Une nouvelle trêve entre le Hamas et Israël est prévue en début de semaine prochaine et pourrait durer tout le mois de Ramadhan.
C’est le président Biden qui l’a annoncé avant les négociateurs, une anticipation qui traduit quelque part son soulagement à l’égard du conflit dans lequel il s’est fourvoyé dans un chemin sans issue.
Dès le départ, il a foncé tête baissée, à coups de porte-avions, de missiles et de milliards de dollars en appui à l’offensive guerrière du gouvernement Netanyahu, usant sans retenue du droit de veto au Conseil de sécurité pour contrer les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale.
Avant qu’il ne se rende compte, au fil des mois, mais sans jamais l’avouer publiquement, que Tel-Aviv n’était pas dans une posture défensive, mais bel et bien dans la poursuite de son historique stratégie coloniale avec un pendant génocidaire que la Cour international de justice de La Haye est venue lui rappeler de manière cinglante.
De plus, Joe Biden a commencé à avoir des sueurs froides sur l’issue du scrutin présidentiel de novembre prochain, loin de lui être acquis, du fait de la désertion d’une large partie de son électorat, jeune, arabe, démocrate, révolté par son alignement aveugle derrière le gouvernement Netanyahu.
Il ne pouvait ignorer qu’un lourd problème de conscience avait fini par gagner toute la société américaine, horrifiée par les images des massacres quotidiens soutenus par son administration. Au-delà des immenses manifestations de rue, la symbolique est venue de l’immolation d'un soldat américain de 25 ans devant l’ambassade israélienne à Washington pour dénoncer le génocide à Ghaza.
Le feu qui a emporté la vie de ce jeune militaire est le même feu qui a embrasé l’enclave emportant 30 000 personnes, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, 60 000 blessés, des séquelles et des traumatismes à vie d’une population poussée à la famine. Celle-ci, avec les maladies qui lui sont liées, vise à démoraliser définitivement les Palestiniens, voire les achever physiquement en masse. Après les bombes, c’est l’autre arme génocidaire d’Israël, sa seule politique à l’égard de Ghaza et de la Palestine d’une manière générale.
Il ne cesse de rejeter la proposition de «deux Etats», bien qu’elle fasse consensus à l’échelle internationale, y compris au sein de ses alliés occidentaux. Netanyahu ne fait confiance qu’à l’option militaire, persuadé qu’elle seule est en mesure de réaliser ses objectifs, le premier : éliminer définitivement l’organisation Hamas, et le second pousser les Ghazaouis à quitter leurs terres pour être recolonisées.
Il s’agit de les intégrer aux territoires déjà expropriés en Cisjordanie, le tout devant former le Grand Israël, le grand rêve sioniste. Face à ce délire, a été opposée, à l’international, dans la lancée des Accords d’Oslo, l’idée de la création de «deux Etats» dont l’arrière-pensée est qu’ elle puisse satisfaire les Palestiniens par l’octroi d’un Etat censé être libre sur un quart de leur pays ancestral, à l’ouest du Jourdain.
Même si cette option est retenue, sa concrétisation sera problématique, ne serait-ce par la présence d’un demi-million de colons israéliens à déloger. Et que dire de son acceptation par les Palestiniens eux-mêmes. Pour l’heure, Washington est en phase avec Tel-Aviv sur le préalable de l’élimination totale du Hamas et sa mise hors-jeu de toute perspective politique.
Mais les deux capitales sous-estiment la capacité de riposte du Hamas au forcing de l’armée israélienne, à laquelle il a infligé de lourdes pertes et l’a rendue incapable de trouver les dirigeants du Hamas et les otages du 7 octobre.
Et bien entendu, les Israéliens ne tiennent pas compte du degré d’adhésion des Ghazaouis à l’idéologie du Hamas qu’ils ont porté au pouvoir par les urnes. La mise hors-jeu donc du Hamas est loin d’être évidente, même si l’organisation a perdu beaucoup de terrain et de combattants.
Enfin, les Etats-Unis et Israël ne maîtrisent plus le contexte international. De plus en plus d’Etats font savoir publiquement leur hostilité à la guerre, le tout dernier étant le Brésil. Mis au ban des Nations unies, Tel-Aviv n’est sauvé que par le veto américain. La CIJ de La Haye est de son côté déterminée à aller au bout de son accusation de Tel-Aviv de «tentation génocidaire».
L’économie mondiale est sévèrement affectée par le blocage du détroit de la mer Rouge et la perspective d’une autre guerre au Liban avec une implication plus importante de l’Iran alimente les craintes en Occident déjà empêtré dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.