Mustapha Adane et Rachid Djellal exposent leurs caricatures à la Fondation Asselah : Poignantes images sur Ghaza

06/01/2025 mis à jour: 03:44
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Véritable tribune de révolte, cette série de dessins s’impose comme un cri face au génocide]

Le nonagénaire Adane Mustapha, accompagné du sexagénaire Djellal Rachid présentent, en ce début janvier 2025, leurs caricatures dans une exposition poignante intitulée «Free Palestine». Véritable tribune de révolte et d’engagement, cette série de dessins caustiques s’impose comme un cri face au génocide et aux injustices subies par le peuple palestinien.

 Une collection d’œuvres qui invitent à réfléchir sur la folie criminelle du sionisme mise à nu par le regard acéré des artistes. 

A travers cet arrêt sur image des événements tragiques vécus par la population palestinienne – livrée à elle-même sous un blocus effroyable, piétinant les conventions humanitaires les plus élémentaires, Adane et Djellal rappellent que l’art demeure une arme puissante pour dénoncer l’oppression et défendre la dignité humaine. Dessiner c’est créer en quelque sorte la liberté de dire et de dévoiler des non-dits, d’exhumer des vérités que le journaliste ou l’écrivain a parfois cette propension de taire. Aussi, l’expression via le trait satirique que le caricaturiste couche sur ses planches décline  parfois  plus d’une lecture. 

Selon Adane, la caricature «c’est emprunter  un raccourci pour interpeller le visiteur, en cherchant à provoquer chez lui  une réaction émotionnelle et à éveiller chez lui une prise de conscience sur ce qui l’entoure, comme les problèmes sociétaux ou les enjeux géopolitiques pour ne citer que ces questions». La thématique principale développée à travers un chapelet de planches accrochées sur les cimaises de l’espace culturel est liée à la lancinante situation qui prévaut à Ghaza, qui ploie sous un déluge de bombes, dont la population subit depuis plus de 15 mois les pires cruautés que commet impunément et sous l’œil perfide de certains Etats dits «démocratiques», l’enfant gâté de l’Oncle Sam, Israël, en l’occurrence.  

Traitement injuste des événements  

Cette entité sioniste et son armée Tsahal, qui ne s’en font pas une miette pour piétiner toutes les résolutions onusiennes, laissent filer en filigrane les caricatures… Comment interpréter cette planche de Rachid Djellal – qui, soit dit en passant, ne compte pas moins une trentaine d’années dans le dessin de presse – , dont le trait engagé tourne en dérision les défenseurs du média Charlie et d’autres villes lorsque celles-ci furent l’objet d’actes terroristes, sinon par le traitement sélectif et la mauvaise foi de ceux qui prétendent défendre la démocratie et le droit international  : «Je suis Charlie, je suis Paris, je suis Berlin, je suis Kiev, je suis…» 

Et dans cette même bulle, l’œil balaie cette réplique somme toute désolante «Suis seul… Personne n’est Ghaza» ! Dessin déchirant aussi que celui que convoque Adane sur le traitement injuste des événements tragiques de par le monde : celui du deux poids, deux mesures.

 Autre planche à forte charge historique et qui ne prête pas moins à esquisser un rictus : une bulle étalant ce bout de phrase : «la Torah n’est pas cadastrée», des mots qu’il pulvérise sur un fond de dessin déclinant un engin qui s’affaire à démolir une maison palestinienne avant de laisser place, finalement,  à un foncier destiné à un peuplement de nouvelles colonies juives. 

Dans une autre aile, d’autres caricatures semblent rudoyer la force inerte de certains gouvernants et bousculer cette allégeance félonne qui œuvre pour des intérêts aux antipodes de la liberté des peuples et de la sacralité d’El Qods. Cette brutalité du trait, voire cette rudesse amicale du message que cherchent les deux auteurs à déployer sur leurs subjectiles, n’est pas moins partagée par le regard de celui qui foule l’espace. 

En somme, cela vaut le détour pour y décrypter les messages forts expressifs, délivrés par nos deux caricaturistes qui, au-delà de leurs aventures artistiques, se rencontrent sur un thème qui ne laisse pas de marbre. Farouk Baba-Hadji                           
 

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