Décédé, Jean-Marie Le Pen laisse intactes – et vivaces – toutes ses idées nauséabondes que la société française n’a pas pu éradiquer.
Portées par le Front national, dirigé depuis une dizaine d’années par sa fille Marine, ces idées sont même devenues des programmes de pouvoir dans d’autres partis ou chez diverses personnalités politiques. Il en est ainsi dans le gouvernement actuel et chez un grand nombre de ministres issus de la droite, tels Bruno Retaillau, ministre de l’Intérieur, ou Manuel Valls, ministre des Outre-mer.
Ils sont venus à la rescousse du président Macron pour le faire sortir de l’impasse dramatique dans laquelle il s’est engouffré après sa décision catastrophique de dissolution de l’Assemblée nationale. La France est plongée depuis dans une grave instabilité, se répercutant sur la vie économique, le fonctionnement des institutions et surtout le quotidien des Français. Le pays est bloqué, les comptes budgétaires sont au rouge et les acteurs sociaux n’arrêtent pas de crier leur colère. Les voix les plus lucides ne voient de solution que la démission du président Macron, idée qu'il refuse mais qui fait son chemin.
En attendant, le locataire de l’Élysée cherche des boucs émissaires et se livre à des opérations de détournement de l’opinion publique française. La cible la plus porteuse est l’Algérie, du fait qu’elle polarise la haine de millions de Français, ceux qui votent pour le Front national et une partie de la droite. Macron veut les récupérer et les intégrer dans son vivier électoral pour appuyer sa stratégie de survie politique qui passe par la mise à genoux de l’Algérie. C’est sa politique désormais après avoir longtemps louvoyé, se présentant comme un ami de l’Algérie.
Il balaie ainsi 70 années de «politique prudente» entre Paris et Alger. Même s’il a été l’homme de la terre brûlée durant la guerre d’Algérie, de Gaulle a fini malgré tout à aller dans le sens de la paix entre les deux pays, préservée ensuite par tous ses successeurs, bien que ne soient jamais mises franchement sur la table les questions mémorielles.
Elles sont évoquées à demi-mot, du côté français, ou par petits pas, mais jamais dans le sens de l’essentiel qui est la reconnaissance officielle des crimes coloniaux par Paris, comme cela a été fait avec l’Allemagne. Macron s’y refuse et y compris sur des gestes d’apaisement, comme la décontamination des sites nucléaires français dans le Sud algérien, la restitution totale des crânes de résistants algériens bloqués à Paris, l’ouverture totale des archives, etc.
Afin de se dérober de sa responsabilité historique, il entretient, souvent à travers ses ministres racistes, d’anciens ambassadeurs, comme Driencourt, ou les médias, un climat de crise avec l’Algérie, saisissant le moindre prétexte, comme l’arrestation à Alger de l’écrivain Boualem Sansal.
L’Elysée crie à l’atteinte aux droits de l’homme sans se prononcer sur le fond du délit reproché à l’écrivain et sans attendre que la justice algérienne fasse son travail. Pour enfoncer davantage l’Algérie, il l’attaque sur un dossier auquel elle est très sensible, celui du Sahara occidental, balayant d’un revers de main la politique suivie à Paris jusque-là. Tous les anciens Présidents ont veillé à maintenir une sorte de position de neutralité évitant, comme l’a fait Macron, de reconnaître la «marocanité» du Sahara occidental en violation du droit international. Idem sur la question palestinienne que la France, depuis le 7 octobre 2023, n’a à aucun moment appréhendée dans son véritable aspect, qui est la décolonisation du territoire.
Tout au contraire, Macron a constamment appuyé les dirigeants israéliens sans se soucier du drame humain causé par leurs opérations génocidaires.
Il a accepté l’humiliation de son ministre des Affaires étrangères à El Qods par des militaires israéliens, et annoncé lâchement qu' il n’arrêtait pas le boucher de Tel-Aviv et son ministre de la Guerre sur le territoire français, violant ainsi la décision de la Cour pénale internationale. Ses inconséquences en politique étrangère sont telles, que nombre de pays traditionnellement partenaires ou alliés en Afrique se détournent de la France. La plupart des pays du Sahel ont mis dehors les troupes françaises présentes sur leur sol. Sur le dossier Russie-Ukraine, son approche « va-t-en-guerre » a ruiné les finances et la crédibilité françaises. Jusqu'à quand préservera-t-il sa
peau ?