Près d’un enfant sur dix dans le monde forcé au travail : L’OIT tire la sonnette d’alarme

14/06/2023 mis à jour: 09:37
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Photo : D. R.

Quelque 160 millions d’enfants, soit près d’un enfant sur dix dans le monde, travaillent. 80 millions sont soumis aux formes les plus dangereuses du travail.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a alerté lundi sur le nombre croissant d’enfants forcés au travail dans le monde. «Pour la première fois en 20 ans, le travail des enfants est en augmentation», a déclaré Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT.

Les chiffres avancés par l’OIT sont alarmants : quelque 160 millions d’enfants, soit près d’un enfant sur dix dans le monde, travaillent. La moitié d’entre eux, soit 80 millions, sont soumis aux formes les plus dangereuses du travail des enfants, a ajouté M. Houngbo, estimant qu’«il s’agit d’un travail qui menace réellement leur santé physique et mentale». Il a, à cet égard, appelé la communauté internationale à soutenir une plus grande justice sociale et à intensifier la lutte contre ce phénomène.

«Ce qui se passe avec le travail des enfants est tout le contraire de la justice sociale», a-t-il souligné dans un message à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Une journée célébrée cette année sous le thème «La justice sociale pour tous. Mettons fin au travail des enfants».

Le chef de l’OIT a en outre appelé à soutenir la «justice sociale», tout en plaidant pour la ratification universelle de la convention n° 138 sur l’âge minimum. «Cela permettrait d’octroyer à tous les enfants une protection juridique contre toutes les formes de travail des enfants, au même titre que la convention n° 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, qui a été ratifiée de manière universelle en 2020», lit-on dans un communiqué de l’OIT qui tient sa 111e Conférence annuelle à Genève, s’étalant du 5 au 16 juin.

L’abolition du travail des enfants est une pierre angulaire de l’aspiration à la justice sociale, selon laquelle chaque travailleur peut librement revendiquer, à égalité de chances et de traitement, sa juste part de la richesse qu’il a contribué à générer, selon l’OIT. Celle-ci rappelle que, pendant près de deux décennies, le monde a fait des progrès constants dans la réduction du travail des enfants.

Mais ces dernières années, les conflits, les crises et la pandémie de Covid-19 ont plongé davantage de familles dans la pauvreté et contraint des millions d’enfants supplémentaires à travailler. Pour l’organisation onusienne, l’expérience cumulée de la lutte contre le travail des enfants au cours des trois dernières décennies a montré que ce phénomène peut être éliminé si l’on s’attaque à ses causes profondes.

Les mesures pour y remédier comprennent l’établissement et la mise en œuvre d’un cadre juridique solide, fondé sur les normes internationales du travail et le dialogue social, l’accès universel à une éducation de qualité et à la protection sociale, ainsi que des mesures directes pour réduire la pauvreté, l’inégalité et l’insécurité économique, et pour promouvoir le travail décent pour les travailleurs adultes, explique l’OIT.

Il y a lieu de savoir que les délégués des travailleurs, des employeurs et des gouvernements des 187 Etats membres de l’OIT abordent, à l’occasion de la Conférence annuelle à Genève, un large éventail de questions, notamment une transition juste vers des économies durables et inclusives, des apprentissages de qualité et la protection des travailleurs.

CNDH : «Les moins de 16 ans représentent 0,001% de la main-d’œuvre nationale»

En Algérie, l’arsenal juridique, largement renforcé ces dernières années, a dressé de nombreux garde-fous pour lutter contre le phénomène du travail forcé des enfants. C’est ce qu’a affirmé lundi le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), estimant que ce phénomène «est quasi inexistant en Algérie», au vu du grand nombre d’instruments juridiques et de mécanismes de contrôle mis en place par l’Etat.

Le CNDH a ainsi souligné le souci de l’Algérie indépendante, dans toutes ses Constitutions, de garantir la protection de l’enfant, citant à titre d’exemple la Constitution de 2020 (articles 66 et 71) qui affirme «l’engagement permanent de l’Etat de protéger les enfants contre le travail infantile».L’Algérie, rappelle le Conseil, était «l’un des premiers pays à ratifier la Convention internationale relative aux droits de l’enfant en 1992».

Il a également cité son adhésion à la Convention internationale n°138 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur l’âge minimum d’admission à l’emploi en 1984, ainsi qu’à la Convention n°182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination en 2001. Le CNDH a aussi mis en exergue les récentes statistiques officielles qui révèlent que «le taux de travail des enfants de moins de 16 ans est de 0,001% du total de la main-d’œuvre nationale».

Il s’agit là «du résultat d’une politique publique sage, qui veille sur l’interdiction du travail des enfants de moins de 16 ans et de l’obligation de l’enseignement de l’enfant algérien (…)». Le CNDH a, dans ce cadre, rappelé le caractère obligatoire et gratuit de l’enseignement et l’accès aux différents modes et spécialités de l’enseignement et de la formation 
professionnels. M. A.

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