Cinquante-huit jours ! 58 jours sous un tapis de bombes ! 58 jours que Ghaza est sauvagement pilonnée par l’armée sioniste. 15 207 martyrs palestiniens recensés jusqu’à samedi par l’agence Wafa. Plus de 40 000 blessés, dont 70% de femmes et d’enfants. Une gigantesque boucherie, et le massacre continue.
La bande de 40 km sur 12 pour 2,3 millions d’âmes est dévastée, réduite en cendres, donnant lieu à une catastrophe humanitaire d’une ampleur épouvantable. Les hôpitaux sont débordés, les morgues sont jonchées de cadavres, le tissu urbain de Ghaza n’est plus que décombres et chaos sanglant, réduisant les survivants de la machine de guerre «palestinophage» à des centaines de milliers de SDF.
Même les écoles, les hôpitaux, les mosquées, les abris de l’UNRWA ne sont pas épargnés par le déluge de feu. Les Ghazaouis manquent de tout : d’eau potable, de nourriture, d’électricité, de gaz pour se réchauffer, de carburant, de médicaments… Sur la plateforme X (ex-Twitter), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a publié une image émouvante montrant une Palestinienne de Ghaza tenant son bébé, un nouveau-né tout mignon.
La jeune parturiente et son bébé sont de vrais miraculés. L’UNFPA explique : «Accouchements par césarienne sans anesthésie ! Oui, ça s’est passé à Ghaza. Des femmes enceintes y sont contraintes, ce qui constitue un grave danger pour leur vie. Les bombardements et le blocus ont conduit à une pénurie de fournitures médicales.»
Et alors que l’offensive sioniste a repris de plus belle après une trêve d’une semaine, organisations humanitaires et agences onusiennes ne cessent d’alerter sur la situation humanitaire désastreuse à Ghaza. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est alarmé de l’état des services de santé en Palestine bombardée, déclarant que les bombardements israéliens «suscitent l’horreur», rapporte l’APS. Il a précisé que ce samedi, une équipe de l’OMS à visité l’hôpital Nassar dans le sud de la Bande de Ghaza.
«Il était bondé de 1000 patients, soit 3 fois sa capacité», s’est-il ému. «Il y avait, a-t-il poursuivi, d’innombrables personnes cherchant un abri dans tous les coins... Les patients recevaient des soins par terre, hurlant de douleur.» Scandalisé, le directeur général de l’OMS martèle : «Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer notre inquiétude face à ce à quoi nous assistons.»
Dans un post sur le réseau X, ce 1er décembre, M. Ghebreyesus s’est fendu de ce plaidoyer : «Les livraisons de fournitures essentielles à Ghaza doivent reprendre de toute urgence et être rétablies au moins aux niveaux atteints lors de la récente trêve. Mais il faut bien plus que cela. Les civils à Ghaza ont besoin de protection, de nourriture, d’eau, d’abris, d’installations sanitaires, de médicaments et bien plus encore. Les blessés ont besoin de soins vitaux, et les agents de santé ont besoin de protection et de fournitures pour prodiguer des soins.»
Le 29 novembre, le même chef de l’OMS faisait ce terrible constat sur Twitter : «Compte tenu des conditions de vie et du manque de soins de santé, plus de personnes pourraient mourir de maladies que des bombardements israéliens.» Dans la foulée, il a prévenu que la population de Ghaza était exposée à un «risque élevé d’épidémies».
D’après l’OMS, 1,8 million de personnes, soit 80% de la population de la Bande de Ghaza, ont été déplacées. Au milieu de cet exode massif, 1,1 million de Palestiniens se sont réfugiés auprès de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine).
Parmi les maladies qui ont connu une propagation inquiétante du fait de l’effondrement du système de santé à Ghaza, selon l’OMS, des maladies infectieuses, telles que la diarrhée, les infections respiratoires aiguës ainsi que les infections cutanées. La même source affirme qu’il n’y a plus que 1400 lits d’hôpitaux disponibles contre 3500 lits avant que Ghaza ne sombre dans le chaos.
Propagation de maladies infectieuses
De son côté, l’UNRWA multiplie elle aussi les SOS en direction de «la communauté internationale». Adnan Abu Hasna, porte-parole de cette agence onusienne, a averti, indique l’APS, qu’il «existe une crainte de propagation des maladies à Ghaza», précisant que «les maladies intestinales se sont propagées à un rythme quatre fois supérieur à celui d’avant et les maladies cutanées ont également augmenté de trois fois, en plus des rapports faisant état de propagation d’hépatites et d’épidémies. Tout cela aura de graves conséquences en raison de la surpopulation et du manque d’eau potable».
D’après l’UNRWA, il a été enregistré ces dernières semaines 111 000 infections respiratoires aiguës, 75 000 cas de diarrhée et des dizaines de milliers de personnes souffrant de gale, de poux, d’éruptions cutanées et de jaunisse.
Il faut noter aussi les pertes énormes parmi le personnel soignant. Depuis le 7 octobre, les bombardements sionistes ont tué 280 membres du personnel médical à Ghaza et détruit 56 ambulances, rapporte l’agence Wafa. Nous apprenons également que l’aviation israélienne a détruit une grande partie des moyens logistiques de la Protection civile palestinienne. «Les sauveteurs n’ont pas pu atteindre toutes les zones du carnage sioniste parce que les avions de combat ont bombardé et détruit 80% des véhicules de secours, en plus du manque de carburant», a indiqué le Bureau des médias de Ghaza dans un communiqué.
Alertant sur l’ampleur de la catastrophe humanitaire en Palestine, James Elder, porte-parole de l’Unicef, a eu ces mots bouleversants : «La situation humanitaire à Ghaza est tellement désespérée que tout ce qui n’est pas une paix durable et une aide d’urgence à grande échelle sera synonyme de catastrophe pour les enfants de Ghaza.»