Son introduction connaît des progrès dans les écoles : Tamazight, l’enjeu de la recherche

20/04/2023 mis à jour: 23:20
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L'enseignement de tamazight a connu des progrès ces dernières années

Consacrée langue nationale après l’amendement de la Constitution en 2002, puis langue officielle à la faveur de la révision constitutionnelle en 2016, tamazight a connu des progrès depuis son introduction dans l’enseignement durant l’année scolaire 1994-1995. 

D’abord à travers une quinzaine de wilaya. «Le lancement de l’enseignement de tamazight a démarré dans 16 wilayas en fonction de deux paramètres : la disponibilité des enseignants et la prédisposition de l’encadrement scolaire à la constitution de ces classes. Cet enseignement a démarré durant l’année scolaire 1995-1996 avec 233 enseignants ''formés'' par le HCA et un effectif de 37 690 apprenants», a précisé un rapport du HCA rendu public en 2014. Depuis, cet enseignement a progressé bon an mal an, et son étendue géographique s’est même élargie pour toucher plusieurs wilayas du pays.

Samedi 15 avril, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a annoncé que l’enseignement de tamazight sera «généralisé» à partir de la prochaine rentrée scolaire. Sans donner toutefois de détails. A ce jour, on dénombre quelque 48 wilayas qui sont concernées par cet enseignement, note à El Watan le SG du HCA, Si El Hachemi Assad (voir l'entretien). Cette institution aspire à voir cet enseignement atteindre dès la prochaine rentrée scolaire les 10 nouvelles wilayas restantes «pour traduire la dimension nationale de l’apprentissage de tamazight, telle qu'énoncée dans la Constitution de novembre 2020». 

Toutefois, malgré la volonté affichée par les pouvoirs publics, de réelles embûches empêchent la progression de cette langue dans les différents paliers : manque d’encadrement, absence de moyens, résistances dans certaines directions de l’éducation des wilayas, mais le principal verrou reste le caractère facultatif de son enseignement. En 2022, le HCA a adressé aux autorités un mémorandum portant une vision stratégique de promotion de l’enseignement de tamazight (2022-2038). 

L’Académie de la langue amazighe aux abonnés absents

Le document a porté sur «la consolidation de la généralisation de l’enseignement de tamazight au niveau géographique, ainsi que des trois paliers de l’enseignement, mais aussi sur l’actualisation des contenus des enseignements dispensés», mais aussi de la question cruciale de «mise en conformité» de certaines lois sectorielles, telles que la loi d’orientation scolaire, avec la Constitution. 

En plus de l’extension effective de l’enseignement de cette langue à travers le pays, les spécialistes plaident pour le renforcement de la recherche universitaire pour sa véritable promotion. A ce jour, un travail colossal est engagé par les différents départements de langue du pays, les ENS, et les centres de recherche, à l’instar du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight (CNPLET) et du Centre de recherche en langue et culture amazighes de Béjaïa (CRLCA). Une ombre au tableau : l’Académie algérienne de la langue amazighe, créée en 2018 et dont l’une des missions est de «fixer» la langue berbère, de lui donner des règles, est aux abonnés absents. 

Malgré les difficultés liées au manque de moyens, à l’indigence de la recherche et aux pesanteurs administratives, la langue amazighe connaît des progrès. L’amazighisation du milieu est en marche. L’édition capte l’intérêt d’auteurs (romanciers, poètes, essayistes, etc.) de talent. 

Certains ont même participé au prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes, dont la troisième édition a été organisée en janvier dernier, dans le cadre de la célébration officielle de Yennayer 2973. 

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