Le président français, Emmanuel Macron, brise le silence. Ayant laissé le train, plusieurs se-maines durant, à des acteurs de l’extrême droite ou proches de ce courant hostile à l’Algérie, dont le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour envenimer les rapports entre Alger et Paris, il prône désormais l’apaisement.
Il désavoue son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, comme il adresse des messages aux acteurs de l’extrême droite qui ne cessent de pousser vers la rupture avec l’Algérie. Intervenant vendredi dernier devant la presse, Macron plaide, plutôt, pour le dialogue afin «d’avancer» dans le traitement des différends.
Il cite d’emblée les accords signés en 1994 sur, dit-il, «la reprise automatique des ressortissants qui ont des papiers d'identité ou des passeports». «Il faut qu’ils (ces accords, ndlr) soient pleinement respectés», déclare-t-il, rappelant le «travail effectué par l’ancien ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin».
Ce dernier, précise-t-il, «avait mis en place un système pour favoriser justement le retour de certaines catégories de personnes en situation irrégulière identifiées comme les plus dangereuses».
Le président français revient également longuement sur les accords de 1968 que Bruno Retailleau et le Premier ministre français, François Bayrou, veulent dénoncer. Macron montre la voie à suivre. «Pour ce qui est des accords de 1968, nous avions, avec le président Tebboune, même envisagé, à l’été 2022, de les rouvrir pour les moderniser, parce qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être faites de part et d’autre sur ces accords, sur lesquels il y a beaucoup de commentaires, parfois d'ailleurs faux», rappelle-t-il, soulignant aussi le travail engagé par les Premiers ministres des deux pays en automne 2022.

(Emmanuel Macron et son ministre Bruno Retailleau)
«Reprendre ce travail»
Poursuivant, Emmanuel Macron appelle «à la reprise de ce travail». «Parce que nous n’avancerons pas, s’il n’y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse. C’est ridicule (…) J’ai bien entendu les mots du président Tebboune et je souhaite qu’il y ait maintenant un travail de fond qui soit réengagé au service des intérêts des uns et des autres, avec exigence, respect, engagement», explique-t-il, en rappelant le «droit des binationaux à la vie tranquille».
Toujours sur les accords de 1968, le chef de l'Etat français affirme qu’ils ne seront pas dénoncés de manière unilatérale. «Ça n’a aucun sens. Le problème, à mon avis, dont on parle est beaucoup plus les accords de 1994. Et nous avions lancé avec le président Tebboune un mouvement pour les moderniser.
Et on le fera en bon ordre. Et je pense que les choses se font bien quand elles se font avec exigence, avec engagement», enchaîne-t-il. Le chef de l’Etat français refuse, cependant, que ce travail fasse «l’objet de jeux politiques», en faisant allusion à l’offensive des acteurs de l’extrême droite qui appellent à la dénonciation des accords de 1968 et qui ne cessent de stigmatiser l’immigration algérienne.
Durant la semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait annoncé que son pays a imposé des restrictions d’entrée et de circulation sur le territoire français contre certains détenteurs de passeports diplomatiques.
Mercredi dernier, François Bayrou avait même fixé un ultimatum pour la révision des accords de 1968.
En réaction, les autorités algériennes ont été fermes et rejettent les menaces et les ultimatums. «L’Algérie rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces.
De la même manière, elle appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France», précise le ministre des Affaires étrangères, dans un communiqué rendu public, jeudi dernier.
La diplomatie algérienne souligne, dans la foulée, que «toute remise en cause de l'accord de 1968, qui a été au demeurant vidé de toute sa substance, sera suivie de la part de l'Algérie d’une même remise en cause des autres accords et protocoles de même nature, sans préjudice d’autres mesures que ses intérêts nationaux lui dicteraient d’adopter».