Netanyahu, produit abouti de Balfour

17/12/2023 mis à jour: 08:16
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Benyamin Netanyahu en roue libre. Le Premier ministre israélien va d’échec en désastre, enfonçant chaque jour davantage la région du Moyen-Orient dans l’instabilité, les relations internationales dans la tension et ruinant le capital diplomatique de ses propres alliés.

Le chef du Likoud qui, dit-on, ramène tout à sa carrière politique, s’est emparé du magma sociopolitique de sa propre société, fait de messianisme névrotique de l’extrême droite religieuse et des peurs suscitées et amplifiées des poches modérées, pour foncer sur une victoire définitive et surtout chimérique contre la résistance palestinienne.

Mais les fantasmes ruineux de Netanyahu se désintègrent les uns après les autres. Vendredi dernier au soir, un énième fait, qui a son importance opérationnelle et symbolique, est venu souligner combien l’acharnement israélien actuel est voué violemment et lamentablement à se heurter à la réalité.

Trois «otages» ont été ainsi tués «par erreur» par la machine de guerre de Tel-Aviv, au moment même où les troupes s’engageaient à les libérer des mains du Hamas.

Il y a une semaine, une autre tentative de libération par opération commando s’est également soldée par la mort d’un militaire israélien détenu depuis le 7 octobre dernier par la résistance palestinienne.

Tsahal a beau faire valoir la réputation d’une armée à la pointe de l’efficacité, hyper dotée de moyens numériques de traque et de pistage, elle n’en reste pas moins une armée d’occupation qui se casse les reins contre la vigueur des convictions des combattants du Hamas.

Il y a près d’un mois, Ehud Olmert, ancien Premier ministre israélien issu du même Likoud, a dressé de son successeur à la tête du gouvernement le portrait d’un homme déstabilisé en profondeur par les attaques du 7 octobre et prêt à toutes les dérives pour se refaire une crédibilité aux yeux de ses électeurs.

Avant lui, Ehud Barak, autre ancien Premier ministre, alertait que Benyamin Netanyahu est l’otage consentant de l’extrême droite farfelue et dangereuse et qu’il dilapide par son entêtement le capital soutien dont jouit royalement Tel-Aviv, en Occident notamment.

Netanyahu aura donc réussi à soulever des oppositions au sein même de son propre camp, pousser l’embarras chez le parrain américain jusqu’à dérouter et gripper sa diplomatie, et présenter en faux frères indignes par rapport à leurs communautés les pays arabes liés par des accords de paix avec l’Etat hébreu.

Enfin, le front d’hostilité ouvert avec l’ONU et ses agences humanitaires achève de retirer à Tel-Aviv les derniers masques dont il pouvait se parer devant la communauté internationale et les opinions publiques.

Pour autant, il serait parfaitement erroné de retenir de l’histoire que les crimes effroyables commis sur les populations palestiniennes depuis près de deux mois et demi, ainsi que le grand désordre géopolitique actuel sont principalement l’œuvre d’un accident de l’histoire incarné par un politique excité et aveuglé par la démesure de son ambition.

Benyamin Netanyahu n’est que le produit abouti du logiciel fondateur israélien, lui-même ouvrage commun des puissances il y a 78 ans, et s’étant sophistiqué durant de longues décennies d’impunité à l’international.

La Maison-Blanche, les grandes capitales européennes et tout ce monde qui se pâme devant la «démocratie israélienne» ont regardé ailleurs lorsque les espoirs de paix se faisaient assassiner les uns après les autres, tout au long de ces trente années d’illusions d’Oslo, par d’autres promotions de dirigeants israéliens prétendument moins extrémistes.

L’Occident tuteur peut aujourd’hui tenter de se défausser sur l’homme et sa garde rapprochée d’extrême droite pour se laver les mains du sang et des cauchemars de Ghaza, sa culpabilité restera aussi patente et entière que celle du sinistre «Bibi».

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