Le désastre humanitaire à Ghaza s’accentue : L’aveu d’impuissance des ONG et des agences onusiennes

06/12/2023 mis à jour: 01:53
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Selon l’OMS, la situation empire d’heure en heure dans la Bande de Ghaza - Photo : D. R.

«Ces bombardements et les pertes insensées de vies humaines doivent cesser maintenant (…)», insiste le responsable de l’OMS dans les Territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn.

Les appels des ONG et agences de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour un cessez-le feu à Ghaza restent jusqu’alors inaudibles. Depuis la violation, le jeudi 30 novembre, de la trêve entre le mouvement Hamas et Israël et la reprise des bombardements délibérés et criminels sur les populations civiles de la Bande de Ghaza par l’armée israélienne, tous les efforts visant à faite taire les armes continuent à se heurter à l’obstination aveugle et meurtrière de l’occupant sioniste.

Il «est impossible» de mettre en œuvre des zones sécurisées désignées par Israël pour que les civils de la Bande de Ghaza s’y réfugient et échappent aux combats, a affirmé hier l’ONU.

«Ces zones ne peuvent être ni sûres ni humanitaires lorsqu’elles sont déclarées unilatéralement», a indiqué James Elder, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), ajoutant que ces zones «ne sont pas scientifiques, elles ne sont pas rationnelles, elles ne sont pas possibles».

S’exprimant en visioconférence depuis Rafah, le responsable de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) dans les territoires palestiniens occupés, Dr Richard Peeperkorn, a révélé, hier, que le nombre de personnes quittant le centre et le sud  de la Bande de Ghaza «augmentait considérablement». Il a affirmé que «la situation empire d’heure en heure.

Les bombardements s’intensifient partout, y compris ici dans les zones du Sud». «Beaucoup de gens sont désespérés et presque en état de choc permanent», a déclaré Peeperkorn. Et de lâcher : «Nous sommes proches de l’heure la plus sombre de l’humanité». Selon lui, «ces bombardements et les pertes insensées de vies humaines doivent cesser maintenant (…)»

Selon l’OMS, le nombre d’hôpitaux opérationnels à Ghaza est passé de 36 à 18 en moins de 60 jours. Il reste 1400 lits d’hôpitaux dans le territoire palestinien, mais l’OMS estime qu’il en faudrait 5000. Toujours selon l’agence onusienne, 120 000 cas d’infections respiratoires aiguës ont été recensés à Ghaza, 86 000 cas de diarrhée, dont  44 000 chez les enfants de moins de cinq ans.

Les humanitaires, désabusés par la tournure des événements, évoquent une situation «insoutenable», «inqualifiable» au plan humain. En déplacement, lundi, à Ghaza, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a dénoncé les souffrances «intolérables» de la population et réclamé une «solution politique».

Désarçonnée, Mirjana Spoljaric a mis en avant l’«échec moral» de la communauté internationale face aux atrocités commises par Israël dans les Territoires occupés, appelant, dans une vidéo envoyée aux médias, à la «protection des civils». «Le CICR fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider à soulager et à réduire les souffrances, mais nous ne pouvons pas le faire seuls. La solution n’est pas uniquement humanitaire, il faut une solution politique», a-t-elle plaidé.

Et d’ajouter : «Nous sommes confrontés à une situation qui ne se résoudra pas par l’envoi de camions supplémentaires» d’aide humanitaire, soulignant que les femmes, enfants et personnes âgées qu’elle a vus à Ghaza «n’ont nulle part où aller». «Le niveau de souffrance humaine est intolérable. Il est inacceptable que les civils n’aient aucun endroit sûr où aller à Ghaza, et avec un siège militaire en place, il n’y a pas non plus de réponse humanitaire adéquate possible à l’heure actuelle», a-t-elle également relevé.

«Blessures atroces»

La cheffe du CICR dresse ainsi un constat alarmant et sans complaisance, exhortant «les parties et tous ceux qui ont une influence à opérer une désescalade et à trouver des solutions qui ne soient pas militaires à ce qui est une immense souffrance pour les populations des deux côtés». Lors de son déplacement à Ghaza, Mirjana Spoljaric s’est notamment rendue dans l’hôpital européen.

«Les choses que j’y ai vues dépassent tout ce que l’on peut décrire. Ce qui m’a le plus choqué, ce sont les enfants qui ont des blessures atroces et qui ont également perdu leurs parents et n’ont personne pour s’occuper d’eux», a-t-elle témoigné.

Elle a déclaré avoir «rencontré des personnes qui (...) ont perdu une main ou un pied parce qu’elles ne pouvaient pas être soignées dans l’hôpital où elles étaient arrivées en premier». S’exprimant sur le réseau social X (anciennement Twitter), Mirjana Spoljaric a lancé un énième appel à l’aide pour que le CICR «puisse (de nouveau) entrer à Ghaza».

«La semaine dernière a offert un petit répit humanitaire, une lueur d’humanité qui a fait naître l’espoir dans le monde entier qu’il était possible de trouver une voie pour réduire les souffrances. En tant qu’acteur neutre, le CICR est prêt à soutenir de nouveaux accords humanitaires qui réduisent les souffrances et les déchirements», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

De son côté,  Médecins sans frontières (MSF) a réitéré, lundi, son appel pour mettre un terme au génocide que continue de perpétuer Israël à Ghaza. MSF a, dans ce sillage, annoncé le lancement d’une campagne pour exiger un cessez-le-feu immédiat dans l’enclave palestinienne qui subit un pilonnage ininterrompu de l’aviation israélienne.

Dans un post sur la plateforme X, l’ONG a appelé les gouvernements à «faire pression sur Israël pour qu’il cesse les attaques contre les civils et mette fin à son siège sur Ghaza».«Aujourd’hui, nous lançons une campagne pour un cessez-le-feu immédiat», a écrit l’organisation, estimant que «tout cela (massacres, ndlr) doit cesser maintenant».

 


 


 


 


 


 

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