La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a qualifié la situation humanitaire à Ghaza d’«enfer sur terre». «Les gens n’ont pas accès à l’eau, à l’électricité et à la nourriture dans de nombreuses régions», a-t-elle dénoncé dans une déclaration à Reuters vendredi, au siège du CICR à Genève.
Pour rappel, depuis le 2 mars, la bande de Ghaza est privée d’aide humanitaire. Et depuis le 18 mars, Israël a repris sa campagne génocidaire contre la population palestinienne de l’enclave, aggravant la famine par un déluge de feu quotidien. Mirjana Spoljaric s’est alarmée du fait que les niveaux des approvisionnements sont extrêmement bas à Ghaza. «Depuis six semaines, rien n’est arrivé, et dans quelques semaines, nous serons à court de fournitures dont nous avons besoin pour faire fonctionner notre hôpital (l’hôpital de campagne du CICR à Ghaza, ndlr)», a-t-elle affirmé.
La patronne du CICR s’est également indignée des attaques israéliennes répétées visant le personnel humanitaire, comme cela est arrivé le 23 mars dernier lorsque l’armée sioniste avait exécuté 15 secouristes et enseveli leurs corps dans une fosse commune. Ce groupe de sauveteurs comprenait huit membres du Croissant-Rouge palestinien, six membres de l’unité d’urgence de la Défense civile de Ghaza et un employé de l’UNRWA. «Il est extrêmement dangereux pour la population de se déplacer, mais il est tout aussi dangereux pour nous d’opérer», s’est inquiétée Mme Spoljaric.
«Une famine extrêmement sévère»
L’UNRWA a également tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la situation épouvantable qui prévaut dans le territoire palestinien exigu, pilonné sans-merci par la machine de guerre de Netanyahu. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a mis en garde avant-hier sur le fait que Ghaza s’approche d’une «famine extrêmement sévère». «Le blocus de Ghaza par les autorités israéliennes se poursuivant depuis plus de six semaines, toutes les fournitures essentielles sont sur le point de s’épuiser», prévient Juliette Touma, directrice de communication de l’UNRWA, dans un communiqué.
Et d’expliquer que cette pénurie de produits de première nécessité s’accompagne immanquablement d’une «augmentation significative des prix» des rares produits encore disponibles à Ghaza. «Les prix des produits de base ont augmenté de façon exponentielle depuis plus d’un mois, depuis que les autorités israéliennes ont mis en place le siège de la bande de Ghaza. Cela signifie que les bébés et les enfants vont se coucher le ventre vide. Chaque jour qui passe sans ces produits de base, Ghaza se rapproche d’une faim très, très sévère», a alerté Mme Touma jeudi via Reuters. Et l’agence britannique de relever : «Chaque habitant de Ghaza peut désormais citer les prix fantaisistes du peu de nourriture qui reste sur les marchés : un sac de farine de 25 kilos qui se vendait 6 dollars coûte désormais dix fois plus cher. Le litre d’huile de cuisine, si on le trouve, coûte 10 dollars au lieu de 1,50 dollar. Les plus chanceux pourront tomber sur une boîte de sardines s’ils ont les moyens de payer 5 dollars».

«Chacune de ces statistiques représente un être humain»
Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a appelé de son côté une fois de plus au respect du droit international en Palestine occupée. «Il est temps de revenir aux fondamentaux : respecter le droit international humanitaire», a-t-il plaidé sur X. «En vertu du droit international humanitaire, l’Etat d’Israël doit veiller à ce que les besoins fondamentaux de la population civile sous son contrôle soient satisfaits. Les habitants de Ghaza ont besoin d’un cessez-le-feu maintenant, d’une libération digne de tous les otages et d’une circulation sans entrave de l’aide humanitaire et des fournitures commerciales», a-t-il ajouté.
La coordinatrice spéciale des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient et coordinatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction à Ghaza Sigrid Kaag, a fait savoir pour sa part que «plus de 60 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition dans la bande de Ghaza».
C’est ce qu’elle a déclaré hier à l’agence Anadolu en marge de la quatrième édition du Forum diplomatique d’Antalya qui se tient dans le sud de la Turquie. Et de faire remarquer : «Chacune de ces statistiques représente un être humain, une vie, une lutte pour la survie». «Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, l’acheminement de l’aide humanitaire était assuré. Mais depuis la seconde moitié du mois de mars, les livraisons d’aide n’ont pas été autorisées», a-t-elle regretté.
L’offensive israélienne a fait au total 50 933 morts et 116 450 blessés depuis le 7 octobre 2023 selon les autorités sanitaires de Ghaza. Depuis la reprise des bombardements le 18 mars, 1563 Palestiniens ont trouvé la mort et plus de 4000 autres ont été blessés. De samedi à hier matin, il a été enregistré 21 morts et 64 blessés selon la même source.
30% de Ghaza sous contrôle israélien
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, «entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes de déplacés à Ghaza». Pour «36 frappes répertoriées et corroborées», les victimes «étaient uniquement des femmes et des enfants». Ce samedi, Israël a annoncé le contrôle par ses troupes d’un axe important de la bande de Ghaza et l’extension de son offensive meurtrière.
L’armée sioniste a «pris le contrôle de l’axe clé de Morag», a affirmé le ministre de la Défense Israël Katz. Cet axe sépare les villes de Rafah et de Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien dévasté. «Bientôt, les opérations des forces israéliennes s’intensifieront et s’étendront à d’autres zones dans la plus grande partie de Ghaza, et vous devrez évacuer les zones de combat», a proclamé Israël Katz, cité par l’AFP, en s’adressant à la population palestinienne.
Selon un haut responsable des services de sécurité israéliens cité par Al Jazeera, l’armée d’occupation «est sur le point de contrôler 30 % de la bande de Ghaza». Et de préciser que si le Hamas refuse de libérer le reste des otages, «l’armée israélienne prévoit de prendre le contrôle de 50% de la bande de Ghaza». «Il s’agit notamment de prendre le contrôle d’une nouvelle ville en plus de Rafah, tout en s’efforçant de transférer davantage de résidents palestiniens dans de nouveaux abris humanitaires», souligne Al Jazeera. Pendant ce temps, une délégation du Hamas conduite par le négociateur en chef Khalil Al Hayya s’est rendue au Caire où elle a rencontré les médiateurs égyptiens.
«Nous espérons que la rencontre permettra de réaliser de réels progrès en vue d’un accord mettant fin à la guerre et à l’agression, et garantissant le retrait complet des forces d’occupation de Ghaza», a souhaité un responsable du Hamas dans une déclaration à l’AFP sous couvert de l’anonymat. A en croire l’émissaire de Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, «un accord très sérieux prend forme, c’est une question de jours». Mustapha Benfodil
10 martyrs, dont 7 enfants, lors d’une attaque de l’aviation sioniste à Khan Younes
Dix Palestiniens, membres d’une même famille, sont tombés vendredi soir en martyrs lors d’une attaque de l’aviation de l’entité sioniste contre la ville de Khan Younès, dans la bande de Ghaza, a annoncé la Défense civile palestinienne.
Selon la même source, sept enfants figurent parmi les dix Palestiniens, âgés de 3 à 58 ans, tombés en martyrs dans cette attaque nocturne sur la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, a indiqué Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile palestinienne.
Dans la cour de l’hôpital Nasser de Khan Younès, des habitants pleurent devant des corps de proches tombés en martyrs dans cette attaque sioniste. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, «entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 attaques sionistes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés» et pour «36 frappes répertoriées et corroborées» par le Haut-Commissariat, les victimes «étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu’à présent».
Au moins 1542 Palestiniens sont tombés en martyrs depuis le 18 mars, portant à 50 912 le nombre de martyrs dans le territoire assiégé depuis le début le 7 octobre 2023 de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza, qui a fait également 115 981 blessés et des milliers de disparus.