Le bilan des victimes franchit la barre des 34 000 morts : Un «enfer humanitaire» à Ghaza, dénonce Antonio Guterres

20/04/2024 mis à jour: 02:01
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L’agression militaire israélienne contre la bande de Ghaza a transformé l’enclave palestinienne en «enfer humanitaire», a dénoncé jeudi le secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres, devant le Conseil de sécurité des Nations unies. M. Guterres a prévenu que «le Moyen-Orient est au bord du précipice», selon des propos rapportés par l’APS. 

«Une erreur de calcul, une mauvaise communication, une méprise, pourrait conduire à l’impensable, un conflit régional généralisé qui serait dévastateur pour tous ceux concernés, et pour le reste du monde», a-t-il martelé. Et de souligner : «Ce moment de danger maximal doit être un moment de retenue maximale», ajoutant qu’il est «grand temps de mettre un terme au cycle sanglant de représailles». «Nous avons la responsabilité ensemble de faire face à ces risques et d’éloigner la région du précipice», a-t-il martelé en invitant à «commencer par Ghaza».

Le chef de l’ONU a insisté une nouvelle fois sur «la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire à Ghaza et la libération des otages», selon un compte-rendu du service d’information des Nations unies. Dans la foulée, il a cité ce bilan effroyable de «13 900 enfants palestiniens tués dans des attaques soutenues, souvent aveugles».  «Sans compter les sévères restrictions imposées par les autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire aux Ghazaouis, qui sont confrontés à une famine généralisée», a continué M. Guterres. «Israël, poursuit-il, a récemment pris un certain nombre d’engagements pour améliorer la fourniture de cette aide et il y a eu quelques progrès limités, même s’ils ont souvent été annulés par des retards et des restrictions ailleurs.» 

Un réquisitoire accablant contre Israël

Il a indiqué à ce propos que «bien que les autorités israéliennes aient autorisé davantage de convois humanitaires, elles sont souvent accordées trop tard dans la journée pour que les livraisons puissent être effectuées à temps et en toute sécurité». Et de préciser : «Notre personnel ne peut opérer dans l’obscurité dans une zone de guerre jonchée de munitions non explosées.» «Au cours de la semaine du 6 au 12 avril, 

Israël a refusé plus de 40% des demandes de l’ONU exigeant le passage par des points de contrôle israéliens», a-t-il déploré.  «La fourniture d’une aide à grande échelle requiert donc d’Israël qu’il facilite les opérations humanitaires par le biais d’un système de notifications efficace et de communications améliorées et directes entre humanitaires et décideurs militaires sur le terrain.» 

Antonio Guterres a évoqué également, dans son intervention, la situation insoutenable en Cisjordanie occupée, où la population palestinienne est exposée à la fois à la violence systémique du régime d’apartheid israélien et aux exactions des colons israéliens. «Si un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Ghaza est nécessaire, une approche globale de la désescalade doit également inverser la situation explosive en Cisjordanie occupée, où plus de 450 Palestiniens, dont 112 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre, la majorité par les forces israéliennes. D’autres ont été tués par des colons israéliens armés, parfois en présence des forces de sécurité israéliennes qui seraient restées les bras croisés et n’auraient rien fait pour empêcher ces meurtres», a condamné le chef de l’ONU. 

 M. Guterres en est persuadé : «La toile de fond de cette effroyable montée de la violence est l’expansion continue des colonies israéliennes qui sont en soi une violation du droit international, et les opérations israéliennes répétées à grande échelle dans les zones palestiniennes.» Le secrétaire général des Nations unies a plaidé de nouveau pour une solution à deux Etats en faisant remarquer : «L’incapacité à progresser vers la solution des deux Etats ne fera qu’accroître les risques qui pèsent sur des centaines de millions de personnes dans la région, qui continueront de vivre sous la menace constante de la violence.» 
 

«Un nombre inacceptable de civils tués»

Les ministres des Affaires étrangères du G7, réunis pendant trois jours à Capri, en Italie, ont dénoncé de leur côté, dans une déclaration commune, hier, le lourd tribut payé par la population civile de Ghaza depuis plus de six mois de violences militaires acharnées. Les représentants des pays membres du G7 se sont émus de «toutes les pertes de vies civiles» et déclaré avoir «noté avec grande inquiétude le nombre inacceptable de civils, dont des milliers de femmes, d’enfants et de personnes en situation de vulnérabilité, qui ont été tués à Ghaza», rapporte l’AFP. Ils ont également exprimé leur opposition à une «opération militaire d’ampleur à Rafah».

 Une telle offensive aurait «des conséquences catastrophiques sur la population civile». «Nous réitérons notre appel en faveur d’un plan crédible et pratique d’un point de vue logistique pour y protéger la population civile», ont-ils assuré. 

Le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, a déclaré mercredi devant le Conseil de sécurité que le démantèlement de l’Unrwa auquel ne cesse d’appeler l’Etat hébreu ne fera qu’aggraver la situation humanitaire dans la bande de Ghaza. «L’Unrwa est la colonne vertébrale des opérations humanitaires» à Ghaza, a insisté M. Lazzarini, selon des propos relayés par l’APS.

 «Démanteler l’Unrwa aura des répercussions durables. A court terme, cela va aggraver la crise humanitaire à Ghaza et accélérer l’arrivée de la famine. A long terme, cela mettra en danger la transition d’un cessez-le-feu vers ‘le jour d’après’ en privant une population traumatisée de services essentiels», a développé le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. M. Lazzarini fera en outre observer que la disparition de l’Unrwa en Palestine rendrait «quasi impossible la tâche immense d’un retour à l’éducation pour près d’un demi-million de filles et de garçons profondément éprouvés». Et de lancer : «Echouer à offrir une éducation condamnera une génération entière au désespoir, alimentant la colère, la rancœur et les cycles sans fin de violence.»
 

30 corps déterrés de l’hôpital Al Shifa

Selon le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al Qudrah, 730 000 personnes dans la ville de Ghaza et dans le gouvernorat du Nord sont privées de services de santé, notamment après la destruction de l’hôpital Al Shifa. «La destruction du complexe médical d’Al Shifa constitue un coup dur porté au système de santé», a déclaré avant-hier M. Al Qudrah, cité par l’APS. 

«Plus de 730 000 personnes dans le nord de Ghaza sont privées de véritables services de santé», a-t-il alerté. Ashraf Al Qudrah accuse les forces d’occupation israéliennes d’avoir «procédé à des exécutions directes de personnel médical et de patients dans le complexe médical d’Al Shifa et dans les hôpitaux du nord de Ghaza». «Nous avons perdu du personnel médical spécialisé qui constituait l’épine dorsale des services médicaux, notamment l’examen d’échantillons de tumeurs et la transplantation rénale», a-t-il affirmé.

Le chef du Bureau gouvernemental des médias à Ghaza, Salama Maarouf, a annoncé jeudi, dans un communiqué, que les corps de 30 martyrs palestiniens ont été retrouvés au sein de l’hôpital Al Shifa, rapporte l’APS. «Nos équipes ont pu extraire 30 corps de martyrs enterrés dans deux fosses communes, l’une devant le service des urgences et l’autre devant le service de néphrologie», a indiqué Salama Maarouf. 

«Les corps de 12 martyrs ont été identifiés, tandis que les autres ne l’ont pas encore été, sachant que l’armée d’occupation sioniste a caché les corps des Palestiniens dans le complexe médical d’Al Shifa, les enfouissant profondément dans la terre et les recouvrant de déchets», révèle la même source, ajoutant que «des corps de femmes, de personnes âgées et de blessés ont été retrouvés». Il précise que «certains d’entre eux étaient menottés et dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique qu’ils ont été exécutés de sang-froid». 

Le chef du Bureau gouvernemental des médias à Ghaza soutient par ailleurs que «le sort d’un millier de personnes, y compris des membres du personnel médical et des journalistes qui se trouvaient dans le complexe au moment où l’armée d’occupation sioniste l’avait pris d’assaut, demeure inconnu», ajoutant qu’à l’heure actuelle, «on ne sait pas s’ils ont été arrêtés ou tués et leurs corps dissimulés dans d’autres parties du complexe».

Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas, le bilan des victimes de la guerre contre Ghaza enregistré jusqu’à ce vendredi s’élève désormais à 34 012 morts et 76 833 blessés. La même source précise que 42 Palestiniens ont été tués et 63 autres blessés en 24 heures, entre jeudi et vendredi. 

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