Les conséquences de la fermeture, par l’armée israélienne, du point de passage de Rafah se font déjà ressentir sur la population ghazaouie, qui manque de tout. Depuis le 7 octobre 2023, l’armée sioniste mène une agression sauvage contre l’enclave palestinienne qui a entraîné des destructions massives d’infrastructures, en plus d’une catastrophe humanitaire sans précédent.
Les preuves de la barbarie de l’occupation israélienne s’accumulent. L’affaire des charniers où sont enterrés collectivement des centaines de Palestiniens de Ghaza n’a pas encore livré tous ses secrets.
Au lendemain de la réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, demandée par l’Algérie, un nouveau «cimetière» collectif de Ghazaouis a été découvert hier à l’hôpital Al Shifa de Ghaza, qui a été détruit, il y a quelques semaines, par les bombardements de l’armée d’occupation.
En effet, les équipes médicales à Ghaza ont découvert un troisième charnier dans cette structure hospitalier, contenant, «pour l’heure, 49 corps de civils palestiniens».
Selon le service de presse du gouvernement de Ghaza, «les recherches se poursuivent et les équipes gouvernementales n’ont pas achevé les opérations d’exhumation, prévoyant de retrouver des dizaines de nouveaux corps».
La même source fait savoir que «le nombre de charniers découverts dans les hôpitaux de la bande de Ghaza (depuis le début de la guerre, le 7 octobre) est passé à 7».
Selon le même service, un charnier a été découvert à l’hôpital Kamal Adwan (au nord de la bande de Ghaza), 3 charniers dans le complexe médical Al Shifa dans la ville de Ghaza et 3 autres dans le complexe médical Nasser (à Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza). Au moins 520 martyrs ont été exhumés, jusqu’à présent, par les équipes médicales.
État permanent de désespoir et de peur
Suite à la révélation de cette affaire, les représentants de l’Algérie à l’ONU ont demandé une réunion à huis clos du Conseil de sécurité. Une réunion qui s’est tenue mardi, où l’ambassadeur permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a présenté les demandes de l’Algérie concernant le traitement de ce nouveau crime de guerre.
Selon une source diplomatique citée par le journal arabophone El Khabar, le diplomate algérien a mis, à cette occasion, l’accent sur trois principaux points. Il a insisté notamment, selon la même source, sur «la nécessité d’une enquête indépendante pour déterminer les responsabilités», tout en rappelant «le sort réservé aux précédentes enquêtes de l’occupant israélien».
Amar Bendjama a évoqué, dans la foulée, «l’obligation pour les autorités d’occupation de coopérer conformément à l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier 2024 et d’assurer la préservation des preuves».
Il a appuyé, dans la foulée, la déclaration du secrétaire général de l’ONU sur «la nécessité de permettre à des enquêteurs internationaux indépendants ayant une expertise médico-légale d’accéder immédiatement aux sites de ces fosses communes, afin de déterminer les circonstances exactes dans lesquelles les Palestiniens ont perdu la vie et ont été enterrés ou ré-enterrés».
Par ailleurs, les conséquences de la fermeture, par l’armée israélienne, du point de passage de Rafah, se font déjà ressentir.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il ne reste que trois jours de carburant aux hôpitaux du sud de la bande de Ghaza. «Les hôpitaux du sud de Ghaza n’ont plus que trois jours de carburant, ce qui signifie qu’ils pourraient bientôt cesser de fonctionner», écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, responsable de l’OMS, dans un message sur le réseau X.
Le carburant sert essentiellement à alimenter les générateurs qui permettent de fournir aux hôpitaux l'électricité dont ils ont besoin pour fonctionner. «L’un des trois hôpitaux de Rafah, Al Najjar, ne fonctionne plus en raison des combats en cours dans ses environs et de l’opération militaire à Rafah», souligne-t-il.
Et d’ajouter : «La fermeture du poste-frontière continue d’empêcher l’ONU d’apporter du carburant. Sans carburant, toutes les opérations humanitaires s’arrêteront», met-il en garde, ajoutant que «la fermeture des frontières entrave également l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza».
Ghaza est pour ainsi dire coupée du monde et privée d’aides. «A l’heure où les opérations humanitaires fragilisées ont besoin de toute urgence d’être étendues, l’opération militaire de Rafah limite encore davantage notre capacité à atteindre des milliers de personnes qui vivent dans des conditions désastreuses, sans nourriture, sans installations sanitaires, sans services de santé et sans sécurité adéquates», déplore encore le directeur général de l’OMS, avant de lancer : «Cela doit cesser maintenant !»
Sur le terrain toujours, des agences de presse, citant des sources sur place, affirment que «la population du sud de la bande de Ghaza est usée par sept mois de guerre et les conditions sont particulièrement terribles pour les femmes».
«En plus de 25 ans d’aide humanitaire, je n’ai jamais vu un conflit où les gens doivent tourner en rond et ne peuvent aller nulle part», raconte, à l’AFP, Zouhair Lahna, gynécologue et chef de mission pour Rahma Worldwide, une ONG américaine, ainsi que pour Palmed, une association basée en France.
«Les femmes et les filles à Rafah, comme dans le reste de la bande de Ghaza, sont dans un état permanent de désespoir et de peur», dénonce pour sa part ONU-Femmes, qui a publié une étude affirmant que «93% des femmes interrogées se sentent vulnérables», «plus de 80% (...) font état de sentiments dépressifs, 66% n’arrivent pas à dormir et plus de 70% souffrent d’anxiété intense et de cauchemars».
Le bilan de l’agression israélienne s’élève à 34 844 martyrs
Le bilan de l’agression génocidaire israélienne contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 34 844 martyrs et 78 404 blessés, depuis le 7 octobre dernier, ont indiqué, hier, les autorités palestiniennes de la Santé. Selon la même source, l’armée d’occupation sioniste a commis 7 massacres au cours des dernières 24 heures dans la bande de Ghaza, faisant 55 martyrs et 200 blessés.
Les autorités palestiniennes de la Santé ont également indiqué qu’un certain nombre de victimes palestiniennes se trouvent encore sous les décombres et sur les routes, et que les forces de l’occupation empêchent les ambulances et les équipes de la Protection civile de leur porter secours. M. M.