Pour un leadership palestinien unifié en prévision de l’après-Ghaza

04/03/2024 mis à jour: 11:20
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Dans le contexte de la guerre totale menée par l’entité sioniste contre Ghaza et contre l’ensemble du corps national palestinien, il apparaît plus 
que jamais urgent que le Fatah et le Hamas, les deux poumons de la résistance palestinienne, unissent leurs forces en prévision des batailles à venir.


Plusieurs organisations palestiniennes, dont principalement le mouvement Fatah, le Hamas et le Jihad islamique, ont annoncé leur intention d’«unir leurs voix sous la bannière de l’OLP». Cette déclaration a été faite vendredi dernier au lendemain d’une réunion importante qui a rassemblé plusieurs composantes de la résistance palestinienne à Moscou.

L’objet de cette réunion était d’envisager des «pourparler sur la guerre à Ghaza et sur l’après-guerre» indique l’AFP. Le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique se sont, notamment, entendus sur la nécessité «d'un dialogue à venir pour parvenir à une unité nationale globale incluant toutes les forces et factions palestiniennes dans le cadre de l'Organisation de libération de la Palestine», selon leur déclaration commune.

Les représentants des différents mouvements qui ont pris part à ce conclave ont qualifié les discussions de «constructives». D’après des sources médiatiques, les dirigeants palestiniens réunis à Moscou ont exprimé leur intransigeance sur le «retrait des forces israéliennes de la bande de Ghaza» et le principe de création d’un Etat palestinien souverain. Ils ont en outre montré des convergences de vues à propos de la reconstruction de Ghaza.

Préalablement à ce rapprochement interpalestinien, Moscou a fait preuve d’un activisme diplomatique assez soutenu afin de donner toutes ses chances à cette rencontre de réconciliation entre les groupes palestiniens rivaux. «Le 16 février, la Russie a annoncé avoir invité les dirigeants des factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, à des pourparlers à Moscou qui dureraient trois jours», indique le site web d’Al Jazeera Mubasher (aljazeeramubasher.net, article du 28 février 2024).

«Ensuite, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a annoncé que tous les représentants des Palestiniens et toutes les forces politiques qui ont des représentants dans divers pays – dont la Syrie et le Liban – ainsi que le mouvement Fatah, représenté par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, avaient été invités» poursuit la même source.

«Le 18 février, lors d'une réunion des dirigeants palestiniens, Abbas a accueilli favorablement l'invitation russe et a souligné la nécessité d'adhérer au programme politique de l'OLP ''et de mettre fin aux conséquences du coup d'Etat de 2007, et d'adhérer au principe d'une autorité unique, une loi, une force armée légitime et une résistance populaire pacifique''.»

«Le 19 janvier, une délégation du Hamas dirigée par le chef du bureau des relations internationales du mouvement, Moussa Abu Marzouk, a tenu des discussions à Moscou lors de la deuxième visite de ce type depuis le début de la guerre israélienne contre Ghaza.» Al Jazeera Mubasher rappelle que le cabinet de Vladimir Poutine «a reçu une délégation du Hamas le 26 octobre, quelques semaines après le lancement par la résistance palestinienne de l'opération Déluge d’Al Aqsa le 7 octobre».

Fatah-Hamas : une réconciliation vitale

Du point de vue du timing, le média qatari note que cette «réunion des représentants du Hamas et du Fatah à Moscou intervient après la démission du gouvernement palestinien, considérant que la prochaine étape nécessite la formation d'un nouveau gouvernement qui se concentrera sur la question de l'unité nationale et du renforcement de l'Autorité nationale sur l'ensemble du territoire palestinien, selon le Premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh».

Le site d’information de la chaîne qatarie fait cependant remarquer que «la démission du gouvernement palestinien s’inscrit dans le cadre de revendications internationales en faveur d’un ''gouvernement technocratique'' indépendant des factions palestiniennes qui dirigeront plus tard la reconstruction de Ghaza».

Et de citer l'ambassadeur palestinien au Royaume-Uni, Hossam Zomlot, et sa récente déclaration au journal britannique The Guardian dans laquelle il assurait que «Hamas n'aura pas de membres dans le nouveau gouvernement technocratique», tout en précisant que le parti d’Ismaïl Hanniyeh serait consulté lors des étapes à venir.

Il convient de rappeler que depuis la crise de 2006-2007 entre le Hamas et le Fatah qui avait tourné à la guerre fratricide et conduit à la création de deux «gouvernements» rivaux, l’un siégeant à Ramallah, l’autre à Ghaza sous l’autorité du Hamas, il y a eu de nombreuses tentatives de réconciliation entre les deux frères ennemis.

L’un des derniers actes de cette lente et laborieuse réconciliation a été la réunion d’Alger d’octobre 2013 qui avait été couronnée par la Déclaration d’Alger.

Celle-ci recommandait notamment de «mettre en avant l'importance de l'unité nationale comme base de toute résistance à l'occupation, à même de réaliser les objectifs légitimes du peuple palestinien, tout en adoptant la voie du dialogue et de la concertation pour résoudre les différends sur la scène palestinienne, dans le but de permettre à tous d'adhérer à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant légitime du peuple palestinien».

Dans un récent papier intitulé «Guerre Israël-Hamas : le Fatah et le mouvement islamiste multiplient les contacts en vue d’une réconciliation palestinienne», le journal Le Monde décrypte : «Quel pouvoir pour gouverner Ghaza et les territoires palestiniens après la guerre ?

Alors que Washington et ses alliés arabes lient la négociation d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à un projet global de résolution du conflit, qui pourrait commencer par la reconnaissance de l’Etat palestinien par les Nations unies, les factions palestiniennes hésitent.

Le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie, et le Hamas, qui plie mais ne rompt pas à Ghaza, multiplient les contacts en vue d’une réconciliation, sans cesse repoussée depuis leur rupture, en 2007» (article du 19 février 2023). Et Le Monde de souligner : «Ce dialogue a été noué par des dissidents et des critiques du président Mahmoud Abbas, issus de son parti, le Fatah, qui ont envoyé leurs émissaires au Qatar, où résident en exil des cadres du mouvement islamiste.

Puis des caciques du Fatah leur ont emboîté le pas. Successeurs potentiels d’un président âgé de 88 ans, ils jugent que les deux partis ont besoin l’un de l’autre pour survivre.

Cette agitation a contraint Mahmoud Abbas à faire lui-même le voyage à Doha, le 11 février. (…) M. Abbas s’est enquis auprès de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, des négociations que Doha facilite entre Israël et le mouvement islamiste. D’un communiqué sec, le « raïs » a engagé le 14 février le Hamas ''à conclure rapidement un échange de prisonniers'' avec l’Etat hébreu, afin de laisser s’ouvrir une séquence diplomatique, dans laquelle il se veut incontournable.»

Quels que soient les intentions, les motivations et les calculs politiques des uns et des autres, dans le contexte de la guerre totale menée par l’entité sioniste contre Ghaza et contre l’ensemble du corps national palestinien, il apparaît plus que jamais urgent que le Fatah et le Hamas, les deux poumons de la résistance palestinienne, fassent front autour d’un leadership palestinien solide et uni en prévision de l’après-Ghaza. 

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