A l'exception du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Mouvement pour la société et la paix (MSP), aucun parti n'a pour le moment annoncé la tenue de son université d'été.
Où vont se réunir les partis politiques algériens cet été ? Août et septembre sont, normalement, les mois des universités d'été. Cette tradition partisane qui, depuis l'avènement du multipartisme en 1988, devait précéder la rentrée politique des partis est en déperdition.
Rares sont en effet les formations politiques qui inscrivent cette formule à l'ordre du jour de leurs programmes respectifs et ces trois dernières années, marquées par la pandémie de Covid-19, peu de partis politiques ont organisé cet événement. Motifs invoqués : crise sanitaire, manque de moyens financiers et surtout inefficacité de ces rencontres.
Aujourd'hui, à l'exception du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Mouvement pour la société et la paix (MSP), aucun parti n'a pour le moment annoncé la tenue de son université d'été. Pourtant, d'aucuns estiment que ces forums d'été dont l'objectif initial est de former des militants à part entière, sont incontournables. Ces manifestations sont également l'occasion de débattre des questions d'ordre politique et organique.
Cette année le RCD organisera son université d'été fin septembre et elle se tiendra, selon son président, Atmane Mazouz, dans la ville de Batna. «Une commission nationale de préparation est à pieds d'œuvre. Elle abordera, entre autres, des sujets d'actualité liés à la situation politique que traverse notre pays et beaucoup de thématiques de formation destinées à nos militants», indique le leader du RCD, précisant que l’université d'été est «un moment important dans la vie d'un parti où les militants se regroupent, débattent de la situation politique et affinent leur formation politique».
«Halte politique»
«C'est un événement et une halte politique et organique où la réflexion sur les défis qui nous attendent prennent toute l'importance pour aider à renforcer les rangs du parti et ouvrir des perspectives nouvelles pour notre rassemblement», précise M. Mazouz.
Du côté du Front des forces socialistes (FFS), l'on insiste sur l'importance de ce rendez-vous, notamment, dans le parcours d'un parti politique, mais aucune date n'est encore fixée quant à son organisation. «C'est une tradition pour le FFS d'organiser son université d'été, il est possible que vu le programme d'activité chargé (aussi dans le cadre de l'initiative politique que sera lancée incessamment) que celle-ci ne soit pas programmée aux dates habituelles c'est-à-dire début septembre», note Hassen Ferli chargé de la communication au FFS.
Cette année le doyen de l'opposition fêtera le 60e anniversaire de sa création. «Nous sommes en phase d'élaboration de tout un programme d'activités pour célébrer cette date. Pour l'initiative politique nous allons l'annoncer prochainement et une conférence de presse sera organisée sur le sujet», révèle M. Ferli.
Le MSP tiendra son université d'été fin août à Alger. Le député Ahmed Sadok souligne l'importance de ces assises dans la «consolidation» des rangs et la formation des militants qui sont supposés porter les aspirations de leur parti. «Actuellement nous sommes en train d'élire les dirigeants d'exécutif locaux. Après l'achèvement de cette opération. Les élus sont invités à assister à cette université d'été qui portera sur la manière de concrétiser le plan quinquennal 2023-2028», explique Sadok.
Faute de moyens financiers…
Depuis quelques années, regrettent les dirigeants de ce parti, les universités d'été ne sont plus des tribunes à exploiter comparativement au passé, où la quasi-majorité des partis activaient dans ces espaces dédiés habituellement à la formation et à la mobilisation.
Le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, n'a pas opté, pour une université d'été, mais plutôt pour des regroupements régionaux. «La question de la formation des cadres du parti a été discutée lors de la réunion du conseil national tenue les 23 et 24 juin. Nous avons alors choisi de tenir des regroupements régionaux pour avoir le maximum de participants es et plus de temps possible pour approfondir les échanges à la fois sur les questions théoriques et surtout pratiques », explique Ramdane Taazibt, cadre du parti.
Pour le PT, il ne s’agit pas, poursuit Taazibt, de formation académique mais d’armer les militants, pour affronter la situation politique économique sociale… actuelle et à venir. Pour sa part, Jil Jadid, présidé par Soufiane Djilali, organisera une université d'été de seulement deux jours, le lieu n'est pas encore fixé. «Elle aura probablement dans la capitale avec comme activité des conférences sur le projet de société du parti et des ateliers type leadership, sondages, marketing digital…», détaille Habib Brahmia chargé de la communication du parti.
Chaleur, désintérêt et inefficacité
Pour ce dernier, l'université d'été est importante dans la mesure où elle permet sur le plan interne de réunir tous les militants du parti. «Il est question de réfléchir et de discuter ensemble des positions du parti. Nous essayons également d'en faire un moment agréable pour les militants afin de les rapprocher et de renforcer l'esprit de groupe. C'est aussi un événement politique qui nous permet de rappeler à l'opinion publique l'importance que donne Jil Jadid à la formation de ses militants et au débat interne», confesse Brahmia. L'autre formation politique qui a renoncé à ce choix depuis longtemps est le Rassemblement national démocratique (RND).
Ce parti n'organise plus ces universités d'été depuis plus d'une quinzaine d'années. Pour certains cadres cet événement n'est «ni efficace, ni rentable», d'où son remplacement par des sorties sur le terrain et des ateliers de formation dédiés aux militants et qui s'étalent sur toute l'année.
Ces activités sont initiées, nous explique Jalal Menad de la cellule de communication, dans le cadre d'une feuille de route élaborée exclusivement pour la saison estivale. «Il fait trop chaud en ce moment et une université d'été n'intéressera personne. Le parti n'a rien programmé pour le mois d'août», tranche le cadre du RND.
Pour ce dernier le RND reprendra du service le mois de septembre avec une série de rencontres régionales. «Nous avons prévu dix conférences et des formations au profit des militants et cadres chargé de la communication au niveau du parti», explique-t-il. Idem pour l’ex-parti unique qui préfère s’abstenir d’organiser ce genre d’événements.
«Le FLN n’a pas tenu son université d’été depuis plusieurs années et cette année nous avons un congrès à préparer, donc il est impossible d’organiser notre université d’été du parti», tranche Rachid Assass, pour qui la tenue d’un tel événement n’est point une des «priorités» du moment de son parti.
Pour le FLN, il ne fait aucun doute que les prochains rendez-vous internes, qui sont programmés à court terme, s’inscriront pour leur majorité dans le cadre des préparatifs du 11e congrès qui accuse un retard en raison des conflits qui secouent ces dernières années cette formation politique. Pour l’heure la date de ce congrès n’a pas encore été fixée.