otages, s’approchaient du lieu de résidence du Premier ministre, Benyamin Netanyahu. Beaucoup lui reprochent de fragiliser l’accord et de compromettre la 2e étape devant permettre la libération de tous les otages. 

Pour les médias israéliens de gauche, Netanyahu, actuellement dans le viseur de la justice pour des affaires de corruption, dépend de son ministre extrémiste, Bezalel Smotrich, pour préserver sa coalition gouvernementale. 

Avec l’appui de l’administration Trump, il veut à tout prix obtenir que les six otages encore en vie à Ghaza, dont la libération est prévue dans le cadre de la première phase de l’accord, soient relâchés en une seule fois samedi prochain, plutôt qu’en deux groupes de trois au cours des deux dernières semaines de la première phase, qui se termine le 1er mars. L’accord a pourtant prévu que les négociations commencent la première semaine de février, mais Netanyahu n’a jusqu’à aujourd’hui pas donné mandat à ses négociateurs pour discuter. Sous la pression des familles des otages et de certains partis de l’opposition, il a dépêché, au Caire, en début du mois en cours, une délégation restreinte et toujours sans mandat pour négocier la 2e étape, avant de la faire rappeler. Hier encore, son bureau a annoncé avoir «demandé à une équipe de négociation de se rendre aujourd’hui (hier) au Caire pour des discussions» sur la poursuite de la première phase. 

Dans un communiqué, il a précisé que «suite à la discussion du cabinet de sécurité de demain (aujourd’hui), l’équipe recevra des instructions pour la poursuite des négociations concernant la deuxième étape». Une décision précédée par l’annonce faite, dimanche soir, par l’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, sur l’entame des négociations de la 2e étape de l’accord, durant cette semaine. 


L’UE «déplore» le nombre de civils qui ont perdu la vie  

Mais Netanyahu cherche inlassablement à modifier les termes de l’accord, en concertation et avec l’accord de Washington. Hier, le cabinet de son gouvernement a nié toute pression américaine pour entamer les pourparlers. 
«Depuis que le Hamas a procédé à la libération récente des otages, en ce qui nous concerne, nous poursuivons l’accord», a déclaré, au journal The Times of Israel, un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat, ajoutant : «Il n’y a aucun changement dans la poursuite de l’accord. Cela signifie qu’il faut entamer dès maintenant les négociations sur la deuxième phase. 

Cela se produira après que le cabinet de sécurité aura approuvé les positions israéliennes.» Selon le responsable, «l’objectif de la guerre est que le Hamas ne reste pas au pouvoir. Israël travaille toujours à la libération des six otages encore en vie dans la première étape du processus, le plus rapidement possible, soit dans le courant de la semaine, soit samedi». 

Le même responsable a affirmé en outre qu’Israël «a accueilli à bras ouverts» le plan de Trump pour Ghaza. «Notre objectif est de permettre la création d’une infrastructure permettant aux Ghazaouis de partir, et nous estimons que beaucoup partiront. Il n’est pas nécessaire d’attendre la fin de la guerre pour y parvenir. Nous essayons de mettre en œuvre sa vision à court terme et de définir les détails techniques, opérationnels et pratiques», a souligné le responsable israélien. Dans sa déclaration aux médias dimanche soir, l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a exprimé le souhait d’obtenir une prolongation du cessez-le-feu de 42 jours dans une deuxième phase. 

Ce que discutait, en début de soirée d’hier, le cabinet de sécurité israélien. Au cours de la première étape de l’accord, les deux parties se sont mises d’accord pour la libération de 33 otages israéliens, dont des femmes, des enfants et des hommes âgés, en échange de la libération de centaines de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes et le retrait des forces d’occupation des axes de Netzarim et de Philadelphie, deux corridors qui relient le Nord au Sud de l’enclave et celle-ci à la frontière égyptienne. 

Hier, l’agence de presse britannique Reuters, a fait état du contenu d’un document qui expose le plan de l’Union européenne (UE) «pour dire à Israël», la semaine prochaine à Bruxelles, que «les Palestiniens déplacés de Ghaza devraient être assurés d’un retour sûr et digne dans leurs foyers et sur leur territoire». L’agence a expliqué que l’Union doit exprimer «sa position aux responsables israéliens lors de discussions le 24 février dans le cadre du Conseil d’association UE-Israël, la première session de ce type depuis 2022». 

Le document, cité par Reuters, stipule que «l’UE contribuera activement à un effort international coordonné pour un relèvement rapide et une reconstruction à Ghaza», «appelle à un accès humanitaire complet» et «déplore profondément le nombre inacceptable de civils, en particulier de femmes et d’enfants, qui ont perdu la vie, ainsi que la situation humanitaire catastrophique causée notamment par l’entrée insuffisante d’aide à Ghaza, en particulier dans le Nord». 

Depuis le début de la guerre génocidaire menée par Israël à Ghaza, l’Union européenne a fait l’objet de sévères critiques pour n’avoir pas exercé de pressions sur Israël, ni accepté d’imposer un embargo sur les armes destinées à Tel-Aviv. Il a fallu les déclarations de Trump pour qu’elle se prépare à réagir alors qu’Israël, durant les 15 mois de sa guerre dévastatrice, n’a fait que forcer la population palestinienne à des déplacements interminables du Nord vers le Centre, puis du Sud vers le Centre, et vice versa, en violation du droit international qui qualifie ces actes de crimes contre l’humanité. 

Des actes qui s’ajoutent aux crimes de guerre, pour lesquels le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense sont poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) et pour lesquels ils font l’objet de mandats d’arrêt internationaux. 

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