Ramadhan: La mercuriale défie déjà toute règle

25/02/2024 mis à jour: 02:54
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C’est une habitude, presque devenue une tradition. A près de deux semaines du début du mois sacré, les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper. Nouveau coup de marteau pour le pouvoir d’achat des Algériens. 
Il est 11h. Après deux journées pluvieuses, le ciel reprend ses couleurs en ce mardi matin à Alger, plus précisément dans la commune d’El Biar. Au marché de cette commune  carrefour entre l’est et l’ouest de la Capitale, le rush est de partie. Le nombre de visiteurs augmente au fil du temps qui coule. Des petits groupes se forment autour de chaque étale sans que l’opération d’achat ne se concrétise vraiment.  « Venez, prenez un sachet et choisissez ce que vous voulez », lance un vendeur de légumes dans l’espoir de vendre. Non loin, une dame tente de négocier le prix de l’ensemble de ses achats, mais en vain. « Je ne peux pas vendre à perte», lui explique le vendeur.
En effet, à l’approche du sacré mois de Ramadan, les prix ne cessent d’être aussi capricieux. La pomme de terre est cédée à pas moins de 75 DA. La tomate frôle les 120 DA et les oignons se situent entre les 90DA et 100DA. Quant aux carottes, elles ont atteint les 120DA. Les commerçants gardent le même refrain: les produits sont chers aux marchés de gros et/ou la récolte n’a pas été généreuse cette année. Ceci n’est forcément pas le cas. « C’est insupportable !  Souvent on regarde de loin sans rien acheter. Ceci est valable  même pour les produits de première nécessité. Avec le loyer, les transports pour le travail,  les factures, on y arrive plus. Tout est cher », déclare une mère de famille et assistante médicale de son état. 
Si les légumes s’enflamment, dans le rayon des fruits, du moins ceux de saison, les prix sont plus doux. Les oranges ne dépassent pas les 110 Da. Ce n’est pas le cas des mandarines qui frôlent les 200 Da/kilo.  Dans le rayon viandes, les prix qui font fuir plus d’un. La viande rouge, particulièrement celle du bœuf, trône sur les 2800 Da et ne descend pas au-dessous des 2000 Da. Pourtant, pour contrer le manque de viande rouge, les autorités ont procédé à l’importation de quantités importantes de viandes rouges. Le ministère du commerce avait annoncé la mise sur le marché de 7 000 tonnes de viandes importées pour réduire la pression sur ce produit durant le mois de ramadhan et faire baisser son prix à 1200 dinars/kg.  
Ces mesures n’ont finalement permises qu’au poulet de baisser ses ailes et s’afficher à 450 Da le kilo contre 350 dinars/kg annoncé par le ministère. Pour les œufs, la situation perdure. Les prix oscillent entre 23 et 25 Da l’unité.  « Pour ma famille, je n’achète que des ailes de poulet qui sont moins chères par rapport au poulet entier. A force d’en acheter, nous finirons par voler aussi ! », lance un citoyen dans un humour noir. Ces prix récoltés sur le terrain sont largement en dessus de ceux annoncés par le ministère de l’agriculture. Dans une initiative louable, le département de Youcef Chorfa, affiche au quotidien la balance de la mercuriale. En ce mardi 25 février, la pomme de terre est, selon les données officielles, à 61 Da, la tomate à 83 Da, les oignons à 76 Da, la carotte à 67 Da et les mandarines à 180 dinars. Pour la viande rouge, elle est estimée à 1729 dinars et les œufs à 21 dinars l’unité. 

Halte à la spéculation

Les prix vont-ils baisser ? Pour les commerçants, qui continuent d’imposer leur dernier mot sur les prix et le pouvoir d’achat des Algériens, cette hausse continuera. Les prix, qui selon répondent à l’offre et à la demande, perdurant dans cette tendance haussière même pendant le mois de ramadhan.  L’État qui promet depuis plusieurs mois de protéger le pouvoir d’achat et de sévir contre la spéculation ne cache pas sa colère et ses menaces. 
Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a annoncé mettre au point un programme spécial de lutte contre ce qu’il a qualifié de « spéculation illicite ».  Le ministre a mis en garde, à plusieurs reprises, tous les producteurs augmentant les prix de manière injustifiée les menaçant de prendre les mesures adéquates à leur encontre.
Dans le cadre de cette lutte acharnée contre les spéculateurs, les services de la gendarmerie nationale de la wilaya de Boumerdes ont saisi une quantité importante de pois chiches destinés à la spéculation. “ Après un contrôle routinier des documents administratifs et inspection du véhicule, l’équipe de recherche à Khamis El Khechna a pu arrêter un groupe criminel à bord d’un camion venant d’une des wilayas de l’est  et saisir une quantité qui s’élève à 90 sacs de pois chiches pesant 50 kg, pour un poids total de 45 quintaux. A l’issu de cette affaire 04 personnes ont été arrêtées dont 02 de la wilaya de Sétif et 02 autres de la wilaya de Relizane. Ils ont été présentés devant les instances juridiquement compétentes”, a fait savoir le capitaine Cheikh Aliane, chargé de la communication du groupement régional de la gendarmerie nationale de la wilaya de Boumerdes.  

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