Plusieurs sites militaires détruits : Israël bombarde impunément la Syrie

11/12/2024 mis à jour: 21:16
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Photo : D. R.

Après avoir pris le contrôle de la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupé,  en «violation» de l’accord de désengagement de 1974, selon l’ONU, Israël a mené des attaques massives contre les installations militaires syriennes.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, a annoncé, hier, que l’armée israélienne «a détruit les principaux sites militaires en Syrie», après avoir mené plus de 300 frappes aériennes dans le pays, depuis la prise de Damas par les rebelles et la chute du président Bachar Al Assad.

Israël a, entre autres, bombardé des aéroports, des radars, des dépôts d’armes et de munitions et des centres de recherche militaires dans plusieurs régions, dont celle de Damas, et a endommagé des navires de la marine syrienne en attaquant une unité de défense aérienne près du grand port de Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, selon cette ONG.

Des journalistes de l’AFP, basés dans la capitale, ont entendu de fortes explosions à l’aube, des images de l’AFP montrant d’épaisses colonnes de fumée au-dessus du centre, où des combattants des forces rebelles qui ont pris Damas dimanche patrouillent les rues et sont postés sur la place centrale des Omeyyades.

Un centre de recherche scientifique à Damas, relevant du ministère de la Défense,  visé par un raid israélien, rapporte l’OSDH, a été complètement détruit. Ce centre était, selon les Etats-Unis, lié au programme d’armement chimique syrien. Selon l’OSDH, Israël entend détruire «les armes restantes» de l’ancien pouvoir, allié de l’Iran et du Hezbollah libanais ainsi que de la Russie.

Le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, a confirmé que des navires lance-missiles de la marine israélienne avaient mené une «opération de grande envergure» contre la flotte syrienne. «L’armée israélienne a mené des opérations en Syrie ces derniers jours pour frapper et détruire les capacités stratégiques qui menacent l’Etat d’Israël.

La marine a opéré la nuit dernière pour détruire la flotte syrienne avec un grand succès», a déclaré Katz lors de la visite d’une base navale dans la ville de Haïfa, dans le nord du pays. Le ministre a également averti les nouveaux dirigeants syriens de ne pas suivre «la voie d’Al Assad», en référence au président déchu Bachar Al Assad.  

L’armée israélienne, qui a démenti  des informations faisant état d’une avancée de ses chars vers Damas,  a aussi confirmé que ses forces «sont stationnées dans la zone tampon» avec la Syrie à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël, «et aux points de défense près de la frontière» pour «protéger» le pays.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a annoncé,  dimanche, après la chute du président syrien Bachar Al Assad, avoir ordonné à l’armée de «prendre le contrôle» de la zone tampon du Golan. Une mesure «limitée et temporaire prise pour des raisons de sécurité», selon le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar.

Vives condamnations

Le déploiement de l’armée israélienne dans la zone tampon du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, a été dénoncé par plusieurs pays. Le ministère turc des Affaires étrangères a dénoncé la «mentalité d’occupation» d’Israël après l’incursion israélienne dans la zone tampon du Golan. «Nous condamnons fermement l’entrée d’Israël dans la zone tampon entre Israël et la Syrie ainsi que son avancée sur le territoire syrien.

(...) En cette période sensible où apparaît la possibilité de parvenir à la paix et à la stabilité auxquelles le peuple syrien aspire depuis de nombreuses années, Israël affiche une fois de plus sa mentalité d’occupation», a affirmé le ministère dans un communiqué. Pour sa part, l’Iran a condamné comme une «violation» du droit l’incursion de l’armée israélienne dans la zone tampon du Golan syrien.

«Cette agression est une violation flagrante de la Charte des Nations unies», a fustigé le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, dans un communiqué publié lundi soir. De  son côté, la Jordanie a dénoncé le déploiement, la veille, de l’armée israélienne dans la zone tampon du Golan dans le sud-ouest de la Syrie, adjacente à la partie occupée par Israël du plateau syrien depuis 1967.

«Nous condamnons le fait qu’Israël soit entré sur le territoire syrien et ait pris le contrôle de la zone tampon», a dit le ministre des Affaires étrangères, Aymane Safadi, devant le Parlement à Amman. L’Arabie Saoudite a condamné, quant à elle, l’avancée des troupes israéliennes dans la zone tampon du Golan syrien, une opération qui «sabote», selon elle, les chances de la Syrie de recouvrer son «intégrité territoriale».

Cette incursion «confirme la violation continue par Israël des règles du droit international et sa détermination à saboter les chances de la Syrie de restaurer sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale», a estimé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Pour sa part, l’ONU a demandé l’arrêt des  «frappes et mouvements israéliens» en Syrie.

«Il est très inquiétant de constater des frappes et mouvements israéliens sur le territoire syrien. Cela doit cesser», a déclaré, à Genève, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen. L’ONU avait qualifié cette incursion dans la zone tampon de «violation» de l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie. La présence même «temporaire» des «troupes israéliennes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël constitue  une violation» de l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie, a déclaré, avant-hier, le porte-parole de l’ONU.

Israël a conquis une partie du plateau du Golan sur la Syrie lors de la guerre israélo-arabe de 1967. La zone tampon démilitarisée et sous contrôle de l’ONU a été créée à la suite d’un accord de désengagement des forces israéliennes et syriennes en 1974 après la guerre israélo-arabe de 1973. Israël a annexé en 1981 la partie du Golan sous son contrôle. Cette annexion n’est pas reconnue par l’ONU.
 

 

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