«Le répit dont la population a tant besoin»

18/01/2025 mis à jour: 01:11
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La conclusion d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël après plus de 15 mois d’une guerre épouvantable contre le peuple palestinien à Ghaza a suscité des réactions enthousiastes sur la scène internationale, saluant à l’unisson cette issue heureuse de plusieurs mois de négociations.

«Je me félicite de l’annonce d’un accord sur l’obtention d’un cessez-le-feu et la libération des otages à Ghaza», a réagi mercredi soir Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, selon le service de presse de l’ONU. «Je salue les médiateurs, à savoir l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis, pour avoir consacré des efforts à la conclusion d’un accord.

Cet engagement inébranlable à trouver une solution diplomatique a été essentiel pour cette percée», a-t-il souligné, avant de lancer : «J’appelle toutes les parties concernées à respecter leur engagement et à veiller à ce que l’accord soit pleinement mis en œuvre.» Et M. Guterres de rappeler : «Dès l’irruption de la violence, j’ai appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la libération sans condition de tous les otages.»

Le chef de l’UNRWA, l’infatigable Philippe Lazzarini, qui a beaucoup fait pour les Palestiniens au point de subir les foudres d’Israël, a appelé de son côté à concentrer maintenant les efforts sur l’intensification de l’aide humanitaire en direction de Ghaza. «Ce qu’il faut, c’est une entrée rapide, sans entrave et ininterrompue de l’aide humanitaire (...) pour répondre aux souffrances énormes causées par cette guerre», a-t-il insisté dans un message posté mercredi soir sur le réseau X dès l’annonce de la nouvelle. M. Lazzarini a salué dans la foulée un accord devant «apporter le répit dont la population de Ghaza a tant besoin et la libération des otages».

Donald Trump n’a évidemment pas raté l’occasion de s’attribuer le mérite de ce deal si durement arraché à quelques jours de son investiture. «Si nous n’avions pas été impliqués dans cet accord, celui-ci n’aurait jamais eu lieu», a-t-il claironné au micro du Dan Bongino Show, un podcast conservateur. «Nous avons changé le cours des choses, et nous l’avons changé rapidement, et franchement, il vaudrait mieux que ce soit fait avant que je ne prête serment», a-t-il ajouté. Taclant Biden, il lâche : «Il n’a rien fait ! Si je ne l’avais pas fait, si nous n’étions pas intervenus, les otages ne seraient jamais libérés.»

«Une avancée majeure»

La haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kalas, dira de son côté dans un message diffusé sur les réseaux sociaux : «Je salue l’accord de cessez-le-feu (...). Cela représente une avancée majeure et positive vers la fin de la violence.» Par ailleurs, l’Union européenne (UE) a annoncé jeudi avoir débloqué une aide humanitaire de 120 millions d’euros au profit du peuple palestinien dans la bande de Ghaza.

Pour sa part, la Russie s’est également félicitée de cette issue, en déclarant par la voix de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l’AFP : «Nous espérons que la mise en œuvre de l’accord conclu actuellement contribuera à la stabilisation durable de la situation à Ghaza et créera les conditions pour le retour de toutes les personnes temporairement déplacées.» Autre réaction : celle de Pékin.

«La Chine salue l’accord sur un échange entre un cessez-le-feu et la libération d’otages à Ghaza, exprimant l’espoir que cet accord soit mis en œuvre de manière effective et qu’il ouvre la voie à un cessez-le-feu complet et permanent», a affirmé Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse régulière, cité par l’AFP.

L’Egypte, un des trois pays médiateurs aux côtés du Qatar et des Etats-Unis, a insisté de son côté sur «la nécessité pour les parties d’adhérer à ses dispositions (de l’accord) et de travailler à la mise en œuvre de ses étapes aux dates spécifiées», a indiqué un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères. Le Caire s’est dit également prêt à accueillir une conférence internationale sur la reconstruction de Ghaza.

En attendant, l’Egypte a appelé à une «distribution rapide, sûre et efficace» de l’aide humanitaire. Selon le média d’information Al Qahera news cité par l’AFP, une coordination serait «en cours» pour rouvrir le passage de Rafah, à la frontière entre l’Egypte et Ghaza, afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. 

«Cette guerre a décimé une génération de reporters»

L’accord d’un cessez-le-feu à Ghaza ne devrait pas faire oublier «les crimes odieux» commis par Israël, estime Human Rights Watch (HRW). Ces massacres, qui ont coûté la vie à près de 47 000 personnes à Ghaza, «ne devront pas rester impunis», a déclaré jeudi la directrice de cette ONG, Tirana Hassan, citée par l’AFP. Mme Hassan intervenait lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication du rapport annuel de cette organisation de défense des droits humains. Dans ce rapport, HWR accuse ouvertement Israël de «crimes contre l’humanité» et de «génocide».

Abondant dans le même sens, le Comité pour la protection des journalistes (Committee to Protect Journalists, CPJ), tout en saluant l’accord de cessez-le-feu, a appelé à ouvrir une enquête sur les crimes de guerre commis par l’entité sioniste durant ces 15 derniers mois.

Le CPJ a appelé dans la foulée à mettre la lumière sur les nombreux journalistes assassinés en Palestine occupée. «Les journalistes ont payé le prix le plus élevé pour donner au monde un aperçu des horreurs qui se sont déroulées à Ghaza pendant cette guerre prolongée, qui a décimé une génération de reporters et de rédactions palestiniens», a déclaré la directrice générale du Comité, Jodie Ginsberg, citée par l’APS.

Reporters sans frontières (RSF) a exigé également de son côté, à travers un communiqué, qu’Israël réponde de ses crimes. «En un an et trois mois à Ghaza, l’armée israélienne a tué plus de 150 journalistes palestiniens, dont au moins 41 dans l’exercice de leurs fonctions», dénonce le directeur général de RSF. «Le cessez-le-feu conclu le 15 janvier (...) doit permettre d’ouvrir l’accès du territoire aux journalistes», plaide-t-il, soulignant que cette guerre infernale contre Ghaza a «fait de la Palestine le territoire le plus dangereux au monde pour les journalistes». M. B.

 

 

 

 

 

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