Doublement acculé, sur le front politique, avec le repositionnement déroutant opéré par certains de ses alliés, dont la France, et sur le terrain militaire, avec les lourdes pertes enregistrées dans les rangs de l’armée israélienne, entre soldats tués ou blessés et destruction de la logistique de guerre, le cabinet de guerre de l’entité sioniste n’a pas résisté longtemps à la tentation imposée par le cours des événements de renouer le fil des négociations avec le mouvement Hamas, via les mêmes canaux de médiation, de la troïka : Etats-Unis d’Amérique, Qatar, Egypte, pour trouver une issue heureuse à sa politique aventurière et suicidaire de la gestion de la crise des otages détenus par le Hamas.
Après avoir échoué, par deux fois, à libérer des otages à travers des opérations commandos qui se sont soldées par la mort de 4 prisonniers, le Conseil de guerre israélien fait profil bas et décide de franchir le pas en ouvrant le débat sur la perspective d’une nouvelle trêve avec le Hamas portant sur l’échange de prisonniers.
La mort d’un premier otage, suite à une opération avortée de l’armée d’occupation qui a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion israélienne, suivie, ces dernières heures, de trois autres prisonniers pris sous les feux de l’armée israélienne lors de l’assaut de leur lieu de détention, a anéanti le plan diabolique du Premier ministre Benyamin Netanyahu de faire libérer les otages du 7 octobre du Hamas par la force.
Outre le fait d’avoir mis à mal le mythe de l’efficacité prétendue prêtée aux unités spéciales de l’armée israélienne dans les opérations d’exfiltration et de barbouzerie, l’échec de ces deux opérations de commandos conduira, sans nul doute, le gouvernement israélien à revoir sa stratégie du tout-sécuritaire, d’éradication du mouvement Hamas et d’épuration ethnique menée dans la Bande de Ghaza et dans les territoires occupés de Cisjordanie.
Après avoir perdu la bataille militaire sur le terrain, face à la résistance palestinienne qui a montré des capacités insoupçonnées au combat qui ont désarçonné l’ennemi, empêché sa progression dans la bataille terrestre, et contrarié la concrétisation de ses objectifs militaires et politiques de recolonisation de la Bande de Ghaza, de déportation de la population vers les pays voisins et d’anéantissement du mouvement Hamas, le gouvernement israélien change de fusil d’épaule.
Le poids du dossier des otages vaut bien pour Netanyahu une autre trêve avec le Hamas afin de se débarrasser de ce lourd fardeau qui a ruiné sa carrière politique et parasiter son plan de bataille dans son souci proclamé de préserver les vies des otages et de les ramener sains et saufs à la maison !
Alors que la guerre entre dans son troisième mois, force est de constater que les illusions funestes du Premier ministre israélien et de ses parrains qui le soutiennent et le conseillent dans cette sale guerre se sont brisées avec fracas face à la résilience d’un peuple qui refuse d’abdiquer et de se résigner à la fatalité d’une nouvelle Nakba.
Dans cette seconde partie d’échecs à laquelle appelle Netanyahu pour ouvrir des négociations avec le mouvement Hamas en vue de sceller un nouvel accord d’échange de prisonniers, le Premier ministre israélien sait qu’il n’est pas maître du jeu, même s’il s’obstine à vouloir convaincre du contraire en aspirant à transformer une entreprise génocidaire en épopée militaire, en projet existentialiste du peuple juif.
Pour avoir tiré les leçons de la première opération d’échange de prisonniers qui s’était déroulée à l’ombre d’une «pause humanitaire» de courte durée des combats, violée au demeurant, par l’entité israélienne, le mouvement Hamas, fort des galons arrachés dans cette guerre, ne manquera pas de poser sur la table des négociations, outre la question de l’acheminement de l’aide humanitaire dans la Bande de Ghaza, le volet politique qui est au cœur de la question palestinienne.
La disponibilité affichée par le mouvement Hamas d’ouvrir de nouvelles négociations sur la libération des otages, en échange de l’élargissement des prisonniers palestiniens, ne saurait être, pour la résistance palestinienne, une fin en soi, un objectif inclusif.
Dans l’esprit des dirigeants du mouvement Hamas, l’arrêt des hostilités n’est envisagée que sous la forme d’un cessez-le-feu durable, accompagné de garanties politiques, sous supervision internationale, sur le statut actuel et futur de Ghaza et des Territoires occupés de la Cisjordanie, après la guerre, dans le cadre d’un Etat national palestinien souverain, ainsi que la renonciation par l’entité sioniste du plan de liquidation du mouvement Hamas, organisation et encadrement.
Face à la pression internationale, à la colère de l’opinion israélienne par rapport à la gestion chaotique du dossier des otages sur lequel les derniers événements ont montré que le gouvernement israélien n’a aucune emprise, face aux images apocalyptiques des bombardements qui ont littéralement rasé Ghaza de la carte, provoquant un vaste mouvement de dénonciation de l’opinion internationale, le mouvement Hamas et la résistance palestinienne, dans ses diverses factions, sont aujourd’hui plus forts que jamais pour imposer la reconnaissance du droit légitime des Palestiniens à un Etat souverain avec comme capitale El Qods.
La présence parmi les otages encore détenus par la résistance palestinienne de nombreux soldats et officiers israéliens est un atout de taille que le mouvement Hamas tentera de négocier à un prix fort. Jusqu’où le gouvernement de Netanyahu pourra-t-il aller dans ses concessions aux exigences du mouvement Hamas et par rapport à la cause palestinienne ?
L’appel de Netanyahu à de nouvelles négociations pour la libération des otages, une ruse de guerre ? Il serait vain de croire que le règlement de la crise des otages, d’une manière ou d’une autre, sonnera le glas de l’occupation israélienne. Cependant, aujourd’hui, plus que jamais, tout indique que les vents sont favorables à la cause palestinienne pour se faire entendre et imposer la force du droit international à l’occupant israélien.