La convocation de l’ambassadeur de France intervient dans un contexte d’extrême crispation entre Alger et Paris, accentuée notamment par l’affaire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, en détention depuis le 16 novembre à la prison de Koléa pour «atteinte à la sûreté, à la sécurité et à la stabilité de l’Etat».
Les relations algéro-françaises atteignent un nouveau pic de tension. Des quotidiens nationaux, dont le média gouvernemental El Moudjahid, ont rapporté, hier, que l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères suite aux accusations de «complot orchestré par les services de renseignement français visant à déstabiliser» l’Algérie.
El Moudjahid, citant des sources diplomatiques, précise que Stéphane Romatet a été convoqué la semaine dernière au ministère des Affaires étrangères.
Il lui a été signifié, ajoute la même source, la «ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l’Algérie», soulignant que «ces agissements ne sauraient rester sans conséquences». «Résolue à préserver sa dignité, l’Algérie prendra toutes les mesures qui s’imposent pour faire face à ces tentatives d’ingérence», écrit le quotidien gouvernemental.
Notons que la convocation de l’ambassadeur de France en Algérie intervient dans un contexte d’extrême crispation entre Alger et Paris, accentuée notamment par l’affaire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, en détention depuis le 16 novembre à la prison de Koléa pour «atteinte à la sûreté, à la sécurité et à la stabilité de l’Etat». Mais c’est l’affaire de «complot» qui explique, le plus, le ton très sévère adopté par Alger.
«Desseins hostiles»
Rappelons que la Télévision algérienne (EPTV) et la chaîne internationale AL24 ont diffusé, lundi 10 novembre, un documentaire qui a mis en cause les services de renseignement français dans un «complot» visant à déstabiliser l’Algérie.
«Les services de la Sûreté nationale ont réussi à déjouer un complot orchestré par les services de renseignement français visant à déstabiliser l’Algérie, à travers l’enrôlement d’un jeune Algérien ayant grandi à l’étranger pour servir leurs desseins hostiles», ont révélé ces médias, cités par l’APS. Au cœur de cette affaire, un certain Aïssaoui Mohamed Amine, âgé de 35 ans, lequel «a dévoilé les détails sur les tentatives des services de renseignement français de le recruter», selon l’agence officielle.
Celle-ci a précisé que «ces derniers (services français, ndlr) ont exploité les épreuves qu’a vécues Aïssaoui auparavant lorsqu’il avait été instrumentalisé en Europe pour rejoindre une organisation terroriste». Dans son témoignage, Aïssaoui a relaté les circonstances de son enrôlement, son départ d’Espagne vers la France, puis de la Turquie à la Syrie et enfin en Irak, où il a participé aux combats à Falloujah (Irak) sous le pseudonyme de Abou Rayan.
L’agence officielle explique que cet ancien terroriste «s’est retrouvé dans la ligne de mire des services de renseignement français qui cherchaient à le recruter». Aïssaoui a, souligne la même source, confirmé que «les Français lui avaient demandé de se rendre au Niger, de se rapprocher des extrémistes à Alger» pour gagner leur confiance et de fournir des informations sur les caméras de surveillance et les patrouilles de police en civil, entre autres missions.