L’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme, dans son rapport mensuel du mois de mai, que la baisse actuelle des prix du pétrole ne reflète pas la réalité des fondamentaux et une crise d’approvisionnement imminente dans le sillage d’un fort rebond de la demande de la Chine, qui représentera 60% de la croissance mondiale en 2023.
«Le pessimisme actuel du marché contraste fortement avec les équilibres de marché plus serrés que nous anticipons au second semestre, lorsque la demande devrait éclipser l’offre de près de 2 mb/j», souligne l’AIE dans son rapport rendu public hier. «Alors que l’offre mondiale de pétrole devrait encore baisser ce mois-ci, avec l’entrée en vigueur des nouvelles réductions de l’OPEP+, les stocks mondiaux de pétrole pourraient à nouveau être sous pression (…). Des semaines de baisse des prix du pétrole, en raison des craintes d’une éventuelle récession, se heurtent aux perspectives d’une offre rare et d’une demande robuste plus tard dans l’année», annonce l’AIE.
L’Agence indique avoir révisé à la hausse «les prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2023 à 2,2 mb/j » dans son rapport, en raison du «rebond économique encore plus fort que prévu en Chine». Selon le document, le deuxième consommateur mondial de pétrole après les Etats-Unis représentera près de 60% de la croissance mondiale en 2023. «La demande record en Chine, en Inde et au Moyen-Orient en début d’année a plus que compensé la morosité de l’activité industrielle et de la consommation de pétrole dans l’OCDE. Cette dernière ne représente que 15% de la croissance cette année (...). Globalement, la demande mondiale de pétrole devrait atteindre en moyenne 102 mb/j en 2023, soit 1,3 mb/j de plus qu’en 2019.»
Du côté de l’offre, indique l’AIE, «les lourdes pertes de la région kurde du nord de l’Irak, à la suite de l’arrêt du pipeline d’exportation Irak-Turquie depuis la fin mars, les perturbations causées par les incendies de forêt au Canada, les protestations des travailleurs au Nigeria et les coupures liées à l’entretien au Brésil ont dominé l’actualité récente. Pourtant, jusqu’à présent, ces pannes n’ont ni provoqué une flambée des prix ni déclenché une baisse visible des stocks. Dans ce contexte, l’offre de pétrole russe a continué de résister. En avril, les exportations pétrolières russes ont atteint un sommet post-invasion de 8,3 mb/j.
Les recettes d’exportation de pétrole du pays ont augmenté de 1,7 milliard de dollars pour atteindre 15 milliards de dollars le mois dernier, mais étaient inférieures de 27% à celles d’il y a un an, tandis que les recettes fiscales de son secteur pétrolier et gazier ont diminué de 64% en glissement annuel», souligne l’Agence, dont les analyses reflètent les avis des pays consommateurs. La Russie semble avoir peu de problèmes à trouver des acheteurs volontaires pour ses produits bruts et pétroliers, indique encore l’AIE.