La réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), qui a regroupé hier les principaux ministres de l’OPEP+, dont le ministre de l’Energie Mohamed Arkab, n’a pas abordé, dans le communiqué final sanctionnant ses travaux, la chute vertigineuse des prix du pétrole survenue en fin de semaine suite à la nouvelle politique américaine de tarifs douaniers et du réajustement inattendu des quotas de huit de ses membres.
Cependant, selon un communiqué du ministère de l’Energie, en plus de l’évaluation du niveau de conformité à la production, les ministres ont «également échangé sur la situation actuelle du marché pétrolier international et ses perspectives à court et moyen terme».
Selon la même source, «les membres du JMMC suivent de près l’évolution du marché pétrolier mondial et restent pleinement mobilisés face aux développements en cours. Des consultations continues sont établies afin d’assurer une coordination optimale des actions conjointes au sein de l’OPEP+».
Dans ce contexte pétrolier fortement perturbé, les spéculations rapportées par la presse indiquent que l’OPEP+ mise, à travers sa récente sortie inappropriée, ayant affecté la courbe des prix, sur le plein respect des engagements de tous ses membres, notamment ceux dépassant depuis des mois leurs quotas. Les mises en garde n’ont pas été entendues et le non-respect de quotas peut conduire à une forte baisse des prix. Une approche, non confirmée officiellement, qui rappelle un épisode dramatique survenu en 1986, suite à la guerre des prix entre l’Arabie Saoudite et les pays producteurs non OPEP.
Réuni hier par visioconférence, le JMMC a axé ses discussions sur l’examen des données de production de pétrole brut pour les mois de janvier et février 2025, principal point de sa rencontre, en notant «la conformité globale des pays de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP participant à la Déclaration de coopération (DoC)», selon le communiqué rendu public hier sur le site internet de l’Organisation.
Le Comité a apprécié en outre, selon la même source, «les ajustements volontaires supplémentaires de la production effectués par les 8 pays de l’OPEP+, qui ont été annoncés en avril et novembre 2023 pour soutenir la stabilité du marché».
Le JMMC «a pris note des pays qui n’ont pas atteint la pleine conformité et la compensation, et réitéré l’importance cruciale de parvenir à la pleine conformité et à la compensation en plus de soumettre des plans de compensation anticipés mis à jour au secrétariat de l’OPEP avant le 15 avril», précise l’OPEP.

( Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, et ses cadres hier lors de la réunion du JMMC / photo: dr )
«Surveiller le respect des ajustements de production»
La réunion a également réaffirmé qu’il «continuerait de surveiller le respect des ajustements de production convenus lors de la 38e réunion ministérielle de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP (ONOMM) tenue le 5 décembre et les ajustements de production volontaires supplémentaires annoncés par certains pays participants de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP, comme convenu lors de la 52e réunion du JMMC tenue le 1er février 2024».
Le JMMC a déclaré, en outre, «conserver le pouvoir de convoquer des réunions supplémentaires ou de demander une réunion ministérielle OPEP et non OPEP, comme établi lors de la 38e réunion de l’ONOMM tenue le 5 décembre». La prochaine réunion du JMMC (60e) est prévue le 28 mai, note enfin le communiqué.
Huit pays membres de l’OPEP+, dont l’Algérie, avaient décidé le 3 avril d’ajuster leur production de pétrole avec une hausse de 411 000 barils par jour au cours du mois de mai au lieu de 135 000 bpj prévus initialement. Une accélération inattendue du plan visant à éliminer progressivement les réductions de production qui a entraîné une forte chute des prix du pétrole.
Les prix du brut Brent ont clôturé vendredi, en baisse de près de 8% à 65,58 dollars le baril, leur plus bas niveau depuis août 2021, sous la pression de la décision de l’OPEP+ et des craintes de guerre commerciale après l’annonce de tarifs douaniers radicaux du président américain, Donald Trump, cette semaine.
L’OPEP a cependant souligné que «les augmentations progressives pourront être suspendues ou inversées en fonction de l’évolution des conditions de marché». Cette flexibilité «permettra au groupe de continuer à soutenir la stabilité du marché pétrolier», précise l’Organisation.
Les huit pays de l’OPEP+ tiendront des réunions mensuelles pour examiner les conditions du marché, la conformité et les compensations. Ils se réuniront le 5 mai pour décider des niveaux de production de juin, souligne encore l’OPEP. Zhor Hadjam