Reconnaissance de la Palestine comme état membre de l’ONU : La hantise israélienne

23/04/2024 mis à jour: 01:25
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Benyamin Netanyahu, Premier ministre d’un gouvernement sur la sellette

Le gouvernement israélien mesure parfaitement l’impact d’un débat ouvert actuellement sur l’octroi d’un statut d’Etat membre de l’ONU à la Palestine et s’affole à l’idée que le sujet soit mis sur la table au moment où il mène une guerre censée définitivement enterrer la perspective d’un territoire souverain pour les Palestiniens. 

Au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité, jeudi dernier, autour de la proposition algérienne de consacrer sa place «légitime» au sein de l’Organisation  des Nations unies à la Palestine, Tel-Aviv décide de sermonner ses alliés, des plus fidèles et engagés aux plus tièdes, pour avoir voté en faveur d’une résolution sur le sujet. Quatorze membres du Conseil de sécurité ont , pour rappel, validé la proposition de la mission algérienne obligeant la délégation américaine à recourir au veto pour faire obstacle à son adoption. 

Deux membres permanents du Conseil, le Royaume-Uni et la France, faisant partie du lot des pays qui ont voté en faveur de la résolution, sont concernés par les remontrances israéliennes, de même que le Japon, la Corée du Sud, Malte, la République slovaque et l’Equateur. 

L’Etat hébreu considère que le groupe fait partie de ses soutiens historiques obligés et reçoit mal qu’ils avalisent une proposition qui va à l’encontre de ses intérêts. Le ministre israélien des Affaires étrangères évoque une «vive protestation» à faire entendre aux représentants des chancelleries. 

Mais la protestation ne vise pas seulement à rappeler les soutiens au devoir de bouclier diplomatique acquis au service de Tel-Aviv au sein des institutions internationales. «Israël n’acceptera pas l’établissement d’un Etat terroriste qui mette en danger ses citoyens», a une nouvelle fois martelé le ministre israélien, reprenant en l’occurrence une position qu’affiche ouvertement son gouvernement au mépris des options consensuelles de la communauté internationale, des accords signés (ceux d’Oslo notamment) et du droit international, depuis au moins 6 mois. L’ordre du jour de la réunion du Conseil de sécurité jeudi dernier, et le vote par 14 de ses membres en faveur d’une place plus représentative à la Palestine que son statut mineur de membre observateur, s’inscrit en droite ligne contre ces projections.
 

Moment de vérité diplomatique 

L’objectif de la proposition algérienne a sans doute été d’acculer les délégations des capitales représentées au sein du Conseil de sécurité de prendre leurs responsabilités et d’assumer leurs positions diplomatiques sur la solution des deux Etats, que Tel-Aviv fait tout aujourd’hui pour ensevelir sous les décombres de Ghaza. La proposition a eu le mérite également de s’attaquer aux racines du mal et de mettre en discussion une solution politique. 

Ce qui bien entendu contrarie lourdement les desseins israéliens et cette volonté de prendre prétexte sur les attaques du 7 octobre pour, une fois pour toutes, disqualifier le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat. Washington, qui a bloqué le projet de résolution après avoir tout fait pour ajourner les débats au Conseil de sécurité, sait également que la validation de l’option d’un siège à l’ONU pour les Palestiniens allait affaiblir son allié israélien à ce moment précis de la guerre contre Ghaza, du moins reconfigurer les donnes de l’équation politique et son pendant militaire sur le terrain. 

Près de deux jours après avoir fait obstruction au Conseil de sécurité, les Etats- Unis ont d’ailleurs voté une batterie d’aides financières au profit de Tel-Aviv, dont une grande partie réservée à l’armement et au renforcement des systèmes de défense israéliens. Des voix nombreuses dans le monde se sont pourtant élevées, récemment, pour demander à Washington de donner la démonstration de son engagement déclaré pour un cessez-le-feu en jouant sur la consistance des financements en faveur de l’Etat hébreu. 

L’attaque contre le consulat iranien à Damas puis la réplique de la République islamique semblent avoir servi de levier pour faire passer le feu vert généreux du Congrès américain aux dizaines de milliards de dollars débloqués sans trop d’effets sur l’opinion. 

 

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