Le républicain a su incarner la revanche des Américains se sentant déclassés, le conservatisme moral rassurant des millions d’Américains redoutant un progressisme caricaturé associé au «wokisme». Ces Américains qui ne croient pas à une mission particulière des Etats-Unis dans le monde, mais à la nécessité de se recentrer sur la sécurité et la prospérité du peuple américain.
Il est de retour. Le républicain Donald Trump a remporté l’élection présidentielle américaine hier, après une campagne face au président Joe Biden puis à la vice-présidente Kamala Harris. Victoire confirmée après qu’il a remporté l’Etat pivot du Wisconsin, ce qui lui a permis d’obtenir 10 voix du collège électoral. Il a également remporté le Wisconsin en 2016, premier républicain à le faire depuis Ronald Reagan, un Etat qu’il a ensuite perdu en 2020 au profit de Joe Biden.
Avec sa nouvelle victoire dans le Wisconsin, il s’assure déjà les 277 voix du collège électoral, ce qui lui permet de dépasser les 270 nécessaires pour remporter la présidence des Etats-Unis. Composé de 538 grands électeurs, le collège électoral doit encore se réunir le 17 décembre, afin de voter officiellement pour le président et le vice-président. Ces derniers seront ensuite investis le 20 janvier 2025, puis pourront appliquer leur programme.
Ainsi, Donald Trump a réussi son pari de revenir à la Maison-Blanche, lui qui a perdu la présidentielle en 2016 face au démocrate Joe Biden. Défaite qu’il n’a jamais reconnue.
Le come-back du républicain est extraordinaire : sa troisième campagne a été marquée par deux tentatives d’assassinat, quatre inculpations et une condamnation au pénal. Il doit être fixé sur sa peine le 26 novembre, dans une affaire de paiements dissimulés à une star de films pornographiques.
Comme en 2016, sa victoire est rapide, l’ancien président raflant les deux Etats disputés de Caroline du Nord et de Géorgie, la Pennsylvanie, avant que le Wisconsin ne vienne enterrer les derniers espoirs de la vice-présidente.
Il a recueilli bien plus de voix que son adversaire, alors que les sondages créditaient Kamala Harris d’intentions de vote supérieures à l’échelle nationale. Il a près de 5 millions de voix de plus que sa rivale (71 millions de voix contre 66 selon des résultats partiels). Selon l’agence de presse américaine AP, le vote en sa faveur a progressé dans la quasi-totalité des Etats américains par rapport à la présidentielle d’il y a quatre ans.
Dans les Etats où sa victoire était prévisible, il a recueilli plus de voix que prévu par les sondages : un écart de 13 points avec sa rivale en Floride, 14 et 12 points respectivement au Texas et l’Ohio. Le dépouillement n’est pas terminé, et son adversaire ne peut pas rattraper un tel écart. Ce come-back fait de lui le deuxième président américain à faire deux mandats non consécutifs après Grover Cleveland. Ce dernier, premier démocrate à entrer à la Maison Blanche après la guerre de Sécession, a été élu en 1884. Battu en 1888 par le républicain Benjamin Harrison, il est réélu en 1892. Grover Cleveland a ainsi été le 22eᵉ et le 24eᵉ président des Etats-Unis.
Comme Grover Cleveland
Après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, Donald Trump est parvenu, comme en 2016, à convaincre les Américains qu’il est un candidat antisystème, comprenant leurs difficultés du quotidien mieux que personne. Il a su incarner la revanche des Américains se sentant déclassés, le conservatisme moral rassurant des millions d’Américains redoutant un progressisme caricaturé associé au «wokisme».
Ces Américains qui ne croient pas à une mission particulière des Etats-Unis dans le monde, mais à la nécessité de se recentrer sur la sécurité et la prospérité du peuple américain. Ils veulent préserver le mode de vie américain menacé par l’immigration et les élites mondialisées. Ils incarnent les communautés locales. Comme ils sont attachés au droit de détenir des armes, symbole de l’auto-défense et considèrent les gouvernants avec suspicion. Pour eux, la politique des identités et le multiculturalisme constituent une menace pour la nation.
Son adversaire Kamala Harris qui a mené une campagne éclair après le retrait de Joe Biden a échoué à devenir la première femme à diriger la première puissance économique et militaire mondiale. Elle est la deuxième femme après Hillary Clinton en 2016 à tenter d’accéder à la Maison-Blanche. En campagne pour Kamala Harris, l’ancienne secrétaire d’Etat a appelé les Américains à briser enfin «le plus haut, le plus difficile des plafonds de verre» en élisant la candidate démocrate. En vain. L’ultime plafond de verre résiste toujours.
Dans son discours de victoire, Donald Trump a appelé à l’«unité», exhortant les Américains à mettre «les divisions des quatre dernières années derrière nous». Le nouveau président pourra s’appuyer sur le Sénat que les républicains ont repris dans la nuit aux démocrates. Et son triomphe sera complet si son parti conserve la Chambre des représentants.