Les ennuis judiciaires de Trump vont-ils devenir de la téléréalité ?

06/08/2023 mis à jour: 06:46
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Des responsables américains souhaitent que l'opinion publique puisse suivre au jour le jour le procès de Trump

Des responsables américains souhaitent que le procès de l'ancien président, également une ancienne star de la téléréalité, soit diffusé quotidiennement, permettant ainsi à l'opinion publique de suivre de près les développements de l'affaire dans laquelle il est accusé d'avoir tenté de renverser les résultats de la dernière élection présidentielle. 

La date du procès doit être fixée pour le 28 août. Dans une lettre publiée jeudi, plusieurs dizaines de parlementaires démocrates estiment que «peu de circonstances justifient autant une diffusion télévisée que celles-ci, étant donné leur nature historique». Ils insistent sur le fait que pour que le public accepte pleinement l'issue du procès, il est crucial qu'il puisse le suivre en direct, pour observer les débats, évaluer la qualité des preuves et juger de la crédibilité des témoins. Le 24 mai, six mois avant les élections et au cœur des primaires républicaines, Donald Trump devra répondre devant un tribunal fédéral des accusations de mauvaise gestion de documents classés secret-défense, dans le cadre d'une autre affaire.

Deux mois plus tôt, il pourrait également devoir s'expliquer devant la justice de l'État de New York sur des accusations de fraudes comptables liées à l'achat du silence d'une actrice de films pour adultes pendant la campagne présidentielle de 2016. Le procureur en charge de l'affaire s'est dit prêt à modifier cette date pour accommoder les deux autres procès prévus devant la justice fédérale.

Le 45e président des États-Unis pourrait également être confronté à une quatrième inculpation dans l'État de Géorgie, où il est soupçonné d'avoir exercé des pressions sur un responsable local pour influencer le résultat en sa faveur.

Malgré ces poursuites, sa popularité auprès des électeurs républicains demeure intacte : 74 % d'entre eux estiment qu'il n'a rien fait de mal, selon un récent sondage du New York Times et du Sienna College. Trump lui-même qualifie ces actions d'une «chasse aux sorcières», menée par des responsables souhaitant le réduire au silence avant les élections présidentielles.

La nécessité de diffuser son procès en direct est justement fondée sur le besoin de contester cette affirmation, estime Alan Dershowitz, spécialiste du droit constitutionnel, dans The Hill. Il affirme que si le procès n'est pas diffusé, le public ne pourra pas obtenir une vision objective de l'affaire. Il explique qu'il y aura alors en réalité deux procès : celui suivi par les médias libéraux et l'autre commenté par la presse conservatrice.

Aux États-Unis, la captation des procès est permise devant les tribunaux de certains États - le procès de l'ancienne star du football américain OJ Simpson avait captivé tout le pays - mais elle est interdite devant la justice fédérale par une loi datant de 1946.

Pour Neal Katyal, professeur de droit à l'Université de Georgetown, cette règle est désormais «obsolète». À l'ère numérique, où les gens pensent avec leurs yeux, il estime qu'il est temps de reconsidérer cette interdiction et d'autoriser la diffusion en direct des procès fédéraux. Neal Katyal a été procureur dans le procès du policier blanc de Minneapolis qui avait tué George Floyd, un Afro-Américain, lors d'une arrestation en 2020. Selon lui, la diffusion en direct de ce procès avait permis à un public diversifié d'accepter le verdict de culpabilité. Il affirme qu'il en serait de même avec un procès fédéral contre Donald Trump, organisé au nom du peuple américain et financé par ses impôts. Selon lui, le public a le droit de voir le procès pour s'assurer que les rumeurs et les théories du complot ne contrôlent pas le récit.

Cependant, certains estiment que l'ancien président possède une capacité exceptionnelle à influencer et déformer les débats. Christina Bellantoni, experte en journalisme politique à l'Université de Californie du Sud, pense que sa popularité pourrait même augmenter quelle que soit la preuve présentée. Elle craint que le procès ne se transforme en un simple divertissement télévisé qui ne fera pas évoluer les positions des uns et des autres. Selon elle, les avis sont déjà fortement polarisés en ce qui concerne Trump, et peu de gens changeront d'avis en regardant le procès.

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