Les compléments alimentaires : des dangers sous-estimés - Une popularité grandissante

20/01/2025 mis à jour: 08:26
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Ces produits, interdits actuellement à l’importation, sont souvent privés de contrôle de qualité et posent des menaces réelles pour la santé des consommateurs.

En Algérie, le marché des compléments alimentaires connaît une expansion fulgurante, alimentée par un engouement croissant pour la remise en forme et les performances sportives. En 2022, une étude de la faculté des sciences de la nature et de la vie de Constantine indique que  «95% des compléments alimentaires consommés en Algérie sont importés principalement de Chine et d’Inde.

Ces produits sont répartis entre les pharmacies (48%), le commerce en ligne (21%) et les magasins spécialisés (17%) ». Toutefois, cette popularité croissante s’accompagne de risques considérables, notamment pour les produits importés via internet et vendus en dehors de tout cadre réglementaire.

Ces produits, interdits actuellement à l’importation, sont souvent privés de contrôle de qualité et posent des menaces réelles pour la santé des consommateurs. L’absence de contrôle strict sur les compléments alimentaires importés par internet a ouvert la voie à la prolifération de substances non conformes. Certains produits interdits à la consommation humaine, tels que les stéroïdes anabolisants injectables, circulent librement dans des circuits informels.

Ces substances, destinées à augmenter la masse musculaire, sont particulièrement prisées par les jeunes sportifs se préparant à des compétitions internationales. «Dans certaines salles de musculation, ces produits sont vendus sous le manteau, sans aucune supervision médicale», confie un ancien culturiste algérien ayant préféré garder l’anonymat. Ce commerce florissant, qui génère des milliards de dinars, semble échapper au contrôle des autorités sanitaires et douanières.

Les stéroïdes anabolisants et autres produits similaires présentent des dangers multiples : problèmes cardiovasculaires graves, dysfonctionnements hépatiques, troubles psychiatriques, tels que l’agressivité et la dépression. De plus, certains produits de musculation peuvent contenir des modulateurs sélectifs du récepteur des androgènes (SARM), des substances synthétiques imitant les effets de la testostérone.

Les SARMs sont associés à des risques graves pour la santé, notamment un risque accru de crise cardiaque, d’AVC, et de lésions au foie. Les SARMs se retrouvent sous divers noms commerciaux dans des suppléments alimentaires et produits de musculation, notamment : Andarine (S4), Ostarine (MK-2866), Cardarine (GW 501516), Astatine, LGD-4033, MK-677, RAD-140, et YK-11.

Ces substances, bien que souvent vendues comme inoffensives, représentent une menace pour les consommateurs mal informés. Pis encore, sur les réseaux sociaux, ils se vendent comme des petits pains avec une impunité inouïe. Selon une récente étude, environ un quart des adolescents inscrits en clubs de sport consomment des compléments alimentaires pour développer leur musculature ou réduire leur masse graisseuse.

Chez les athlètes professionnels adultes, ce chiffre grimpe jusqu’à 99%, principalement dans les disciplines de force telles que le culturisme, l’haltérophilie, la boxe et le kickboxing. Dans une visite aux laboratoires pharmaceutiques de la wilaya d’Alger, l’ex-ministre de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, avait exprimé son inquiétude face à l’ampleur des importations de compléments alimentaires.

«Il faut qu’on arrête avec ces compléments alimentaires qui rentrent de partout», avait-il déclaré, en précisant que l’Algérie importe environ 500 millions d’euros de ces produits chaque année. Selon lui, «tout le monde s’est engouffré dedans, parce qu’il n’y a pas de contrôle. Ils ne subissent aucun contrôle». Il a également fait savoir que la publicité pour ces produits avait été stoppée sur les chaînes de télévision : «Il n’y a plus de publicité sur les compléments alimentaires, parce que c’est une catastrophe.»

Un marche de 500 millions d’euros

Le commerce des compléments alimentaires en Algérie est estimé à plusieurs milliards de dinars par an. Les canaux de distribution incluent les salles de sport, les réseaux sociaux et les boutiques en ligne, souvent hors du cadre réglementaire. Certains produits, comme les multivitamines ou les acides aminés non essentiels, n’ont qu’un impact marginal sur la santé mais se vendent à des prix exorbitants, renforçant l’impression d’un marché non réglementé.

Ce commerce illégal prospère grâce à une demande croissante et au manque de régulation stricte. Les revendeurs exploitent les lacunes des autorités en matière de contrôle des importations et de surveillance des points de vente informels, tels que les salles de sport et les marchés parallèles. Pour beaucoup de ces produits, le profit prime sur la santé des consommateurs. Ce marché représente un véritable enjeu économique.

Selon des estimations, les ventes de compléments alimentaires en Algérie atteindraient des milliards de dinars annuellement. Cependant, une grande partie de ce commerce est informel et échappe aux taxes et impôts, constituant ainsi un manque à gagner significatif pour l’Etat algérien. De nombreux produits importés illégalement parviennent à contourner les Douanes, souvent dissimulés dans des chargements non déclarés ou transportés via des circuits informels.

Cette absence de traçabilité augmente les risques pour les consommateurs, tout en favorisant un écosystème commercial opaque et difficile à réguler. Un sportif de haut niveau, aujourd’hui retraité, raconte avoir souffert de graves problèmes de foie après l’utilisation prolongée de suppléments achetés en salle de sport. «J’ai perdu ma carrière et ma santé à cause de ces produits.

Personne ne nous informait des risques», déclare-t-il. Une enquête menée par une organisation locale a également révélé que certains jeunes consomment des compléments en combinaison avec des boissons énergisantes, augmentant ainsi les risques de surdosage et d’effets secondaires graves. Malgré l’existence de règlements stricts sur l’importation et la commercialisation des compléments alimentaires, leur application reste insuffisante.

Des initiatives, telles que des campagnes de sensibilisation dans les lycées et les clubs sportifs, sont indispensables pour endiguer ce fléau. L’engagement des autorités sanitaires, combiné à une mobilisation de la société civile, pourrait contribuer à protéger les consommateurs et réguler un marché qui, aujourd’hui, met en danger la santé publique, tout en représentant une opportunité économique majeure si encadré correctement.

Les plus prisés

- Protéines en poudre (whey, caséine, végétales) : pour favoriser la réparation et la croissance musculaire.
- BCAA (acides aminés branchés) : pour réduire la fatigue musculaire et améliorer la récupération.
- Créatine : pour augmenter la force, la puissance et la masse musculaire.
- Pré-workout : pour booster l’énergie, la concentration et l’endurance pendant l’entraînement.
- Glutamine : pour soutenir la récupération et renforcer le système immunitaire.
- Brûleurs de graisse : pour favoriser la perte de poids en augmentant le métabolisme.
- Oméga-3 : pour réduire l’inflammation et soutenir la santé cardiovasculaire.
- Vitamines et minéraux : pour combler d’éventuelles carences et optimiser les performances.

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