Hier, à l'issue de l'enquête menée par le procureur spécial Jack Smith, l'ancien président des États-Unis a été formellement inculpé. Le procureur spécial insiste sur la nécessité d'un procès immédiat.
Donald Trump est convoqué par la justice ce jeudi. Les accusations portent sur son implication présumée dans la tentative de renversement des résultats de l'élection présidentielle de 2020. Cette nouvelle inculpation constitue la troisième en l'espace de quelques mois pour l'ancien président. Elle est d'autant plus grave et politiquement significative.
L'acte d'accusation, qui s'étend sur 45 pages, souligne que malgré sa défaite électorale, Donald Trump aurait persévéré dans sa volonté de conserver le pouvoir. Pendant plus de deux mois après le scrutin du 3 novembre 2020, il aurait propagé de fausses informations au sujet d'une fraude électorale massive et prétendu faussement être le vainqueur. Ces actions auraient eu pour objectif de semer le doute, la méfiance et la colère parmi le public, tout en sapant la confiance dans le processus électoral.
L'acte d'accusation reconnait le droit de Trump à contester les élections et même à émettre des déclarations mensongères, mais l'accuse d'avoir enfreint la loi en tentant de modifier les résultats de manière illégale. Trois chefs d'accusation distincts sont mentionnés : conspiration en vue de frauder les États-Unis par des méthodes frauduleuses et trompeuses, conspiration pour entraver une procédure officielle (en l'occurrence le décompte et la certification du Congrès le 6 janvier 2021), et conspiration pour violer les droits des électeurs concernant le comptage des voix.
Le procureur spécial Jack Smith a incité le public à prendre connaissance de l'acte d'accusation, soulignant que l'attaque contre le Capitole le 6 janvier 2021 avait gravement compromis le processus démocratique américain. Il a exprimé l'engagement du ministère de la Justice à poursuivre les responsables et à garantir un procès rapide. L'acte d'accusation mentionne également six individus ayant collaboré avec Trump dans ses tentatives de renversement du résultat électoral. Bien que non inculpés pour l'instant, il est facile de reconnaître certains d'entre eux, tels que Rudy Giuliani, John Eastman, Sidney Powell, Jeffrey Clark et Kenneth Chesbro.
Trump, fidèle à sa stratégie de se présenter en victime d'une conspiration politique, avait anticipé son inculpation. Un communiqué de sa part déclarait que l'ancien président avait toujours respecté la loi et la Constitution, qualifiant les accusations de manœuvres politiques. Il comparait ces poursuites à des persécutions similaires sous des régimes autoritaires passés.
Bien que Trump ait déjà fait face à plusieurs inculpations récemment, cette nouvelle inculpation est d'une ampleur politique et historique sans précédent. Elle touche au cœur du système constitutionnel et présente des conséquences politiques considérables. Bien que Trump ait été convoqué pour comparaître en tant qu'accusé ce jeudi, le calendrier politique pourrait bien dépasser les délais du système judiciaire. Même si un procès commence avant l'élection présidentielle prévue en novembre 2024, il est peu probable qu'il soit conclu avant cette date. Malgré tout, Trump a déjà placé sa défense sur le terrain politique en lançant une nouvelle campagne de collecte de fonds, en dénonçant des persécutions politiques à son encontre et en affirmant sa détermination à poursuivre son engagement politique.