Le bilan du génocide contre Ghaza s’est alourdi à 24 927 morts : Intenses bombardements sur Khan Younès

21/01/2024 mis à jour: 03:11
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La journée d’hier a été cauchemardesque pour les habitants de Khan Younès - Photo : D. R.

Le mouvement Hamas a fait état de plus de 160 morts ces dernières 24 heures, dénombrés en majorité à Khan Younès. Les tensions au Proche-Orient se sont encore exacerbées avec une nouvelle frappe israélienne menée hier contre un immeuble résidentiel à Damas, en Syrie.

L’armée israélienne a concentré, hier, ses raids aériens sur la zone de Khan Younès, dans le sud de Ghaza, où les combats de rue se sont intensifiés. Depuis quelques semaines, Khan Younès est le nouvel épicentre des combats après une violente campagne de bombardements et d’attaques à l’artillerie dans le nord de l’enclave, transformée en zone inhabitable et en proie à une grave crise humanitaire. Dans la nuit de vendredi à hier, les civils palestiniens n’ont eu droit à aucun répit au 106e jour de l’agression génocidaire sioniste.

Le mouvement Hamas a fait état de plus de 160 morts ces dernières 24 heures, dénombrés en majorité à Khan Younès. Le décompte des pertes humaines s’avère difficile, selon les secours, en raison notamment des coupures prolongées qui ont affecté les réseaux de télécommunications. La société palestinienne de télécommunications Paltel a annoncé, vendredi, le retour progressif des services de télécommunications dans certaines zones de la Bande de Ghaza, selon l’agence palestinienne Wafa. Paltel a, d’après la même source, expliqué que ses équipes techniques ont réparé, ces derniers jours, un bon nombre d’installations endommagées par l’armée israélienne qui, en plus des massacres perpétrés contre les populations, détruit délibérément les infrastructures de base.

Lors de leurs interventions, deux techniciens de la société ont péri dans l’explosion d’un obus, portant à quatorze le nombre d’employés de l’entreprise tués depuis le début de la guerre. Hier après-midi, dix autres civils palestiniens ont été tués dans un pilonnage ininterrompu et massif de plusieurs zones à Ghaza, a ajouté Wafa. Citant des sources locales palestiniennes, l’agence a précisé que quatre civils sont morts dans des raids qui ont ciblé un appartement dans le camp de réfugiés d’Al Nuseirat, dans le centre de l’enclave. Dans le nord, dans une localité située à l’ouest de Beit Lahia, trois Palestiniens ont trouvé la mort sous les bombes. A l’est de Khan Younès, les équipes de secours ont retiré trois corps de sous les décombres après toute une nuit de bombardements.

Frappes aériennes contre Damas

Le ministère de la Santé palestinien a, dans un communiqué, en milieu de journée, indiqué que l’occupant sioniste «a commis 14 massacres contre des familles dans la Bande de Ghaza, faisant 165 morts et 280 blessés au cours des dernières 24 heures». Il a, en outre, annoncé que le bilan des tueries israéliennes s’est alourdi à 24 927 morts et 62 388 blessés. «Il y a encore un certain nombre de victimes sous les décombres et sur les routes. Les ambulances et les équipes de la Protection civile ne peuvent pas les atteindre», a-t-il fait savoir par ailleurs.

En Cisjordanie occupée, les raids israéliens se sont aussi poursuivis sur fond d’affrontements et d’arrestations tous azimuts. Les tensions au Proche-Orient et les risques grandissants d’un élargissement, à tout moment, de la guerre dans toute la région se sont encore exacerbées avec une nouvelle frappe israélienne menée hier contre un immeuble résidentiel à Damas, en Syrie, selon l’agence de presse syrienne Sana. L’immeuble de quatre étages, situé dans le quartier de Mazzé, a été détruit par la frappe.

Dix personnes ont été tuées dans cette attaque, dont cinq sont des membres des Gardiens de la révolution, a indiqué l’AFP. C’est dans ce contexte que l’option favorisant une solution à deux Etats et la question du «jour d’après» reviennent au-devant de la scène. Le président américain, Joe Biden, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, les ont évoquées vendredi soir au cours d’un entretien téléphonique. Il s’agissait de leur première conversation en 27 jours. Les médias israéliens ont rapporté que la conversation avait duré près de 40 minutes.

Lors du dernier appel téléphonique entre les deux dirigeants, le 23 décembre, Biden aurait perdu patience et aurait mis fin brusquement à l’appel après que Netanyahu ait de nouveau fait fi des demandes américaines visant à ce qu’Israël débloque les centaines de millions de dollars de recettes fiscales qu’il a retenus à l’Autorité palestinienne, a révélé le quotidien Times of Israélien.

Israël et les Etats-Unis sont, à croire plusieurs médias, en désaccord depuis des semaines sur la question «d’après-guerre» et d’une initiative diplomatique plus large visant une solution à deux Etats et un élargissement des accords d’Abraham. Suite à cet entretien, Joe Biden a déclaré que la création d’un Etat indépendant pour les Palestiniens n’était pas impossible «même si Netanyahu est au pouvoir», a écrit le média israélien. Biden a, en outre, affirmé que Netanyahu n’était pas opposé à toutes les solutions à deux Etats, et qu’il existait «plusieurs types de solutions possibles».

«Illusion»

Des propos qui ont fait réagir le mouvement Hamas qui, tout en les rejetant, les a qualifiés d’«illusion» qui «ne dupe» pas les Palestiniens. «L’illusion que Biden prêche en faveur d’un Etat de Palestine (...) ne dupe pas (notre) peuple», a réagi hier dans un communiqué Izzat Al Richiq, membre du bureau politique du Hamas. Le président américain est «un partenaire à part entière de la guerre génocidaire et notre peuple n’attend rien de bon de lui», a-t-il rappelé, critiquant «ceux qui se considèrent comme les porte-parole officiels du peuple palestinien et qui veulent décider pour le peuple palestinien du type de pays qui lui convient».

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a pour sa part soutenu que la solution à deux Etats «doit être imposée de l’extérieur», accusant Israël d’avoir, selon lui, «créé» et «financé» le Hamas pour «empêcher» la fondation d’un Etat palestinien et «affaiblir» l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Aux Etats-Unis, des dizaines de membres du Congrès et du parti démocrate à laquelle appartient le président américain, Joe Biden, ont, dans une lettre, exprimé leur ferme opposition au «déplacement forcé et permanent» des Palestiniens de la Bande de Ghaza, selon l’agence Wafa. La lettre, adressée au secrétaire d’Etat Anthony Blinken, a été signée par 60 députés et fait ressortir un sentiment d’inquiétude quant à l’ampleur des pertes parmi les civils palestiniens en raison de l’agression israélienne.

«Nous vous exhortons à continuer d’affirmer l’engagement des Etats-Unis à cette position et nous vous demandons de fournir des explications sur certains points de la demande de financement humanitaire et de sécurité complémentaire présentée par l’administration», est-il écrit dans cette missive.

Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne mène une guerre dévastatrice contre Ghaza. Une guerre atroce qui a entraîné une catastrophe humanitaire et sanitaire et provoqué le déplacement d’environ 1,9 million de personnes, soit plus de 85% de la population de l’enclave, selon des sources palestiniennes et onusiennes.

«Aujourd’hui, à Ghaza, quasiment tout est détruit et ce qui ne l’est pas est surpeuplé (...)», a témoigné Enrico Vallaperta, spécialiste de la médecine de guerre, qui est rentré d’une mission de plusieurs semaines à Ghaza pour Médecins sans frontières (MSF). De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déploré hier les «conditions de vie inhumaines» dans le petit territoire côtier, dont les 2,4 millions d’habitants manquent de tout.

 

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