Une exposition en hommage au peintre Abderrahmane Mekki est proposée au public du musée d’Oran depuis jeudi dernier, jour du vernissage qui a rassemblé un grand nombre d’invités, dont notamment des artistes peintres, des enseignants dans les Beaux-Arts mais surtout beaucoup d’étudiants du domaine et de l’école d’Oran en particulier.
Connu pour son humilité, mais surtout pour sa dévotion à son travail d’abord en tant qu’enseignant puis en tant que directeur de l’école d’Oran, Abderrahmane Mekki est un artiste peintre confirmé et passionné dans la mesure où la responsabilité qu’il a acceptée d’assumer durant plus d’une trentaine d’années ne l’a pas empêché de poursuivre sa quête d’absolue dans l’intimité de ses élans créatifs. Il a fini par se forger un style original avec, derrière la flamboyance des couleurs, des compositions très riches et évidemment singulières. Peintre de l’imaginaire, il laisse parfois s’imposer à lui des personnages, comme ce visage dans «souffle d’infini» auréolé d’un rose inattendu ou cette silhouette dans «fugue en couleur», une composition dans laquelle l’artiste assume néanmoins et paradoxalement une certaine noirceur.
Il sait effectivement faire danser les formes mais aussi les couleurs comme le suggère un titre éponyme. Le voyage intérieur dont il est souvent question chez lui va au-delà du personnel pour tenter d’atteindre les tréfonds de la mémoire collective qui resurgit à travers des signes et des symboles dont il semble vouloir déchiffrer les sens cachés. Son esthétique n’est pas décorative et les titres qu’il donne à ses travaux traduisent cette volonté d’exploration qui transperce le voile du réel. L’abstraction n’est pas toujours totale, mais l’immersion l’est sans conteste. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est la première exposition individuelle qui lui est consacrée et c’est presque une année après son décès survenu en décembre dernier. Il a toujours brillé dans le collectif et son long parcours le prouve.
Les cinq Arts matures
Après avoir étudié à Oran, il s’est installé dans la capitale pour préparer son diplôme à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger qu’il a, par ailleurs, décroché en 1976 en tant que major de promotion. Ceci lui a valu de bénéficier d’une bourse de voyage et d’études à Cuba, un pays qui l’a sans doute marqué. Il fera ensuite une année de recherche à la Sorbonne en France avant de rentrer à Oran pour entamer sa carrière d’enseignant à partir de 1984 et prendre la direction de l’école à partir de 1992. Depuis tout ce temps, il n’a pas cessé de participer à des expositions autant en France (galerie du Grand palais, galerie FIAP, Aéroport d’Orly) qu’en Espagne (Alicante), en Egypte (Biennale du Caire) ou au Maroc.
En Algérie ses participations sont multiples pour ne citer que celles organisées dans les années 1980, notamment dans la cadre des échanges entre les villes d’Alger, d’Oran, de Annaba et de Maghnia, mais aussi, plus tard, à l’occasion de l’inauguration du MaMo alors dépendant du Musée Zabana, mais surtout dans les mêmes lieux, sa participation remarquée à l’exposition intitulée «les cinq Arts matures» ayant rassemblé cinq peintres parmi les plus talentueux de la région, à commencer par le maître M’hamed Oulhaci, mais aussi Belhachemi, Belmekki et Mersali.
Cet événement l’avait, déjà à l’époque, poussé en quelque sorte à sortir de sa réserve afin de présenter ses travaux au public après une certaine absence.
Sa peinture revient donc cette fois pour agrémenter les espaces de la grande salle d’exposition du musée Zabana. Ce sont plus d’une cinquantaine de toiles représentant des époques différentes qui sont proposées aux visiteurs. C’est la famille du peintre représentée à l’occasion par son fils Houssam qui a mis ce fonds à la disposition du musée, initiateur de l’hommage. Un hommage amplement mérité.
Oran
De notre bureau Djamel Benachour