Le territoire a subi plus d’une décennie «d’anti-développement», selon un rapport de la CNUCED : «Ghaza a besoin de milliards de dollars d’aide»

05/11/2023 mis à jour: 05:17
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La population de Ghaza dépend presque entièrement de l'aide internationale

Dans son dernier rapport sur les territoires palestiniens occupés, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CNUCED souligne que le blocus de plusieurs décennies a «vidé l’économie de Ghaza de sa substance, laissant 80% de la population dépendante de l’aide internationale». 

Notons que le coup de grâce que présente l’actuelle guerre contre les Ghazaouis vient parachever de longues décennies d’affamement, de privation et de volonté d’extermination de toute une population. La Cnuced estime que la Bande de Ghaza a «connu 16 années d’anti-développement, de destruction du potentiel humain et a perdu le droit au développement…et que les conséquences économiques de la présente guerre sont impossibles à définir». 

Rendant 80% des habitants de ce territoire le plus densément peuplé au monde, dépendants de l’aide internationale, avant que la crise actuelle n’éclate, le blocus imposé par l’entité sioniste soumet Ghaza à «une décennie et demie de développement étouffé». 

La Cnuced considère que ce territoire a besoin de milliards de dollars d’aide économique internationale, afin de compenser des années de restrictions qui ont étouffé son économie et freiné son développement. «Les donateurs et la communauté internationale doivent fournir une aide économique significative pour réparer les dommages considérables que Ghaza a subis en raison des restrictions et des fermetures prolongées et des opérations militaires fréquentes qui ont étouffé l’économie et décimé l’infrastructure», plaide l’agence de l’ONU en rappelant que le gouvernement palestinien n’a reçu que 250 millions de dollars en 2022 sous forme d’aide budgétaire des donateurs et 300 millions de dollars pour financer des projets de développement. 

«Il s’agit d’une chute brutale, passant d’un total de 2 milliards de dollars, soit 27% du PIB, en 2008, à moins de 3% du PIB en 2022», regrette l’ONU. Sur le plan économique, le rapport de la CNUCED fait remarquer que «l’inflation, la baisse de l’aide étrangère et l’accumulation de la dette ont maintenu les territoires palestiniens occupés en dessous de leur niveau d’avant la pandémie 2019». 

Le même rapport rendu public à la fin du mois écoulé indique, en outre, que dans «un contexte de tensions politiques accrues, de dépendance croissante à l’égard de la puissance occupante et de blocage du processus de paix, l’économie palestinienne a continué de fonctionner en deçà de son potentiel en 2022, tandis que d’autres problèmes persistants s’intensifiaient». La CNUCED énumère un certain nombre d’atteintes dont sont victimes les Palestiniens, comme la perte des terres et de ressources naturelles au profit des colonies israéliennes, de la pauvreté endémique, du rétrécissement de l’espace budgétaire, de la diminution de l’aide étrangère et de l’accumulation de la dette publique et privée. 

«Même si le PIB palestinien a augmenté de 3,9% en 2022, le PIB réel par habitant était encore inférieur de 8,6% à son niveau d’avant la pandémie en 2019», précise le rapport de l’agence onusienne. La situation à Ghaza est plus difficile puisque le PIB réel par habitant était inférieur de 11,7% au niveau de 2019 et proche de son niveau le plus bas depuis 1994. Le taux de chômage très élevé, touchant plus les femmes et les jeunes, est de 24% dans l’ensemble des territoires occupés, dont 13% en Cisjordanie et 45% à Ghaza. Pas moins de 40% des Palestiniens sont même tributaires de l’aide humanitaire. «Avec la hausse des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, les ménages les plus pauvres souffrent de manière disproportionnée car l’alimentation représente une part plus importante de leurs dépenses totales», estime la CNUCED. 

La Bande de Ghaza subit, depuis 2007, un blocus terrestre, maritime et aérien et fait l’objet d’attaques et agressions militaires continues de l’occupant sioniste. Détaillant la vie insoutenable et difficile des habitants de Ghaza, le même rapport rappelle qu’ils sont soumis à l’obligation d’avoir un permis d’entrée et de sortie de la Bande en passant par deux points de passage terrestres contrôlés par Israël, faisant de la majorité des Ghazaouis  des individus «enfermés», déplore la CNUCED. 

«Les restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens, la destruction des moyens de production lors des fréquentes opérations militaires et l’interdiction d’importer des technologies et des intrants essentiels ont vidé l’économie de Ghaza de sa substance». 

En 2022, indique le document onusien, le niveau des investissements ont été ramenés à 10,7% du PIB de Ghaza, soit un maigre 1,9% du PIB palestinien. 

«Entre 2006 et 2022, le PIB de Ghaza a diminué de 27%, tandis que sa part dans l’économie palestinienne s’est contractée de 31% à 17,4%». Vivre à Ghaza signifie, note la CNUCED, «une probabilité de 65% d’être pauvre, de 41% d’abandonner le marché du travail en désespoir de cause et, pour les personnes à la recherche d’un emploi, une probabilité de 45% d’être au chômage». 

 

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