Ressassant un discours qui n’est pas nouveau et qui s’inscrit dans une vision expansionniste de la monarchie marocaine, Benkirane se saisit d’une opportunité pour tenter de raviver des revendications expansionnistes, défendues dans les années 1950 par Allal El Fassi, du parti Istiqlal.
Nouvelle provocation des milieux marocains pro-Makhzen. L’ancien Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la justice et du développement (PJD), a tenu des propos provocateurs contre l’Algérie, affirmant que les régions du sud-ouest du pays «appartiendraient historiquement» au Maroc.
Dans une vidéo publiée sur la page officielle de son parti, le 11 janvier, Benkirane considère que le Touat, Tindouf et Béchar devaient être «rattachés au royaume chérifien après l’indépendance» de l’Algérie. Il a, également, souligné que le rattachement de ces régions avait fait l’objet d’un accord entre le Front de libération nationale (FLN) et le roi du Maroc à l’époque, Hassan II. «Cet accord n’a jamais été concrétisé. Le roi Hassan II aurait ensuite renoncé à ces territoires. Une concession qui n’a jamais été validée par le Parlement marocain», a-t-il ajouté.
Ressassant un discours qui n’est pas nouveau et qui s’inscrit dans une vision expansionniste de la monarchie marocaine, Benkirane se saisit là d’une opportunité pour tenter de raviver des revendications expansionnistes, défendues dans les années 1950 par Allal El Fassi, du parti Istiqlal.
Ces déclarations s’inscrivent, clairement, dans un contexte marqué par des attaques concentrées contre l’Algérie de la part de l’extrême droite française, et ce, dans le sillage de l’arrestation, en novembre dernier à Alger, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Celui-ci avait déclaré au média d’extrême droite Frontières que la partie ouest «faisait partie du Maroc», ce qui constitue une atteinte à l’intégrité du territoire national. Il s’agit là du principal grief reproché par la justice algérienne à l’auteur du Village de l’Allemand, dont la mise en examen a ouvert la voie à une profonde crise entre l’Algérie et la France. Pourtant, la question des frontières a été nettement délimitée par une convention signée à Rabat en 1972 et ratifiée par l’Algérie en 1973 puis par le Maroc en 1992.
Pourquoi alors de telles déclarations en ce moment précis ? Selon de nombreux observateurs politiques, la détérioration du climat socioéconomique au Maroc, l’exaspération des tensions internes et la difficulté de faire face aux critiques croissantes sur la normalisation de ses relations avec Israël – que Benkirane a approuvée et signée pour la partie marocaine – font que des milieux politiques marocains font en sorte de créer une diversion.
«Le Makhzen a un complexe d’occupation coloniale»
Le parti El Bina El Watani a réagi lundi aux propos de Benkirane, selon des médias algériens. Dans son discours, le patron du PJD a tenu «un langage irresponsable que même les milieux officiels makhzenites n’avaient pas osé dire publiquement auparavant, mais qu’ils avaient simplement chargé leurs porte-parole officieux de répéter, à savoir l’affirmation que certaines régions du Sud-Ouest algérien appartenaient au Royaume du Maroc», a écrit le parti de Bengrina dans un long communiqué posté sur Facebook.
«Par ses nouvelles déclarations, ce fonctionnaire excentrique confirme ce que nous avons toujours dit et cru : le Makhzen marocain a un complexe d’occupation coloniale expansionniste qui n’a d’équivalent (…)», a poursuivi El Bina. «Ses déclarations (celles de Benkirane) nous rappellent celles faites par certains symboles et dirigeants de ce parti durant le soi-disant Printemps arabe, appelant à la division du territoire algérien entre le Maroc et d’autres pays voisins, ce à quoi nous avons répondu à l’époque», fait savoir le parti de Bengrina.