Traitement réservé aux Algériens à l’Aéroport Charles-de-Gaulle : Des passagers désapprouvent le comportement de la PAF française

28/01/2025 mis à jour: 10:25
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Photo : D. R.

Dans les médias, on parle d’une nouvelle «guerre des visas» qui se profile à l’horizon, et ce, suite aux déclarations récentes et musclées émanant de responsables politiques français.

Les restrictions en matière d’entrée sur le territoire français pour les ressortissants algériens en provenance d’Alger, détenteurs de visas en bonne et due forme, sont-elles devenues effectives ? 
Des passagers algériens qui transitent par l’aéroport Charles-de-Gaulle (Paris) témoignent, en effet, d’un changement manifeste dans le comportement de la police des frontières à leur égard.

Un changement que certains parmi ces passagers expliquent par la détérioration des relations politiques entre les deux pays, qui, à ne point douter, se sont accentuées ces derniers mois. «Les événements survenus hier soir (samedi, ndlr) à l’aéroport Charles-de-Gaulle m’ont sérieusement interpelé», a indiqué le réalisateur Bachir Derrais dans un post publié sur les réseaux sociaux.

Il a souligné que la discipline habituelle de la police aux frontières «a été soudainement mise à mal par l’arrivée massive de passagers du vol AH 1230 en provenance d’Alger : tout allait très bien et d’un coup, les policiers se sont mis à fermer la majorité des guichets, à l’exception d’un seul réservé aux voyageurs algériens».

Présent sur place, il a ajouté : «De façon surprenante, une préférence a été accordée aux voyageurs d’autres nationalités au niveau de ce guichet, laissant les Algériens, pour la plupart détenteurs de visas et craignant un refus d’entrée, dans une situation de désarroi, incapables de manifester leur désapprobation.» Et de poursuivre : «Cette situation a fini par provoquer une situation d’anarchie (…) Les procédures de contrôle, d’une longueur inhabituelle, ont dépassé en durée le temps de vol lui-même.

Le traitement réservé aux passagers s’est apparenté à un affront, dénué de toute courtoisie ou égard.» Le réalisateur du long métrage Larbi Ben M’hidi n’a pas manqué, par ailleurs, de s’interroger sur la nature de ces désagréments. Les autorités françaises «auraient-elles adopté une démarche punitive à l’encontre de citoyens ordinaires ?»

Et de préciser que parmi les passagers contrôlés par la police des frontières, il y avait des personnes souffrant de maladies et des retraités en fauteuil roulant, dont le planning de vol, comportant des correspondances, a été perturbé.

Tout en espérant que cet incident n’est qu’un simple dépassement isolé et non un acte délibéré, le réalisateur préconise néanmoins de se pencher sur «la problématique de la diaspora algérienne (…) qui réside dans un pays marqué par une influence prégnante des courants politiques de droite et d’extrême droite au sein de ses institutions clés».

«Guerre des visas»

L’incident qui s’est produit à l’aéroport Charles-de-Gaulle, confirmé par d’autres témoins, intervient alors que les appels pour un durcissement dans l’obtention de visas pour les Algériens, toutes catégories confondues, se multiplient de l’autre côté de la Méditerranée. Dans les médias, on parle d’une nouvelle «guerre des visas» qui se profile à l’horizon, et ce, suite aux déclarations récentes et musclées émanant de responsables politiques français.

Ces dernières ont conduit l’Algérie à dénoncer l’influence en France d’une «extrême droite revancharde». «A chaque fois qu’il y a une crise entre la France et l’Algérie, la principale mesure de rétorsion, c’est sur l’immigration», a noté Serge Slama, professeur de droit à l’université Grenoble-Alpes, cité par TV5 Monde.

Les rapports entre les deux pays se sont dégradés, a rappelé le même média, après l’annonce fin juillet par Paris d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. «Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n’y arrivera pas», a encore décoché, dimanche, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui estime que l’accord de 1968 fixant les conditions d’entrée en France des Algériens doit être revu.

Pour Farida Souiah, politiste à l’EM Lyon, la polémique actuelle s’inscrit «dans des dynamiques plus globales où beaucoup de pays» utilisent les questions migratoires comme «leviers diplomatiques», a-t-elle déclaré à TV5 Monde.

A l’instar des Etats-Unis, où le président Donald Trump a fait de cette thématique son cheval de bataille. Si une nouvelle «guerre des visas» franco-algérienne survenait, elle pourrait «créer une ambiance anxiogène», avertit Serge Slama.

Il convient de signaler qu’à partir du 15 mars 2025, un changement majeur attend les Algériens souhaitant avoir un visa pour se rendre en France. Il s’agit du remplacement des prestataires actuels par Capago, une entreprise française désormais désignée comme prestataire exclusif pour la gestion des demandes de visa en Algérie.

Dès la mi-mars, Capago prendra en charge la gestion complète des demandes de visa pour la France, remplaçant les prestataires historiques tels que VFS Global et TLS Contact. Les demandeurs devront effectuer leurs démarches directement via le site internet de Capago, où ils pourront réserver leurs rendez-vous. Les nouveaux centres de collecte ouvriront à partir du 8 avril 2025 dans les grandes villes algériennes, notamment Alger, Oran, Annaba et Constantine.


 

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