L’organisation invoque de nouveau un «Peak Oil» : L’AIE dit une chose et son contraire

25/10/2023 mis à jour: 21:58
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L’AIE admet qu’en l’état actuel des choses, la demande de combustibles fossiles devrait rester bien trop élevée - Photo : D. R.

Le rapport de l’AIE, qui conseille les pays industrialisés, contraste avec le point de vue du groupe de producteurs de pétrole, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, (OPEP), qui prévoit une augmentation de la demande de pétrole bien après 2030 et appelle à des milliers de milliards de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier.

Alors que dans son dernier rapport mensuel l’OPEP a mis en garde contre le manque d’investissements énergétiques, estimant que les appels à l’arrêt des investissements dans de nouveaux projets pétroliers étaient «malavisés» et «pourraient conduire au chaos énergétique et économique», l’Agence internationale de l’énergie (AIE), voix des pays consommateurs et bras économique de l’OCDE, prédit encore une fois des pics de demande de pétrole, de gaz naturel et de charbon d’ici 2030 remettant en cause toute justification d’une augmentation des investissements.

Dans son rapport annuel, World Energy Outlook, publié hier, l’AIE souligne que «la demande mondiale de combustibles fossiles devrait culminer d’ici 2030, à mesure que davantage de voitures électriques arrivent sur les routes et que l’économie chinoise connaît une croissance plus lente et s’oriente vers une énergie plus propre».

Le rapport de l’AIE, qui conseille les pays industrialisés, contraste avec le point de vue du groupe de producteurs de pétrole, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, (OPEP) qui prévoit une augmentation de la demande de pétrole bien après 2030 et appelle à des milliers de milliards de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier.

Alors que la crise énergétique déclenchée par le conflit en Russie a démontré la vulnérabilité des pays consommateurs qui sont depuis dans une course permanente pour sécuriser leurs approvisionnements «fossiles» et trouver plus de ressources en gaz mais aussi un retour aux centrales à charbon, l’AIE remet au goût du jour la question du «Peak oil».

L’agence admet toutefois qu’en «l’état actuel des choses, la demande de combustibles fossiles devrait rester bien trop élevée pour rester dans les limites de l’objectif de l’Accord de Paris visant à limiter l’augmentation des températures mondiales moyennes à 1,5 degré Celsius».

«Cela risque non seulement d’aggraver les impacts climatiques après une année de chaleur record, mais aussi de compromettre la sécurité du système énergétique, qui a été construit pour un monde plus frais avec moins d’événements météorologiques extrêmes», a déclaré l’agence dans un communiqué.

L’AIE qui avait déjà évoqué il y a quelques mois les pics pétroliers, gaziers et de charbon, avait provoqué une réaction immédiate de l’OPEP, qui a critiqué le chef de l’AIE pour avoir fait des prédictions imprudentes qui pourraient menacer la sécurité de l’approvisionnement énergétique mondial.

«De tels récits ne font que conduire le système énergétique mondial à un échec spectaculaire. Cela conduirait à un chaos énergétique d’une ampleur potentiellement sans précédent, avec des conséquences désastreuses pour les économies et des milliards de personnes à travers le monde», a déclaré le secrétaire général de l’OPEP, Haitham al-Ghais, en septembre.

La nouvelle publication des perspectives énergétiques mondiales pourrait désormais susciter une réponse similaire de la part de l’OPEP, qui prévoyait récemment que la demande de pétrole allait continuer à augmenter au moins jusqu’en 2045.

L’Opep avait revu à la hausse dans un récent rapport, ses prévisions de demande mondiale de pétrole à moyen et long terme estimant que 14 000 milliards de dollars d’investissements sont nécessaires pour y répondre, malgré le développement des carburants renouvelables et l’usage accru des véhicules 
électriques.

Le Brent à plus de 90 dollars

Les prix du pétrole étaient en légère hausse hier à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre prenait 0,37%, à 90,16 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, montait de 0,42% à 85,85 dollars. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend à ce que la demande de gaz, pétrole et charbon connaisse un pic dans la décennie, selon son nouveau rapport annuel publié mardi. L’Opep avait également indiqué récemment que le monde aurait encore besoin d’énergies fossiles pendant de nombreuses années. R. E.

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