Les frappes israéliennes continuent de provoquer un exode massif de la population : Plus de 500 000 personnes ont fui le Liban

11/11/2024 mis à jour: 09:01
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Photo : D. R.

Selon le HCR, 28 000 Libanais se sont réfugiés en Irak depuis le 23 septembre. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés ajoute que quelque «473 000 personnes en provenance du Liban ont également traversé la frontière syrienne au cours des dernières semaines».

Depuis le 23 septembre, la guerre menée par Israël contre le Liban a redoublé d’intensité. Les frappes sur le pays, qui étaient auparavant limitées aux localités frontalières du Sud, se sont étendues depuis à pratiquement tout le territoire, y compris la capitale, la banlieue sud de Beyrouth où a été assassiné Hassan Nasrallah subissant un déluge de feu.

La guerre a provoqué un grand mouvement de déplacements internes, obligeant, selon les autorités libanaise, plus de 1,2 million de personnes à quitter leur maison, notamment au Sud, pour chercher refuge dans les régions moins exposées aux raids sionistes. «Un quart du territoire libanais est désormais sous le coup d'ordres d'évacuation de l'armée israélienne.

Tenant compte de ces ordres, de nombreuses familles se réfugient dans des espaces publics, cherchant désespérément à échapper aux bombes, mais peinant à trouver un abri», affirme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon ONU-Info, «plus d’un demi-million de personnes ont fui le Liban pour la Syrie et l’Irak depuis le 23 septembre, suite à l’escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah».

Damas est à deux heures de route de Beyrouth

Le principal flux de réfugiés est sur la route vers la Syrie. Le pays est une destination naturelle pour les déplacés du fait qu’il est frontalier avec le Liban et que Damas est à deux heures de route seulement de Beyrouth. «Environ 473 000 personnes en provenance du Liban ont traversé la frontière syrienne au cours des dernières semaines», rapporte Onu-Info. «La majorité des personnes arrivées en Syrie avaient fui le sud du Liban, où les forces israéliennes mènent quotidiennement des attaques intenses», ajoute la même source.

Se basant sur des rapports du HCR, le document du service de presse de l’ONU souligne que parmi ces 473 000 personnes qui ont franchi la frontière syrienne «se trouvent plus de 136 000 réfugiés libanais et ressortissants de pays tiers, ainsi que plus de 330 000 réfugiés syriens qui s’étaient rendus au Liban il y a plusieurs années, lorsque leur pays était en proie à la guerre civile». Le HCR observe que «ces Syriens retournent aujourd’hui dans leur pays car la situation au Liban est devenue très instable».

A la frontière syrienne, ajoute le document, «le flux d’arrivées aux postes-frontières de Dabbousieh et de Jesr Kamar à Homs s’est poursuivi régulièrement, avec environ 500 personnes par jour. Dans le même temps, le nombre d’arrivées au point de passage de Jdeidet Yabous, dans la zone rurale de Damas, est resté légèrement inférieur à la moyenne quotidienne de 600 personnes».

Dans un rapport du HCR daté du 2 novembre et cité par Onu-Info, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés note : «Les cratères sur la route ont continué à empêcher le passage des véhicules par Masnaa ; la plupart des nouveaux arrivants ont atteint Jdeidet Yabous par des bus organisés par le Croissant-Rouge syrien, et un nombre moindre par des moyens de transport privés.» Au poste frontalier de Joussieh, «les mouvements sont restés très limités ces derniers jours suite à la récente frappe aérienne sur le poste et ses environs».

«71% des arrivants en  Syrie  sont  des Syriens»

Dernièrement, le bureau du HCR en Syrie a posté ce message sur le réseau social X : «Nos équipes aux frontières entre la Syrie et le Liban continuent de faire état d’une situation très désespérée. Plus de 71% des arrivants en Syrie sont syriens. Beaucoup nous disent qu’ils ont vendu le peu qu’ils avaient pour payer le voyage de retour.» Le HCR, cité par Onu-Info, révèle par ailleurs qu’«un certain nombre de familles sont retournées au Liban, invoquant les mauvaises conditions de vie et le manque de services en Syrie par rapport au Liban».

A noter également qu’un grand nombre de réfugiés ne font que transiter par la Syrie. Leur destination finale est en réalité Baghdad. Selon le HCR, «28 000 Libanais se sont réfugiés en Irak». «Une moyenne de 400 à 600 réfugiés libanais arrivent chaque jour dans ce pays», ajoute l’agence onusienne.

Et de faire remarquer : «Les Libanais sont la principale nationalité des réfugiés traversant de la Syrie vers l’Irak après avoir fui les hostilités au Liban.» Au total, ce sont pas moins de «28 350 réfugiés libanais qui sont arrivés dans le pays depuis l’escalade entre Israël et le Hezbollah en septembre, par divers points, notamment le poste-frontière d’Al Qaim (15 355) et les aéroports de Bagdad (10 753) et de Nadjaf (2242)», détaille le HCR. «La majorité des réfugiés sont accueillis à Najaf et à Karbala», nous apprend encore le même organisme. Les autres réfugiés «sont répartis dans différents gouvernorats du centre et du sud de l’Irak, notamment à Babil, Bassorah, Diyala et Ninive».

La direction des postes-frontières irakienne, citée par l’APS, a indiqué de son côté hier que «du 27 septembre dernier au 10 novembre courant, le nombre de Libanais ayant franchi la frontière irakienne s'élève à plus de 18 000». La même autorité a fait savoir que l'accueil des Libanais par l'Irak est «basé sur la décision du Premier ministre, Mohamed Shiaa Al Sudani, qui a insisté sur l'octroi de visas d'entrée gratuits aux Libanais et la fourniture de toute l'assistance humanitaire et sanitaire à leur intention». La direction des postes-frontières irakienne a précisé en outre que «les efforts de l'autorité se poursuivent, en coopération avec les départements opérationnels, pour accueillir les citoyens libanais».

Les élèves renouent timidement avec la vie scolaire

Les bouleversements causés par la guerre ont fatalement affecté la scolarité des élèves au Liban. Mais selon Onu-Info, une partie des membres de la communauté scolaire, y compris les enfants issus des familles déplacées, ont commencé à reprendre le chemin de l’école. «A l’intérieur du Liban, environ 387 000 enfants – y compris les enfants vivant dans des abris et les communautés touchées par la guerre – reprennent progressivement le chemin de l’école, depuis le lundi 4 novembre», indique Onu-Info.

La même source affirme qu’avec l’aide de l’Unicef, le ministère libanais de l’Education et de l’Enseignement supérieur a mis en place «un plan d’intervention d’urgence visant à soutenir l’ouverture et le fonctionnement de 326 écoles publiques qui ne sont pas utilisées comme abris par les personnes déplacées, afin de garantir l’accès à l’éducation des enfants en âge d’être scolarisés au Liban». «Le plan d’intervention est conçu pour fournir un soutien éducatif essentiel à tous les enfants pendant cette période difficile et pour aider les écoles publiques à fonctionner», précise le document du service de presse de l’ONU.

Avec le soutien de l’Unicef, ces 326 écoles publiques qui ont pu ouvrir «offriront des possibilités d’apprentissage de qualité, en personne et par des méthodes mixtes, afin d’aider les enfants et les jeunes à rattraper leur retard et à poursuivre leur parcours scolaire», informe Onu-Info.

Et d’annoncer que «l’apprentissage en ligne par le biais de la plateforme numérique du ministère libanais de l’Education sera également disponible». Edouard Beigbeder, représentant de l’Unicef au Liban, cité par Onu-Info, déclare : «L’impact négatif du conflit sur les enfants, les enseignants et les écoles est déjà catastrophique et doit être inversé immédiatement pour éviter une année scolaire perdue qui mettrait en péril le bien-être des enfants, leur protection, leur avenir et le redressement du pays.»

La rentrée scolaire au Liban a traditionnellement lieu la première semaine d’octobre. Cette année, la guerre a tout chamboulé. «La reprise de l’enseignement dans les écoles publiques présente des défis importants, car environ 60% des abris pour les familles déplacées se trouvent dans des écoles, et de nombreux enseignants et élèves ont été contraints de se réinstaller loin de leurs écoles habituelles», relève Onu-Info. 

 

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