Le peuple palestinien est sorti, mercredi soir, de 15 mois d’enfer. La joie et ses larmes ont éclaté à l’annonce du cessez-le-feu conclu à Doha. 15 mois durant lesquels des milliers de femmes et d’enfants sont morts sous les bombes «made in America».
15 mois durant lesquels l’humanité, impuissante, observait, désarmée l’extermination du peuple de la Palestine. Benyamin Netanyahu et sa bande de criminels massacraient méthodiquement des innocents condamnés à disparaître de la surface de la terre parce que considérés comme des animaux qui n’ont pas droit à la vie. «Ni eau, ni médicaments, ni aliments pour les Ghazaouis», avait ordonné le ministre de la Défense, Yoav Gallant, au lendemain du 7 octobre.
Il faut utiliser l’arme nucléaire à Ghaza pour régler une fois pour toute la question palestinienne, surenchérissait le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, un fanatique assoiffé de sang. Le monde entier a applaudi à la trêve décidée dans la capitale qatarie, parce qu’il a été témoin en direct du calvaire enduré par les Palestiniens et la «solution finale» mise en œuvre par les Israéliens. Mais il ne faut pas croire que la paix est là. Se rassasier du sang des Palestiniens est devenu une addiction chez le Premier ministre israélien.
La mauvaise foi et la malhonnêteté font partie de son ADN. Il est prêt à sacrifier même une partie des Israéliens pour assouvir ses ambitions. La preuve, il observe le silence sur les accords de Doha. Il a refroidi le monde en traînant les pieds avant de convoquer le cabinet de sécurité pour adopter la trêve. Pour masquer sa mauvaise foi, il a accusé le Hamas de remettre en cause certains points de l’accord, demandant notamment de nouvelles garanties.
Ce qui est absolument faux. Même le président israélien, Isaac Herzog, trouve qu’un bon accord a été adopté à Doha, tant dit que le président américain, Joe Biden, n’a pas caché sa satisfaction en soulignant qu’il s’agit d’un «cessez-le-feu plein et entier». Preuve de l’absence de volonté de paix du colon israélien : 81 Palestiniens ont été tués dans des bombardements quelques heures à peine après l’annonce de l’accord.
En outre, alors qu’on s’attendait à voir les camions de l’aide humanitaire reprendre la route de l’enclave palestinienne, il n’en a rien été alors que l’eau et les médicaments manquent dramatiquement. 12 heures après la conclusion de l’accord, le nombre de morts s’est élevé à 81, notamment des enfants en bas âge, ce n’est pas pour rien que la Cour internationale de justice a lancé un mandat d’arrêt international contre Netanyahu. La paix met en danger l’existence politique du Premier ministre israélien. Cela a commencé avant le 7 octobre.
Il a cherché à limiter les pouvoirs de la Cour suprême pour renforcer les siens. Les Israéliens sont descendus en masse dans la rue pour s’opposer à son projet. Surtout que la justice israélienne a découvert qu’il s’est livré à des malversations financières. Cela signifie que s’il n’est plus Premier ministre, il perd son immunité et se retrouvera en «taule» ainsi que sa femme. Pour rester au pouvoir, il lui fallait avoir la majorité au Parlement, soit 61 sièges sur 120.
Pour avoir la majorité, il a fait alliance avec 2 partis religieux d’extrême droite, celui de Itamar Ben-Gvir, devenu ministre de la Sécurité intérieure, et Bezalel Smotrich ministre des Finances. Tous les deux veulent la poursuite de la guerre. Ben-Gvir lui a fait publiquement du chantage en menaçant qu’il démissionnerait du gouvernement si l’accord avec le Hamas est entériné. Si ces deux extrémistes le quittent, son gouvernement tombe automatiquement.
Netanyahu n’a plus qu’à rejoindre la prison. Il a beaucoup compté sur Donald Trump pour rester au pouvoir, mais ce dernier a exprimé son soutien aux accords de Doha et a menacé de transformer le Moyen-Orient en «enfer» s’ils ne sont pas appliqués. Il n’y a pas de raison d’être optimiste tant que Netanyahu est au pouvoir.
Avec son comportement, ou plutôt ses mensonges, il a refroidi tout son mode. Il a dit d’ailleurs que s’il a accepté la négociation à Doha c’est parce que Trump voulait un accord avant son investiture, prévue le 20 janvier. Malheureusement, le futur locataire de la Maison-Blanche est connu pour être imprévisible et aime beaucoup montrer ses muscles. Il ne donne pas l’impression de trop porter Netanyahu dans son cœur.
A-t-il compris que ce dernier est un individu dangereux, y compris pour le peuple israélien ? Ce qui est sûr, c’est qu’il usera de tous les coups bas pour annuler la trêve. C’est le seul moyen pour qu’il survive politiquement. Quand on voit un individu comme Ben-Gvir hurler hier qu’il ne faut pas envoyer de produits alimentaires à Ghaza, il y a de quoi désespérer sur l’avenir de l’humanité.