La chute du régime en Syrie et la fuite du président Bachar Al Assad suscitent, curieusement, des divergences entre le président en exercice aux Etats-Unis, Joe Biden, et son successeur, Donald Trump, qui prendra les commandes en janvier 2025. Le premier exige des comptes au leader déchu de Damas, alors que le second estime que la Syrie est une affaire qui «ne concerne pas les USA».
En effet, quelques heures après l’annonce de la chute du régime syrien après une offensive éclair des groupes rebelles, Joe Biden affirme que Bachar Al Assad devrait «rendre des comptes» pour les «centaines de milliers de Syriens innocents» qui ont été «maltraités, torturés et tués». Lors d’une allocution à la Maison-Blanche, le président américain précise que les Etats-Unis n’étaient «pas sûrs» de l’endroit où se trouvait le président syrien. «Mais il se dit qu’il est à Moscou», enchaîne-t-il.
Selon Joe Biden, la chute de Bachar Al Assad représente une «opportunité historique» pour les Syriens de «construire un meilleur avenir», même si cette situation crée «des risques» et de «l’incertitude». Le président américain rappelle, dans ce sens, que «certains des groupes rebelles» ayant participé à cette offensive avaient des «antécédents de terrorisme et de violation des droits humains».
Les Etats-Unis, rappelons-le, classe l’organisation Hayat Tahrir Al Sham, dirigé par Al Joulani (un ancien terroriste affilié à Al Qaïda), comme une organisation terroriste. «Nous avons pris note des déclarations des dirigeants de ces groupes rebelles ces derniers jours, et ils disent ce qu’il faut en ce moment, mais alors qu’ils s’apprêtent à prendre de plus grandes responsabilités, nous allons évaluer non seulement leurs mots, mais aussi leurs actes», déclare-t-il.
Appui aux Kurdes du FDS
Selon Joe Biden, les Etats-Unis ne «laisseraient pas» le groupe djihadiste Daesh profiter de la situation pour «se rétablir» en Syrie, où il avait occupé de larges pans de territoire entre 2014 et 2018. C’est dans cet objectif que le Centcom, commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, a annoncé que des avions américains avaient mené dimanche «des dizaines de frappes» dans le centre de la Syrie, visant «plus de 75 cibles» de Daesh.
Concernant la transition du pouvoir en Syrie, Joe Biden a souligné que Washington échangerait avec «tous les groupes syriens» dans le but de «mettre en place une transition (...) vers une Syrie indépendante, souveraine (...) avec une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement».
Présents sur le terrain syrien avec environ 900 soldats, les USA appuient notamment les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et opposées à Bachar Al Assad, qui contrôlent des territoires dans le nord-est du pays. Quelle sera la position de la future administration américaine ? A priori, elle ne sera pas la même que celle adoptée par Biden.
Avant de revenir à la Maison-Blanche, le 20 janvier prochain, Donald Trump déclare sur sa plateforme Truth Social (samedi dernier) que les Etats-Unis ne devaient pas «se mêler» de la situation en Syrie. «La Syrie n’est pas notre amie, et les Etats-Unis ne devraient pas avoir affaire avec cela. Ce n’est pas notre combat», écrit-il. Et d’ajouter : «Laissons (la situation) se développer. Ne nous en mêlons pas !»