Les contrats à terme TTF- référence européenne- ont grimpé jusqu'à 49 en raison de nouveaux problèmes d'approvisionnement.
Les prix du gaz en Europe ont nettement augmenté cette semaine, soutenus par la baisse de la production en Norvège, en raison de la maintenance de plusieurs installations, ainsi que par la perspective de la fermeture du champ gazier de Gringe aux Pays-Bas, l’un des plus importants d’Europe.
La hausse des cours, qui intervient en dépit de stocks confortables, laisse à nouveau planer le spectre des perturbations d’approvisionnement, dans un contexte de grande dépendance des pays européens vis-à-vis des importations.
Les fluctuations de prix indiquent ainsi qu'il y a encore beaucoup d'incertitude sur les perspectives du marché du gaz en Europe. Les analystes de S&P Global Commodity Insights ont déclaré dans un rapport daté du 14 juin que la hausse des prix et le resserrement de l'équilibre du marché européen mettaient en évidence «la précarité persistante de la situation de l'offre européenne».
Les informations selon lesquelles les Pays-Bas devraient procéder à la fermeture de leur champ gazier de Gringue – la plus grande source d'approvisionnement domestique en Europe – ont déclenché le rallye des prix dès jeudi, tandis que les prévisions de temps plus chaud et de prolongation des pannes d'approvisionnement dans des champs clés en Norvège ont ajouté à la fébrilité du marché.
«Alors que les sites de stockage de gaz européens sont désormais remplis à plus de 70% et sont en bonne voie d'atteindre l'objectif de 90% de stockage d'ici début novembre, il s’avère que le stockage ne peut à lui seul répondre à la demande en hiver», souligne le Financial Times.
Les contrats à terme TTF – référence européenne – ont grimpé jusqu'à 49 euros en raison de nouveaux problèmes d'approvisionnement. Jeudi, le prix de référence du gaz européen a augmenté de 27% sur la journée pour atteindre 49,50 euros par mégawattheure, son plus haut niveau depuis début avril.
Début juin, le TTF était tombé au plus bas depuis deux ans à 23 euros/MwH. Les cours ont connu ainsi leur plus importante hausse en l’espace de 10 jours. «La volatilité accrue des prix observée cette semaine montre que les perturbations de l'offre peuvent encore avoir un impact important, même si l'évolution de cette semaine a probablement été amplifiée par des positions vendeuses, et que des incertitudes subsistent pour cet hiver comme la demande chinoise et les conditions météorologiques», a souligné UBS.
Sécurisation des importations
«Alors que les prix sont encore considérablement en baisse par rapport à leurs sommets de l'été dernier, lorsque la coupure de l'approvisionnement des pipelines russes a propulsé TTF à des sommets au-dessus de 340 euros/MwH, les commerçants ont déclaré que les acteurs du marché restaient nerveux», note le Financial Times.
Selon le média «les perturbations de l'approvisionnement ont ajouté aux craintes que les marchés européens du gaz soient encore en train de s'adapter à une nouvelle réalité, où la sécurisation des importations maritimes de gaz naturel liquéfié (GNL) est essentielle pour remplacer les approvisionnements par pipeline russes qui répondaient à 40% de la demande de l'UE avant la guerre en Ukraine».
Le journal rappelle qu’«avant le rebond du TTF ce mois-ci, le prix du GNL en Asie du Nord-Est avait brièvement dépassé le marché européen pour l'une des premières fois depuis le début de la crise de l'énergie, incitant les négociants à envoyer des cargaisons vers l'Est».
Mais avec la flambée des prix ces derniers jours, TTF a dépassé les marchés asiatiques du gaz, incitant à nouveau les négociants à envoyer du GNL en Europe. «Nous reverrons 'la concurrence pour le GNL' cette année et les années suivantes. Le lien entre les marchés européens et asiatiques du GNL et les prix sera généralement plus fort qu'avant la guerre en Ukraine, car l'Europe achète beaucoup plus de GNL maintenant», a déclaré un analyste.
En résumé la situation actuelle du marché gazier européen laisse planer quelques inquiétudes, cependant de moindre intensité par rapport à la même période.
Les éventuelles flambées de prix ne sont pas à écarter à moyen terme, car selon les analystes il est très difficile de prédire ce qui se passerait au cours des mois restants de l'année, la situation du marché et l’évolution des prix du gaz étant très dépendantes de facteurs géopolitiques et météorologiques à venir.