Poursuite des bombardements sur l’enclave palestinienne : Le chef du Hamas rencontre Erdogan à Istanbul

21/04/2024 mis à jour: 03:20
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, recevant hier le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh

L’armée d’occupation israélienne a intensifié ses frappes meurtrières sur la bande de Ghaza, territoire qu’elle assiège et bombarde continuellement depuis 196 jours et où environ 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine, selon les Nations unies.


Les Nations unies ont dénoncé hier la destruction intentionnelle d’équipements médicaux sophistiqués et difficiles à obtenir dans les hôpitaux et les maternités assiégés de Ghaza, aggravant ainsi les risques pour les femmes qui accouchent déjà dans des «conditions inhumaines et inimaginables».

 Des missions récentes menées par l’ONU dans dix hôpitaux de Ghaza ont révélé que beaucoup d’entre eux étaient «en ruine» et que seuls quelques-uns étaient capables de fournir des services en matière de santé maternelle et infantile, a déclaré Dominic Allen, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) de Palestine, selon l’AFP. 

Il a décrit avoir vu du matériel «volontairement brisé, des échographes aux câbles coupés, des écrans d’équipements médicaux sophistiqués, comme des échographes et autres matériels, ont été brisés». Ce que les équipes ont vu dans le complexe hospitalier Al Nasser, longtemps assiégé par les forces israéliennes lors de leurs opérations dans la ville méridionale de Khan Younès, «me brise le cœur», a-t-il dit, s’exprimant devant des journalistes à Genève par liaison vidéo depuis Jérusalem.

Le ministère de la Santé de la bande de Ghaza a annoncé que le nombre de personnes tuées dans l’enclave depuis le 7 octobre 2023 dépassait les 34 000. Au moins 42 morts supplémentaires ont été enregistrés hier en vingt-quatre heures, portant le bilan à 34 012 personnes tuées, selon un communiqué du ministère, qui fait également état de 76 833 blessés en plus de six mois de guerre. 

Dans un contexte de tensions ravivées entre Israël et l’Iran et où une explosion imputée à Israël sur une base militaire en Irak abritant des groupes paramilitaires pro-Iran a fait un mort et huit blessés, une rencontre a eu lieu hier entre le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, au palais de Dolmabahce à Istanbul, selon les médias turcs.

A travers cet activisme politique, la Turquie viserait, selon les observateurs, à maintenir la question palestinienne au premier plan, à renforcer son influence dans le dossier palestinien et à satisfaire l’opinion publique turque.

Forcer le blocus

Cette visite intervient alors que le Qatar, pays de résidence du chef de l’aile politique du Hamas, dit vouloir «réévaluer» son rôle de médiateur pour obtenir une trêve et la libération des 129 otages israéliens toujours retenus à Ghaza. «Même s’il ne reste que moi, je continuerai aussi longtemps que Dieu me donnera vie à défendre la lutte palestinienne et à me faire la voix du peuple palestinien opprimé», avait déclaré Erdogan la semaine dernière devant les députés de son parti. 

Alors que le Qatar piétine dans les négociations et menace de se retirer, la Turquie pourrait en profiter pour reprendre la médiation au nom de ses bonnes relations avec le Hamas. Par ailleurs, l’ONG turque IHH veut tenter de forcer le blocus naval de Ghaza, imposé par Israël en 2007. 

La Fondation turque de secours humanitaire (IHH) a indiqué vendredi que trois navires chargés d’environ 5000 tonnes de nourriture et de fournitures ont eu le feu vert des autorités turques pour rejoindre la bande de Ghaza. La date de départ est prévue pour «les prochains jours», mais aucune précision n’a encore été apportée. 

Parmi les autres nouvelles du front diplomatique, il est à préciser que le G7 a mis en garde Israël contre une offensive terrestre dans le sud de l’enclave. Une intervention israélienne à Rafah aurait «des conséquences catastrophiques sur la population civile», ont affirmé les chefs de la diplomatie des membres du G7, dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion de trois jours dans la petite île italienne de Capri. «Nous réitérons notre appel en faveur d’un plan crédible et pratique d’un point de vue logistique pour y protéger la population civile», ajoutent-ils.


«Grande inquiétude»

Le G7 a aussi déploré «toutes les pertes de vies civiles et ‘‘note’’ avec grande inquiétude le nombre inacceptable de civils, dont des milliers de femmes, d’enfants et de personnes en situation de vulnérabilité, qui ont été tués à Ghaza».

Par ailleurs, l’UE a inscrit deux organisations israéliennes, Lehava et Hilltop Youth, sur sa liste noire, et sanctionné quatre individus : Meir Ettinger, Elisha Yered, les dirigeants du groupe Hilltop Youth, ainsi que les colons Neria Ben Pazi et Yinon Levi. La décision de l’UE de cibler des colons violents en Cisjordanie survient deux mois après que des mesures similaires ont été prises par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. 

Ces personnes et entités sanctionnées «sont responsables de graves violations des droits humains à l’encontre des Palestiniens», a déclaré le Conseil de l’UE, l’institution qui représente les 27 Etats membres. 

Ces violations incluent «des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que la violation du droit à la propriété et du droit à la vie privée et familiale des Palestiniens en Cisjordanie», a expliqué le Conseil de l’UE dans un communiqué. Les sanctions prévoient le gel des avoirs et l’interdiction de visa.

Il faut dire, à ce propos, qu’Israël se rend coupable de plusieurs crimes en Cisjordanie. Selon des informations publiées hier par l’agence palestinienne Wafa, Fathi Nasrallah, 16 ans, est mort après avoir été «touché à la tête par des tirs israéliens» dans le camp de déplacés de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Salim Faisal Ghanem, 30 ans, a été «tué par les troupes israéliennes» vendredi dans le camp voisin de Nour Shams, selon Wafa. 

Le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’un mort et de deux blessés par balle lors d’un raid de l’armée d’occupation dans le camp, précisant que l’un des blessés est un secouriste qui tentait d’intervenir dans le camp.
 

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