L’Algérie dans le nouvel ordre mondial

08/05/2023 mis à jour: 06:03
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L’image la plus forte qui colle aux Etats-Unis est celle du dollar dominant le monde. Si elle est en train de s’effilocher, elle tient encore bon. 

Les coups viennent de la Chine, nation surpeuplée mais travailleuse. Bien avant la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la Chine avait mis en avant ses atouts dans l’ensemble des segments économiques, en particulier technologiques, longtemps chasse gardée des Etats-Unis. Pékin talonne de près Washington et le dépasse même dans certains secteurs innovants. 

Mais ne nous trompons pas, le dollar reste toujours leader. L’expert Abdelrahmi Bessaha avait relevé récemment, dans El Watan, que «l’éminence du billet vert est renforcée par son énorme liquidité, l’ouverture des Etats-Unis au commerce et aux investissements et la confiance dans ses institutions de soutien». Les Etats-Unis sont hégémoniques au sein du FMI, la Banque mondiale et diverses autres institutions internationales et régionales et le commerce mondial est régulé par le dollar, réserve et moyen de paiement privilégiés. Un grand nombre de pays détiennent des bons du Trésor de la Banque centrale américaine, y compris la Chine. 

S’il monte en puissance, le système financier chinois est, en revanche, peu développé. A. Bessaha précise à ce propos que «la monnaie chinoise n’est pas entièrement convertible en raison du contrôle des capitaux et elle souffre de l’absence d’un véritable Etat de droit». Le renminbi est en concurrence directe avec l’euro, mais son handicap est le contrôle strict des capitaux par la Banque centrale chinoise. «La compétition entre les deux superpuissances est suivie de près par le monde. Est souhaitée la fin de l’hégémonie du dollar américain afin que ses fluctuations ne soient plus pénalisantes.» 

Depuis la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Moscou et Pékin ont mis en place leur propre système de paiement comparable au Swift occidental, ont multiplié leurs échanges commerciaux, notamment dans le domaine de l’énergie. Les deux capitales comptent sur l’Inde et le bloc des BRICS pour amorcer un processus de désengagement vis-à-vis des Etats-Unis et leurs alliés européens. 

L’Algérie sera partie prenante au sein des BRICS avec, au départ, un statut d’observateur. Elle partage la philosophie de base de ce nouveau groupement international, qui est le développement du multilatéralisme, notamment par le biais des Nations unies, la fin de la domination du pôle occidental avec son instrument privilégié qui est le dollar et accessoirement l’euro et le yen. 

Pour l’heure, l'Algérie doit mettre de l’ordre dans la maison avec une politique ambitieuse et innovante de sortie de crise, adossée à son principal atout qui est le pétrole et le gaz. Cet atout ne devrait plus constituer, comme il l’a toujours été, une rente mais doit servir à faire de l’Algérie une nation émergente. Une croissance notable est enregistrée depuis ces deux dernières années, soutenue par le secteur hors hydrocarbures et par la dépense publique. 

Mais cette dernière est apparue excessive dans la loi de finances 2023. Elevé, le train de vie de l’Etat menacerait les ressources financières du pays. 

Le ralentissement de la croissance économique en Europe, la forte inflation mondiale et les initiatives globales de lutte contre les changements climatiques participent à déstabiliser le marché international des hydrocarbures, unique ressource conséquente. Aussi, l’alternative la plus viable pour l’Algérie réside dans une croissance durable hors hydrocarbures et dans la mise en œuvre soutenue de réelles et profondes réformes structurelles. 

C’est à ce prix qu'elle s'élèvera au rang de nation émergente et méritera sa place au sein des BRICS, avec un positionnement non aligné et des relations d'intérêt avec les puissances occidentales, les Etats-Unis compris. 

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