Projet d’une résolution présenté par l’Algérie au Conseil de sécurité : Les tergiversations américaines

04/02/2024 mis à jour: 00:42
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L’Algérie faisait circuler un projet de résolution pour l’arrêt de la guerre contre Ghaza, une initiative accueillie favorablement par des membres du Conseil - Photo : D. R.

Tard vendredi dernier, l’ambassadrice américaine à l’ONU a mis en garde contre le projet de résolution pour un cessez-le-feu à Ghaza, que l’Algérie faisait circuler depuis le début de la réunion du Conseil de sécurité, mercredi, sous prétexte qu’il «pouvait mettre en péril les négociations sensibles», visant à obtenir «une pause humanitaire».

Alors que les débats au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, réuni à la demande de l’Algérie, sur la situation humanitaire désastreuse à Ghaza et la nécessité de rendre exécutoires les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ), de plus en plus des voix au sein de cette haute instance s’élevaient pour exiger un cessez-le feu et le respect du droit international, l’Algérie faisait circuler depuis mercredi, un projet de résolution pour l’arrêt de la guerre contre Ghaza.

Une initiative accueillie favorablement par de nombreux membres du Conseil mais fait grincer des dents l’ambassadrice des USA qui s’est empressée, vendredi en fin de journée, de faire une déclaration, au siège de l’ONU, pour stopper l’élan algérien.

«Le projet de résolution pourrait mettre en péril des négociations sensibles, faisant dérailler les efforts diplomatiques exhaustifs et en cours pour obtenir la libération des otages et garantir une pause prolongée dont les civils palestiniens et les travailleurs humanitaires ont si désespérément besoin», a annoncé Mme Thomas-Greenfield à un parterre de journalistes.

La diplomate faisait référence à l’offre, en attente de réponse, faite par son pays, le Qatar, l’Egypte et Israël à Hamas. «Si elle est acceptée et mise en œuvre, cette proposition rapprocherait toutes les parties de la création des conditions nécessaires à une cessation durable des hostilités», a précisé l’ambassadrice US qui va plus loin, avec des mises en garde à peine voilée, en disant : «Le Conseil a pour obligation de garantir que toute mesure que nous prendrons dans les prochains jours accroîtra la pression sur le Hamas pour qu’il accepte cette proposition».

Visiblement, le plus important pour la représentante des USA n’est pas d’arriver à un cessez-le feu rapide, auquel son pays s’est opposé, en utilisant le droit de veto, mais plutôt à des pauses pour libérer les otages détenus par le Hamas.

Or, à quelques jours de l’entame du 4e mois, depuis le début de la guerre contre Ghaza, en réaction aux attaques du 7 octobre dernier, Israël n’a non seulement pas pu libérer les otages, mais a provoqué un désastre humanitaire, avec un bilan de plus près de 28 000 civils tués, majoritairement des femmes et des enfants, plus de 10 000 portés disparus, plus de 60 000 blessés, la destruction totale des infrastructures de base et une déportation forcée de plus de 2 millions de Ghazaouis.

La sortie médiatique de la diplomate américaine intervenait, après la visite du Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed Bin Abdulrahman Al Thani, au secrétaire général de l’ONU, à New York, Antonio Guterres, «pour l’informer de l’état des négociations», avait affirmé le porte-parole de l’organisation onusienne, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse, vendredi dernier.

L’ambassadrice US «ne pense pas» que la résolution algérienne pour un cessez-le feu «ajoute quoi que ce soit à ce que nous avons déjà, mais nous craignons qu’elle nuise à ce que nous faisons actuellement sur le terrain».

Les déclarations et pressions US sur le Conseil de sécurité

Ce qui s’apparente à un niet anticipé des Etats-Unis, à toute demande de cessez-le-feu, à Ghaza, comme ils l’ont déjà exprimé à travers le recours au droit de veto pour bloquer deux résolutions du Conseil de sécurité, depuis le 7 octobre dernier.

Mieux encore, les Etats-Unis se sont abstenus à deux reprises, ce qui a permis au Conseil de sécurité d’entériner des résolutions non contraignantes appelant à des pauses humanitaires qui, sur le terrain, n’ont pu être effectives en raison des bombardements intensifs et sans discontinuité menés par l’armée sioniste à travers toute l’enclave de Ghaza.

Lors de deux conférences de presse, les porte-parole du secrétaire général de l’ONU dont Stephane Dujarric, ont été interrogés sur le message du chef de l’ONU aux 15 membres du Conseil de sécurité, à propos du projet de résolution pour un cessez-le feu, présenté par l’Algérie. Ils ont répondu : «Le message est celui de l’unité.

Le secrétaire général a appelé à un cessez-le-feu humanitaire. C’est ce qu’il aimerait. Il souhaiterait voir le Conseil unifié sur cette question». Concernant la visite du Premier ministre du Qatar, au siège de l’ONU, ils ont déclaré que «cela fait partie des consultations en cours du secrétaire général avec les dirigeants qataris.

Le Premier ministre était là. Ils ont, sans surprise, discuté des efforts en cours pour mettre fin aux combats, obtenir la libération des otages et assurer le soutien aux opérations humanitaires».

Interrogés sur une probable discussion avec le Premier ministre qatari et le chef de l’ONU sur les financements de l’Unrwa, les responsables se sont contentés de confirmer que le sujet «a été abordé dans une atmosphère très positive».

Interrogés sur les déplacements forcés de la population à Khan Younès, les porte-parole ont exprimé leur «inquiétude extrême» avant d’ajouter : «Nous avons déjà vu l’impact sur les civils des actions à Khan Younès.

Et aussi l’impact sur nos propres installations lorsque notre complexe a été touché. Évidemment, depuis le début des opérations terrestres, il y a eu des mouvements de personnes vers le Sud.

Ainsi, plus on s’éloigne vers le Sud, plus la population est densément peuplée et les gens vivent dans des conditions de fortune désastreuses, à l’air libre et/ou dans des tentes très fragiles, par temps froid et humide. C’est donc effectivement très inquiétant».

Dans un autre point de presse, les porte-parole ont été questionnés sur le nombre sans précédent de journalistes tués à Ghaza et les mesures que l’ONU devrait prendre pour mieux protéger les professionnels des médias qui couvrent les conflits armés. «Soyons honnêtes. Sur le terrain, nous ne pensons pas que nous puissions agir.

Nos travailleurs humanitaires sont comme des journalistes, ils sont en première ligne et ils l’ont payé de leur vie. Nous savons que plus de 150 de nos collègues ont péri dans ce conflit. Nous avons exprimé à maintes reprises, publiquement et en privé, notre préoccupation concernant les journalistes, leur capacité à faire leur travail sans peur et sans menace pour leur vie.

Comme dans tout conflit, le rôle des journalistes est essentiel pour l’opinion publique, pour que le monde ait une idée de ce qui se passe sur le terrain», ont déclaré les responsables onusiens.

Un journaliste a fait état d’une une douzaine de sénateurs républicains qui ont envoyé une lettre aux dirigeants de la majorité et de la minorité au Congrès américain, exigeant que tout programme budgétaire supplémentaire adopté comprenne «une interdiction immédiate et permanente des contributions américaines à l’Unrwa» et demandé aux intervenants s’il y a eu, depuis, des prises de contact pour en savoir plus.

La réponse a été : «Nous avons vu ces rapports. Nous sommes évidemment en contact avec le gouvernement américain. Nous pensons que le secrétaire général a rencontré le représentant permanent des Etats-Unis, il y a quelques jours. Ils ont discuté de la question.

Le secrétaire général s’est largement entretenu avec les principaux donateurs de l’Unrwa. Cette réunion a duré plus de deux heures, au cours de laquelle il a écouté leurs préoccupations, a tenté d’y répondre et a clairement indiqué l’action rapide que nous prenons». 

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