Voir ces longues files de réfugiés ukrainiens fuyant les destructions et la mort, ces familles qui ont tout perdu, toute cette détresse humaine, le cœur en est lourdement serré.
Et comme les autres citoyens dans le monde, nous, Algériens, y sommes particulièrement sensibles, nos aînés l’ayant particulièrement vécu durant la Guerre de Libération face à la France coloniale soutenue par une organisation naissante, l’OTAN, sous la férule américaine.
Cette organisation fait de nouveau parler d’elle à la faveur de cette guerre entre la Russie et l’Ukraine qui n’aurait jamais eu lieu sans une implication directe : depuis de longues années, Moscou met en garde l’OTAN contre toute velléité de s’approcher de ses frontières via l’Ukraine. L’Organisation fait la sourde oreille, privilégiant un anti-Russie viscéral et une ambition de domination planétaire développée singulièrement après l’éclatement du Pacte de Varsovie au début des années 1990.
Depuis cette date, elle se dicte d’étendre son influence partout en Europe jusqu’aux frontières immédiates de la Russie dépouillée du soutien de la plupart des ex-Républiques communistes de l’Est. Parallèlement, l’Organisation s’est engagée à réprimer, voire supprimer tous les régimes politiques dans le monde susceptibles, d’une manière ou d’une autre, de contrecarrer aussi bien ses intérêts économiques, géostratégiques qu’idéologiques.
Aussi, le drame humanitaire ukrainien actuel tient en large partie de cette ambition insensée de l’OTAN, comme le furent d’ailleurs les tragédies de l’Irak, de la Libye, de la Syrie et d’autres endroits du tiers-monde. En Europe même, la Fédération de Yougoslavie implosa littéralement sous ses bombes. Enfin, en se plaçant résolument aux côtés d’Israël, elle conforta un Etat raciste oppresseur des Palestiniens, dont les appels à l’aide, au fil des décennies, n’eurent jamais un quelconque écho favorable de l’Occident.
Mais l’OTAN ne se contenta pas uniquement de l’usage de ses forces militaires. Elle s’adossa sur la domination occidentale en matière de technologie et de modèle économique : expansion de l’ultralibéralisme, puissance du dollar et force planétaire des moyens de communication. Grâce à tout cela fut obtenu le ralliement total de l’Europe, qui cultiva le paradoxe de suivre aveuglément les Etats-Unis en sacrifiant parfois ses propres intérêts.
Dans le conflit actuel, à titre d’exemple, elle hypothèque gravement ses approvisionnements en pétrole et gaz de Russie, laissant les Etats-Unis conforter et étendre leurs exportations énergétiques. De plus, elle affaiblit ses échanges commerciaux avec la Russie, jusque-là assez développés de par la proximité géographique et culturelle.
En ces temps de crise, après deux années dévastatrices de la pandémie de coronavirus, l’Europe se tire carrément une balle dans le pied.
Finalement au profit de qui ? Ni aux peuples du Vieux Continent qui voient se profiler une autre crise économique, ni aux Ukrainiens dont la planche de salut ne viendra que des négociations entre leur pays et leur puissant voisin de l’Est, déterminé à chasser l’Otan de ses frontières, mais qui, de son côté, doit comprendre qu’on ne doit jamais pénaliser encore moins punir les populations. Pour tous les belligérants, la porte de sortie se trouve dans les compromis diplomatiques et, bien entendu, dans la cessation immédiate de l’occupation et des hostilités.
Quant à l’Europe occidentale, elle doit se démarquer une bonne fois pour toutes de son suivisme mortifère des Etats-Unis et pas seulement sur ce conflit. Pour toutes les nations, le moment est venu, à la faveur de ce terrible drame ukrainien, de changer de curseur et de paradigme pour que finissent définitivement, partout dans le monde, les longues files de réfugiés fuyant les guerres.
Et pour que l’essentiel soit pris à bras-le-corps, c’est-à-dire la faim dans le monde, le grave changement climatique, les occupations guerrières des territoires et les privations des libertés publiques et individuelles trop répandues sur la planète.