La problématique de l’écriture de l’histoire en débat : «Il faut définir ce qu’est la mémoire»

09/03/2024 mis à jour: 23:23
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Photo : D. R.

Des historiens, des chercheurs, des enseignants et des moudjahidine ont débattu, durant deux jours, de la problématique de l’écriture de l’histoire nationale. «Nous avons battu la quatrième puissance mondiale.

Notre Révolution est belle. Elle est extraordinaire. De surcroît, nous sommes le seul pays arabe à avoir arraché son indépendance par une lutte armée.

Il faut donc écrire et raconter cette histoire et en être fière», lâche Rabah Zerari, de son nom de guerre Commandant Azzedine, lors de ce premier colloque national dédié à la mémoire et à l’écriture de l'histoire nationale, organisé à Alger par le ministère des Moudjahidine, en coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur.

Plus de 125 professeurs et chercheurs et plus de 20 laboratoires scientifiques spécialisés ont pris part à cette manifestation. Les participants à cette rencontre, venus des 58 wilayas, ont tous mis en avant l’importance d’écrire notre histoire et de la transmettre aux générations futures.

«Plus de 2 millions de soldats ont participé à la guerre d’Algérie, un million de pieds-noirs. 8000 villages ont été rasés, un million d’hectares de forêts ont été brûlés. L'armée coloniale a planté 11 millions de mines antipersonnel tout au long des lignes Charles et Morris, qui s’étendent sur les frontières est et ouest de l'Algérie.

Pourquoi ne pas écrire cette belle histoire ?» s’est interrogé le Commandant Azzedine. Les différents intervenants ont insisté sur la nécessité de définir ce qu’est la mémoire. «Les mots ont leur sens et leur dimension.

Nous devons trouver une terminologie exacte pour étudier cette mémoire, déterminer les faits que nous devons réviser pour bien cerner cette mémoire collective. Débattre surtout de la mémoire locale, c’est-dire de toutes les régions d’Algérie», a relevé Mohamed Lahcène Zeghidi, président de la commission algérienne chargée de l'histoire et de la mémoire.

Accord sur les archives

M. Zeghidi a, par ailleurs, évoqué dans le détail la mission de la commission effectuée à Paris durant 23 jours. Selon lui, les membres de cette instance ont fait le point sur les centres renfermant les archives civiles et militaires.

A ce titre, il a expliqué que les deux parties algérienne et française se sont mises d’accord sur la remise d’une première version numérique des archives, en attendant la récupération des documents. Aussi, la commission a pu accéder aux outils et manuscrits spoliés durant la période coloniale, notamment ceux appartenant à l'Emir Abdelkader.

Il a aussi cité les 2000 canons séquestrés en France et la carte relative aux tombes des Algériens exilés et emprisonnés pendant l’occupation française. De l'avis de Zeghidi, la commission dispose de toutes les informations liées au dossier de la mémoire nationale afin de pouvoir mener les négociations avec la partie française.

De son côté, le ministre des Moudjahidine, Laid Rebiga, a précisé que son département s'attelait à l'organisation de rencontres, conférences et journées d'étude au niveau des établissements universitaires en vue «de barrer la route aux idées et visions étrangères véhiculées sur notre histoire ou les tentatives de s'en accaparer», tout en renforçant les alternatives scientifiques et objectifs disponibles.

M. Rebiga a indiqué que «les établissements scientifiques et les instances relevant de son département sont mis à la disposition des chercheurs et de tous les intéressés par l'histoire et la mémoire en vue de leur permettre d'écrire l'histoire et de préserver, ainsi, la mémoire nationale».

Les participants à ce colloque ont proposé la création d'une école supérieure d’histoire et d’une association nationale des historiens algériens afin d’«unifier les visions des historiens» et d’«accompagner les orientations de l'Etat algérien en matière d'histoire et de mémoire». 
 

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