Les pays en développement ont affiché leur déception hier à l’issue des travaux de la conférence de l’ONU en Azerbaïdjan. Le chef des négociateurs du groupe africain, le Kenyan Ali Mohamed, a regretté un engagement financier «trop faible» et «trop tardif» après l’accord prévoyant que les pays riches fournissent 300 milliards de dollars par an de financement climatique aux pays en développement.
«Nous quittons Bakou en sachant que nous avons réalisé des progrès dans certains domaines, mais que ce que nous avons réalisé est loin d’être ce que nous espérions», a-t-il ajouté. Son homologue du Malawi, représentant les 45 pays les plus pauvres de la planète, Evans Njewa, a dénoncé de son côté un accord «pas ambitieux». «Le montant proposé est lamentablement faible. C’est dérisoire», a dénoncé la déléguée indienne Chandni Raina.
Cet engagement financier de pays européens, des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, du Japon et de la Nouvelle-Zélande, sous l’égide de l’ONU, est d’augmenter de 100 milliards aujourd’hui à «au moins 300 milliards de dollars» annuels d’ici 2035 leurs prêts et dons aux pays en développement. Il est question de mettre de l’argent pour s’adapter aux inondations, aux canicules et aux sécheresses. Mais aussi pour investir dans les énergies bas carbone au lieu de développer leurs économies en brûlant du charbon et du pétrole, comme les pays occidentaux l’ont fait pendant plus d’un siècle.
C’était le point le plus attendu de ce sommet où il s’agit de savoir combien, est-ce que les 23 pays développés et l’Union européenne, désignés en 1992 comme responsables historiques du changement climatique, devront-ils fournir aux pays en développement ? Cet engagement financier représente tout compte fait, selon les ONG, deux fois moins que ce que réclamaient les pays en développement, et un effort très réduit si l’on prend en compte l’inflation.
Le texte dont il s’agit prévoit, note l’AFP, que la contribution des pays riches provienne de leurs fonds publics, complétés par des investissements privés qu’ils mobilisent ou garantissent, ou par des «sources alternatives», ce qui signifie d’éventuelles taxes mondiales, toujours en cours de réflexion (sur les grandes fortunes, l’aviation ou le transport maritime). Ces 300 milliards sont censés être le levier permettant d’atteindre un total 1300 milliards de dollars par an d’ici 2035 à destination des pays en développement, selon l’accord. Ce chiffre correspond à leur besoin en finance extérieure, tel qu’estimé par des experts mandatés par l’ONU.
Par ailleurs, les pays occidentaux réclamaient d’élargir la liste des Etats à qui incombe la responsabilité de la finance climatique, estimant que la Chine, Singapour ou des pays du Golfe s’étaient depuis enrichis. Mais la Chine en particulier avait refusé qu’on touche à cette liste. L'accord de Bakou «invite» les pays non développés à fournir des contributions financières, mais elles resteront bien «volontaires», est-il explicitement stipulé.
Aussi l’accord incorpore une nouveauté : désormais, les financements climatiques des pays non développés accordés via des banques multilatérales de développement pourront être comptabilisés dans l’objectif des 300 milliards.